Le scenario de Titanic
La traduction du script original TITANIC a été réalisé par
Jean Luc Pascanet du site :
http://gymnase.le-village.com/jlp71/titanic.htm
Distribution :
KATE WINSLET... Rose DeWitt Bukater
LEONARDO DICAPRIO... Jack Dawson
KATHY BATES... L’Insubmersible Molly Brown
BILLY ZANE... Caledon Hockley
BILL PAXTON... Brock Lovett
Personnages :
Jack Dawson : Natif des Amériques, il y retourne dans le cadre du voyage permanent qu’est sa vie, il dessine pour vivre et n’a pour autre but que de rester libre afin de profiter de son existence.
Rose DeWitt Bukater, alias Rose Dawson, alias Rose Calvert : Jeune fille de bonne famille, son mariage contraint avec Caledon Hockley contribuerait à redonner à sa famille la richesse passée.
Caledon Hockley : Fiancé à Rose, il doit se marier avec elle en Amérique. Issu d’une famille très riche, il place l’argent et cherche à spéculer avant toute chose.
Lovejoy : Majordome fidèle d’Hockley, il est le sosie mental d’Hockley.
Ruth : Mère de Rose, elle paraît n’éprouver aucun sentiment, si ce n’est pour elle-même. Elle espère conserver son niveau de vie par le mariage de sa fille.
Margarett Brown, surnommée Molly : Nouvelle riche par le biais de la découverte d’une mine d’or par son mari, elle essaye de s’intégrer dans la classe de la haute bourgeoisie tout en passant outre la convention de cette société.
La comtesse de Rothes : Personne de la haute société, elle fréquente la mère de Rose dans les salons de thé.
Smith : Commandant du TITANIC.
Thomas Andrews : Architecte du TITANIC.
Bruce Ismay : Directeur de la White Star Line.
Fabrizio et Tommy : Amis de Jack.
Lovett : Chef de l’équipe de recherche sur l’épave du TITANIC.
Bobby et Lewis : Assistants de Lovett.
Truddy : Femme de chambre de Rose.
Lizie : Petite-fille de Rose.
Murdoch : Commandant en second du TITANIC.
Lightoller : Premier lieutenant
Wilde : Officier supérieur
Script :
Deux lumières faibles descendent de la surface du monde. Elles viennent de deux sous-marins. Ils descendent dans les profondeurs de l’océan comme des ascenseurs express, ils ressemblent à des vaisseaux spatiaux. Bientôt ils ne sont plus que lucioles, puis étoiles.
2 EXT. / INT. MIR ONE / ATLANTIQUE NORD
Un des submersibles s’appelle MIR ONE. À l’intérieur, c’est une sphère étroite de 7 pieds, entassée de matériel. ANATOLY MIKAILAVICH, le pilote du sous-marin est assis, voûté sur ses commandes... il chante en russe doucement. À côté de lui se trouve BROCK LOVETT, Il a une quarantaine d’années, il est très bronzé, et porte son costume Nomex ouvert pour montrer l’or des naufrages célèbres qu’il a récupéré. C’est un chasseur de trésor, une vedette du sauvetage, un pro en la matière. Maintenant, il est calé contre une bouteille de CO² et s’est endormi. De l’autre côté, s’est installé, dans l’espace restant, un homme barbu et trapu nommé LEWIS BODINE, il est aussi endormi. Lewis est le pilote du ROV (REMOTELY OPERATED VEHICLE). Anatoly jette un coup d’œil au sonar inférieur et fait un ajustement de lest.
3 EXT. LE FOND DE LA MER
Un paysage lunaire pâle. Il s’éclaire car les lumières de MIR One arrivent sur le fond marin dans le tourbillon d’air de ses propulseurs. Il frappe le fond, après sa chute libre de deux heures.
4 INT. MIR ONE
Lovett et Bodine se réveillent à ces secousses.
ANATOLY
(accent russe)
Nous y sommes.
EXT. / INT. MIR ONE 5 MINUTES PLUS TARD :
Bodine regarde l’écran du sonar où le contour d’un objet pointu énorme est visible. Anatoly (couché sur le ventre) pilote le sous-marin, le visage appuyé au hublot central.
BODINE
Un petit peu à gauche. Il est juste devant nous, dix-huit mètres. Quinze. Treize... vous devriez le voir.
ANATOLY
Vous le voyez ? Je ne le vois pas... !
Sortant de l’obscurité, comme une apparition spectrale, le bastingage du bateau apparaît. Sa proue vient à nous. Il domine au-dessus du fond marin et est debout comme il s’est échoué il y a 84 années. LE TITANIC. Mir One monte vers le bastingage intact à l’exception d’un développement excessif de rouilles. Sur un écran vidéo, le visage de Brock Lovett remplit le cadre noir et blanc.
LOVETT
A chaque fois je me fais avoir.
L’image nous montre la proue visible dans les lumières du MIR. Anatoly se tourne.
ANATOLY
C’est juste un sentiment de culpabilité.
Brock prend la caméra, il la retourne et la pointe sur son propre visage.
LOVETT
Merci, Tolya.
Brock reprend son regard sérieux, méditatif, avec une caméra braquée sur lui-même.
LOVETT
A chaque fois je me fais avoir. Voir la triste épave de ce grand bateau, à l’endroit où il s’est échoué à 2 : 30, le 15 avril 1912, après sa longue chute depuis la surface du monde.
Anatoly roule des yeux et marmonne en russe. Bodine rit tout bas et montre le sonar.
BODINE
Qu’est-ce que vous pouvez dire comme conneries, chef !
7
Mir Two descend vers l’arrière sur le côté tribord, il passe devant l’énorme ancre pendant que Mir One passe apparemment au-dessus du pont du gaillard avant, avec les chaînes massives de l’ancre encore dehors en deux lignes nettes, son treuil de bronze luit. Les 22 pieds de long des Mirs sont comme des insectes blancs à côté de l’énorme épave.
LOVETT (Voix.Off)
Plongez neuf. Nous revoilà sur le pont du Titanic... à deux milles et demi de la surface. La pression est d’une tonne par cm² Ces hublots ont 23 cm d’épaisseur, s’ils cassent, c’est sayonara en deux millièmes de secondes.
8
Mir Two se pose sur le pont du bateau, à côté des ruines du Quartier des officiers. Mir One se pose sur le toit du pont.
LOVETT
Bien. Au boulot
Bodine glisse une paire de lunettes 3-D électroniques, et attrape les contrôles du ROV.
9 À L’EXTÉRIEUR DU SOUS-MARIN
C'est un petit robot orange et noir appelé Snoop dog, il descend de son berceau et semble voler en avant.
BODINE (V.O)
SNOOP est parti.
Snoop dog s’éloigne du sous-marin et traîne derrière lui son cordon ombilical, c’est comme un robot Yo-Yo. Ses appareils vidéo pivotent comme les yeux d’un insecte. SNOOP descend à travers une ouverture qui le mène vers le Grand Escalier de la première classe. Il descend plusieurs ponts, il se déplace latéralement dans la salle de réception de la première classe.
LA VIDÉO DE SNOOP DOG
Il se déplace à travers un intérieur caverneux. Les restes de la boiserie d’une porte à l’encadrement orné nous dévoilent l’élégance du bateau à travers les projecteurs. La dissolution lente et la formation de stalactites ont fait qu’avec le temps il ressemble à une grotte naturelle. Les lignes d’un château sous-marin spectral peuvent encore être vues.
SNOOP passe en revue les images spectrales de l’opulence du Titanic.
10 Un piano à queue s’est écrasé, étonnamment du bon côté, contre un mur. Les touchent noires et blanches luisent dans les lumières.
11 Un lustre pend encore du plafond par son fil... il brille par les mouvements de Snoop autour.
12 Ses lumières balayent le sol révélant une bouteille du champagne, quelques porcelaines de la White Star Line... la chaussure d’une femme. Alors, quelque chose de surnaturel, ce qu’on prend pour le crâne d’un enfant, se révèle être une tête de poupée en porcelaine. Snoop dog entre dans un couloir qui est beaucoup mieux conservé. Ici et là une porte s’accroche encore à ses charnières rouillées. Une moulure, un bougeoir sur le mur... fait allusion à la grandeur du passé.
13 SNOOP tourne et traverse une ouverture sombre, et entre dans la pièce B-52, le salon d’une suite, une des cabines privées les plus luxueuses du Titanic.
BODINE
Je suis dans le salon. Je me dirige vers la chambre B-54.
LOVETT
Reste sur le sol. Ne le bouge pas, comme tu le faisais hier
BODINE
J’essaye chef.
Dans la lumière, brillent les pièces en marbre de la cheminée parfaitement conservée. Un crabe albinos se déplace sur elles. Tout près, les restes d’un divan et d’un secrétaire. Snoop traverse les ruines d’une pièce autrefois élégante vers une autre porte. Il passe à travers le chambranle et racle la rouille et des morceaux de bois qui se détachent sur les deux côtés. Il dégage un nuage de rouille en passant
BODINE
On est entré, ça y est ma poule, on est entré
Les restes d’un lit à baldaquin, des chaises cassées, un habilleur. À travers le mur écroulé de la salle de bains, la commode des porcelaines et une baignoire presque comme neuve, luisent dans le noir.
LOVETT
Attends, attends une petite seconde, regarde sur la droite. La porte de la garde-robe, approche-toi.
SNOOP déploie ses bras mécaniques et commence à remuer les débris et a les poser sur le côté. Une lampe est soulevée ainsi que des céramiques de couleurs aussi clair qu’elles l’étaient en 1912
LOVETT
C’est facile, Lewis. Prends-la lentement.
Lewis saisit une porte de l’armoire et la pose dans un coin, Il avance dans un nuage de limon répugnant. Sous elle il y a un objet sombre. Le limon se clarifie et les caméras de Snoop leurs montrent ce qui était sous la porte...
BODINE
Ooohh daddy, vous voyez ce que je vois ?
LOVETT regarde son moniteur. A voir son expression, c’est comme s’il avait trouvé le Graal
LOVETT
Oh ! Baby baby baby
(attrape le microphone)
C’est jour de paie, les gars.
Sur l’écran, l’objet de leur quête, un petit coffre fort
14 EXT. PONT DU KEDYSH - JOUR
Le coffre-fort est hissé sur le pont du bateau par le câble d’un treuil, dans le soleil de l’après-midi. Nous sommes sur le vaisseau de recherche russe AKADEMIK MISTISLAV KELDYSH. Une foule est assemblée, incluant la plupart des hommes de l’équipage du KELDYSH et les membres de l’équipe de Lovett. Il y a aussi une équipe de documentaire vidéo embauchée par Lovett pour couvrir son moment de gloire. Tout le monde est entassé autour du coffre-fort.
BODINE
Qui est le meilleur, qui est le meilleur chef ? Dites-le, dites-le, dites-le !
LOVETT
C’est toi, Lewis.
(à l’équipe vidéo)
Vous tournez ?
LE CAMERAMAN
Ça tourne.
Brock fait un signe de la tête à ses techniciens, et ils se mettent à forer les charnières du coffre-fort.
LOVETT
Bien, c’est maintenant le moment de vérité. Ici et où nous nous trouvons, si le temps, la sueur, l’argent dépensé pour affréter ce bateau et ces sous-marins pour venir ici au milieu de l’Atlantique Nord... Si ce que nous pensons est ici même... dans ce coffre-fort... ce sera...
Lovett sourit toujours de sa plus grande découverte. La porte est dégagée. Elle retentit sur le pont. Lovett regarde l’intérieur mouillé du coffre-fort. Un long moment, alors... son visage dit tout.
LOVETT
Merde... y a pas de diamant
BODINE
Vous savez chef, il est arrivé la même aventure à Géraldo, et sa carrière a été brisée.
LOVETT
(au cameraman)
Coupez la caméra
15 INT. LE LABORATOIRE - JOUR
Les techniciens retirent des papiers du coffre-fort avec soin et les placent dans un plateau d’eau pour les séparer sans risque. Les objets proches de la cabine privée sont lavés et sont conservés. Buell est au téléphone satellite avec les financiers de l’opération. Il couvre le téléphone et parle à Lovett.
BUELL
Brooke ! Les associés aimeraient savoir comment ça se passe !
LOVETT
Dave, Barry, salut. Ecoutez, il n'était pas dans le coffre. Mais ne vous inquiétiez pas, il y a encore beaucoup d’autres endroits où il pourrait être. Mais oui, les débris sur le sol de la suite dans la chambre de la mère, le coffre du commissaire sur le pont C, une douzaine d’autres endroits. Ecoutez, il faut vous fier à mon instinct, je sais qu’on approche. On a plus qu’à procéder par élimination.
(il voit quelque chose)
Attendez une seconde.
Un technicien nettoie des papiers dans un plateau, dans l’eau peu à peu le dessin d’une femme apparaît. Brock regarde le dessin qui est en excellant état, seul ses bords ont été désagrégés partiellement. La femme est belle, et admirablement bien rendue. Elle à une vingtaine d ’années, elle est nue. Elle pose sur un divan de style empire, dans une mer de lumière qui paraît rayonner à l’extérieur de ses yeux. Griffonné dans le coin inférieur la date : 14 avril 1912. Et les initiales JD.
La fille n’est pas entièrement nue. À son cou un collier avec une grande pierre qui pend au centre. Lovett attrape une photo de référence sur la table du laboratoire. C’est une photo en noir et blanc d’un collier sur un jeté de velours noir. Il la tient à côté du dessin. C’est le même, un cadre complexe avec une pierre centrale massive en forme de cœur.
LOVETT
C’est pas croyable !
LE PRÉSENTATEUR DE CNN
Le chasseur de trésor Brock Lovett est bien connu pour ces découvertes dans les galions échoués dans les Caraïbes. Maintenant il utilise la technologie de la submersion profonde pour travailler à deux miles et demi de profondeur sur un autre accident célèbre... le Titanic. Il est avec nous en live par satellite d’un bateau de recherche Russe au milieu de l’Atlantique... bonjour Brock
LOVETT
Oui, salut, Tracy. Vous savez, le Titanic n’est pas juste une épave, le Titanic c’est l’épave. C’est le mont Everest des naufrages.
17 INT. LA MAISON DE ROSE
A la télévision l’écran est allumé sur CNN dans la salle de séjour d’une petite maison rustique. C’est plein de céramiques, figurines, art folklorique, les murs sont entassés de dessins et de tableaux... des choses, qui ont été rassemblés sur une vie.
Dehors c’est un matin tranquille. Dans le studio, dans un encombrement incroyable, une femme âgée travaille un pot sur la roue d’un potier. L’argile rouge liquide couvre ses mains... des mains noueuses et tachetées, mais encore étonnamment fortes et souples. Une femme, de quarante ans, l’aide.
LOVETT (V.O.)
J’ai organisé cette expédition, et nous sommes ici pour retrouver des choses étonnantes... choses qui auront une valeur historique et pédagogique énorme.
LE JOURNALISTE CNN (V.O.)
Mais ce n’est pas un secret que l’éducation n’est pas votre but principal. Vous êtes un chasseur de trésor. Donc quel est le trésor que vous recherchez ?
Le nom de la femme âgée est ROSE CALVERT. Son visage est ridé, son corps voûté sous le poids des années. Mais ses yeux sont aussi clairs et vivants que ceux d’une jeune fille. Rose se lève et marche dans la salle de séjour et essuie l’argile de la poterie de ses mains avec un chiffon. Un chien de Poméranie se lève et vient avec elle. La plus jeune femme, LIZZY CALVERT, se lève pour l’aider.
ROSE AGEE
Monte le son, ma chérie
LE JOURNALISTE (V.O.)
Votre expédition est au centre d’une tempête de controverse sur les droits de sauvetage et de l’éthique. Beaucoup vous prennent pour un voleur.
LOVETT
Personne n’a traité de voleur les archéologues qui ont découvert les tombes des pharaons. J’ai des experts des musées ici et je vous assure que les objets trouvés sont conservés et catalogués correctement. Regardez ce dessin qui a été trouvé aujourd’hui...
L’image nous montre le dessin, dans un plateau d’eau. L’image de la femme avec le collier apparaît à l’écran
LOVETT
Ce morceau de papier est rester sous l’eau pendant 84 années... et mon équipe est capable de le conserver intact. Est-ce qu’il aurait dû rester au fond de l’océan pour l’éternité quand nous pouvons le voir et l’admirer maintenant... ?
Rose est galvanisée par cette image. Sa bouche reste ouverte par l'étonnement.
ROSE
C’est pas croyable !
18 EXT.PONT DU KELDYSH - NUIT
Le sous-marin Mir One est lancé. Mir Deux est déjà dans l’eau, et Lovett se tient prêt pour grimper dans Mir One quand Bobby Buell court jusqu’à lui.
BUELL
Il y a un appel par satellite pour toi
LOVETT
Bobby, tu vois ces submersibles qui entrent dans l’eau ! Prend un message.
BUELL
Crois-moi, mon vieux, tu seras heureux de prendre ce coup de fil !
19 INT. LABORATOIRE / KELDYSH - NUIT
Buell donne le téléphone à Lovett et abaisse la ligne clignotante. L’appel est de Rose. Elle est dans sa cuisine avec une Lizzy stupéfaite.
LOVETT
Ici Brock Lovett. Qu’est-ce que je peux faire pour vous, Madame... ?
BUELL
Calvert Rose.
LOVETT
... Mme Calvert.
ROSE AGEE
Je me demandais juste si vous aviez trouvé le Cœur de l’Océan, M. Lovett.
Brock en laisse tomber le téléphone. Bobby voit son expression choquée...
BUELL
Je t’avais dit que tu serais heureux de répondre
LOVETT
(à Rose)
Bien. Vous avez toute mon attention Rose. Est-ce que vous pouvez me dire qui est la femme sur le dessin ?
ROSE AGEE
Oh ! Oui. La femme sur le dessin, c’est moi.
20 EXT. L’OCÉAN - JOUR
Un hélicoptère tonne en travers l’océan. Il n’y a aucune terre à l’horizon. Le Keldysh est visible à distance de l’hélicoptère monstre, Rose est à l’intérieur et regarde dehors tranquillement.
21 EXT. KELDYSH - JOUR
Brock et Bodine regardent Mir Two, sur le côté, qui commence à descendre
BODINE
Mais c’est une putain de menteuse, une folle dingue à la recherche d’argent ou de pub ! Dieu seul sait pourquoi ! Comme cette petite russe, tu sais, Anastasia !
BUELL
Ils arrivent
Brock fait un signe de tête et tous les trois se dirigent au point d’atterrissage de l’hélicoptère.
BODINE
Rose DeWitt Bukater est morte à bord du TITANIC à l’âge de 17 ans, pas vrai ? Si elle avait survécu, elle aurait plus de cent ans maintenant !
LOVETT
Cent un, le mois prochain.
BODINE
D’accord ! Alors c’est une putain de très vieille menteuse ! Ecoute, j’ai déjà tous les renseignements sur le passé de cette femme depuis les années 20. Quand elle travaillait comme actrice..., une actrice à L.A .Elle s’appelait Rose Dawson à cette époque. Et ensuite elle a épousé un dénommé Calvert. Ils sont allés vivre avec Sedar Rapids et elle lui a donné deux petits héritiers ! Maintenant Calvert est mort, et d’après ce qu’on dit Sedar Rapids aussi est mort !
L’Etalon de la Mer approche du bateau, cela force Brock à hurler sous les rotors.
LOVETT
Mais tous les gens qui savent quelque chose au sujet du diamant sont supposés être morts... ou sur ce bateau. Mais elle, elle est au courant. Et je veux entendre ce qu’elle à dire.
22 EXT. KELDYSH HELIPAD
Dans un bruit énorme, les roues de l’hélicoptère rebondissent sur l’héliport.
Lovett, Buell et Bodine regardent les mains d’un homme d’équipage de l’hélicoptère chargé d'approximativement dix valises, Rose est descendue sur le pont, dans un fauteuil roulant, par l’équipage du Keldysh. Lizzy la suit dehors en portant FREDDY le Loulou de Poméranie. Brook reste perplexe devant un bocal avec plusieurs poissons rouges.
L’image apparaît incongrue, cette petite vieille qui semble incroyablement fragile parmi toute la technologie de pointe du bateau.
BODINE
On peut pas dire qu’elle voyage léger celle-là !
23 INT. La CABINE PRIVÉE DE ROSE / KELDYSH - JOUR
Lizzy déballe les affaires de Rose dans la petite pièce. Rose place plusieurs photos sur le bureau, les range à côté du bocal de poissons avec soin. Brock et Bodine sont à la porte.
LOVETT
Est-ce que votre cabine vous plaît ?
ROSE AGEE
Oui. Très agréable. Est-ce que vous avez rencontré ma petite-fille, Lizzy ? Elle prend soin de moi.
LIZZY
Oui. Nous nous sommes rencontrés il y a juste quelques minutes, grand-mère. Souvenez-vous, en haut, sur le pont ?
ROSE AGEE
Oh ! Oui.
Brock jette un coup d’œil à Bodine... qui roule des yeux. Rose finit d'arranger ses photographies. Nous obtenons une vision générale d’elles : Les clichés habituels... ses enfants et petit-fils, son mari.
ROSE AGEE
Là, c’est agréable. Je dois avoir mes photos quand je voyage. Et Freddy bien sûr.
(au Loulou de Poméranie)
N’est-ce pas, chéri.
LOVETT
Il y a quelque chose qui vous ferait plaisir, voulez-vous quelque chose ?
ROSE
J’aimerais bien voir mon dessin.
24 INT. LE LABORATOIRE
Rose regarde le dessin dans son plateau d’eau. Jusqu’à ce qu’ils trouvent la meilleure façon de le conserver, ils doivent le garder immergé. Il balance et ondule, presque comme s’il était vivant. Les yeux âgés de Rose, regardent fixement le dessin.
25 FLASHBACK
La main d’un homme, qui tient un crayon et crée une épaule et la forme de ses cheveux avec deux lignes effectuées habilement.
26 le visage de la femme sur le dessin danse sous l’eau.
27 Des yeux d’homme sont seulement visibles au-dessus d’un bloc à dessin. Des yeux doux, mais intrépidement direct.
28 Rose souri, elle se souvient, Brock tient la photo de référence du collier.
LOVETT
Louis XVI a porté une pierre fabuleuse, appelé le Diamant Bleu de la Couronne, il a disparu en 1792 au temps ou Louis a perdu sa tête. La théorie veut que le diamant de la couronne ait été défait aussi... recoupez en forme de cœur, il est devenu Le Cœur de la Mer. Le Cœur de l’Océan. Aujourd’hui il vaudrait plus que le Diamant Hope
ROSE AGEE
C’était une chose épouvantablement lourde.
(elle pointe le dessin)
Je l’ai porté seulement cette fois ci.
LIZZY
Tu crois vraiment que c’est toi, mamie ?
ROSE AGEE
Oui, c’est moi, chérie. N’étais-je pas à croquer ?
LOVETT
J’ai trouvé sa trace dans des archives d’assurances. Une demande d’indemnité qui a été réglée dans des conditions de secrets absolus. Pouvez-vous me dire qui était le demandeur, Rose ?
ROSE AGEE
Eh ! bien j’imagine que c’était un dénommé Hockley
LOVETT
Nathan Hockley, c’est exact. Un maniât de l’acier de Pittsburgh. L’indemnité était pour un collier de diamants que son fils Caledon avait acheté pour sa fiancée : Vous, une semaine avant d’embarquer sur le TITANIC. Déclaré perdu juste après le naufrage. Donc le diamant avait du couler avec le paquebot.
(à Lizzy)
Vous voyez la date ?
LIZZY
14 avril 1912.
LOVETT
Ce qui signifie que si votre grand-mère est celle qu’elle prétend être, elle portait ce diamant le jour où le TITANIC a coulé
(à Rose)
Ce qui fait de vous ma nouvelle meilleure amie. Je vous dédommagerai de ce que vous pourrez nous dire et qui nous mènerai à sa récupération
ROSE AGEE
Je ne veux pas de votre argent, M. Lovett.
BODINE
(sceptique)
Est-ce que vous ne voulez rien ?
ROSE AGEE
(indique le dessin)
Vous pouvez me donner ceci, si ce que je vous raconte à de la valeur pour vous.
LOVETT
Un deal.
(il traverse la pièce)
Se sont les choses que nous avons retrouvées dans vos cabines privées.
Mis sur une table de travail une cinquantaine d’objets, mondains à précieux. Rose, dans sa chaise, peut voir le sommet de la table, d'une main tremblante elle soulève un miroir fait d'écaille de tortue, et incrusté dans la nacre. Elle le caresse pensivement.
ROSE AGEE
C’était le mien. Comme c’est extraordinaire ! Il est dans le même état que la dernière fois que je l’ai vu.
Elle se regarde dans le miroir.
ROSE AGEE
Le reflet a changé légèrement
Elle regarde quelque chose d’autre, une broche en argent et pierre de lune.
ROSE AGEE
La broche de ma mère. Elle voulait retourner à sa cabine pour lui. Ca a causé une vraie agitation.
Rose prend un peigne de cheveux orné. Un papillon de jade prend son vol sur le manche de l’ébène du peigne. Elle le fait tourner lentement et se souvient. Nous pouvons voir que Rose éprouve une nuées d’images et d'émotions, qui se sont trouvées assoupi pendant 84 ans, lui reviennent quand elle manie le peigne au papillon.
LOVETT
Etes-vous prête pour retourner sur le Titanic ?
29 INT. CABINE VIDEO / KELDYSH
C’est une pièce sombre remplie de moniteurs de télévision. Les images du naufrage remplissent les écrans, nourris de Mir One et Two, et des deux robots, SNOOP DOG et DUNCAN.
BODINE
En direct live de 12,000 pieds.
Rose regarde rapidement les écrans. Elle est captivée par un écran en particulier, une image de la proue du navire. Brock étudie ses réactions avec soin.
BODINE
La proue a frappé le fond comme une hache. Ici... Je peux démarrer une simulation sur ce moniteur
Lizzy fait tourner le fauteuil de Rose qui peut voir l’écran de l’ordinateur de Bodine. Il continue à parler.
BODINE
Nous avons réuni la plus grande base de données du monde sur le Titanic.
LOVETT
Rose ne veut pas voir ça, Lewis.
ROSE AGEE
Non, non. Ca va bien. Je suis curieuse.
Bodine démarre une animation graphique sur l’ordinateur.
BODINE
Il frappe l’iceberg à tribord... en frappant à coups de poing comme un code en morse... dit du dit du dit, en bas sur le côté. Maintenant l'eau inonde les compartiments avancés... et se répand par-dessus les cloisons étanches. Comme sa proue descend, sa poupe monte... lentement dans un premier temps... et puis plus vite jusqu’à ce qu’il soulève tout ce poids, peut-être 20 ou 30 mille tonnes... hors de l’eau et la coque ne peut pas résister... donc SKRTTT !
(fait un son en même temps que l’animation)
... il se fend ! Jusqu’à la quille, et la poupe, elle, retombe en flottaison. Puis la proue coule, ce qui tire la poupe à la verticale, et finalement, se détache. Là, la partie poupe se met à flotter comme un bouchon pendant 2 minutes, se remplit d’eau et sombre à 2h20 du matin, 2h 40min après la collision. La proue, elle, se met à dériver, et va se poser 800 mètres plus loin, faisant du 20, 30 nœuds lorsqu’elle touche le fond de l’océan.
L’animation suit la section de la proue qui coule. Rose regarde cette dissection clinique de la catastrophe sans émotion.
BODINE
Plutôt cool, hein ! ?
ROSE AGEE
Merci pour cette brillante analyse médico-légale, monsieur Bodine. Bien entendu, l’expérience que j’ai vécue était quelque peu différente.
LOVETT
Est-ce que vous la partagerez avec nous ?
Ses yeux reviennent sur les écrans des tristes ruines en dessous d’eux
Une vue d’un des ROV qui passe lentement sur le pont du bateau. Rose reconnaît un des bossoirs Wellin, encore en place. Elle entend la musique d’une valse spectrale. L’évanouissement et la répétition du son de la voix d’un officier qui appelle "les Femmes et les enfants seulement "
30 Des visages criards dans une foule courante. Tohu-bohu et terreur. Des gens pleurent, prient, s’agenouillent sur le pont. Seulement des impressions... des éclats dans le noir.
31 Rose regarde sur un autre moniteur. Snoop dog qui descend un couloir rouillé rempli de débris. Rose voit la ligne sans fin de portes qui glissent des bouches sombres du passé.
32 L'image d'un enfant de trois ans, debout les chevilles dans l’eau au milieu d’un couloir sans fin. Il est perdu seul et pleure.
33 Rose est secouée par les émotions des souvenirs qui lui reviennent en mémoire. Les yeux levés, elle pose sa tête et sanglote tranquillement.
LIZZY
(prend le fauteuil roulant) Je l’emmène pour se reposer.
ROSE AGEE
Non !
Sa voix est étonnamment forte. La petite vieille dame s’en est allée, remplacé par une femme avec yeux d’acier. Lovett signale à tout le monde de rester tranquille.
LOVETT
Dites-nous, Rose.
Elle regarde l’écran, les images du bateau échoué
ROSE AGEE
Ca s’est passé il y a 84 ans...
LOVETT
On sait, essayez juste de vous rappeler quelque chose, n’importe quoi !
ROSE AGEE
(lève sa main pour avoir le silence)
Ca s’est passé il y a 84 ans...... et je peux encore sentir la peinture fraîche. La porcelaine n’avait jamais été utilisée. Personne n’avait jamais dormis dans les draps
Il allume son mini enregistreur.
ROSE AGEE
Le Titanic était appelé le Bateau de Rêve. Et il l’était. Il l’était vraiment...
34 EXT.LES DOCKS DE SOUTHAMPTON - JOUR
Luisant dans le soleil la superstructure blanche du Titanic domine au-delà du ciel comme les piliers d’un grand temple. L’équipage se déplace en travers le pont. Southanmpton, Angleterre, le 10 avril 1912. Une foule de centaine de personnes noircit la jetée à côté du Titanic, serrez comme des fourmis sur un sandwich. Une RENAULT, couleur Bordeaux magnifique, se balance et pend d’une grue de chargement. Elle est baissée vers la soute #2.
Les automobiles et camions se déplacent lentement à travers la cohue. L’atmosphère est une sorte d’excitation et d’étourdissement général. Les gens s’embrassent dans des adieux larmoyants ou la vague et les cries de bons voyagent des vœux aux amis et aux parents sur les ponts au-dessus.
Une Renault blanche progresse à travers la foule. Autour des bel gens, des voitures abordent le bateau ruisselant, il y a des bousculades entre les marins , les chauffeurs et les concierges de la White Star Line.
La Renault s’arrête et le conducteur en livrée se précipite pour ouvrir la porte à une Jeune femme vêtue d’une tenue pourpre et blanche étourdissante, avec un chapeau garni de plumes énormes. Elle a 17 ans, elle est belle, un port royale, et des yeux perçants. C’est la fille du dessin. ROSE. Elle regarde le bateau.
ROSE
Je ne vois pas pourquoi tout ce tapage, il n’a pas l’air plus grand que le Mauretania.
Un valet de chambre personnel ouvre la porte sur l’autre côté de la voiture pour CALEDON HOCKLEY, 30 ans, héritier de la richesse des Hockley. Cal est beau, arrogant et riche.
CAL
Vous pouvez être blasée par bien des choses, Rose, mais pas par le Titanic. Il est plus grand de cent pieds que le Mauretania, et plus luxueux. Il a un café parisien... et même des bains turcs.
Cal se tourne et offre sa main à la mère de Rose, RUTH DEWITT BUKATER qui descend de la voiture de tourisme. Ruth est une impératrice de la société, une des familles de Philadelphie les plus en vue. Elle est veuve, et dirige sa maison d’une volonté de fer.
CAL
Votre fille est beaucoup trop dur à impressionner, Ruth.
(indique une flaque d’eau)
Faites attention à votre pied.
RUTH
(regarde fixement le monstre)
Voilà donc le bateau que l’on dit insubmersible.
CAL
Il est insubmersible. Dieu lui-même ne pourrait pas couler ce bateau.
Cal parle avec la fierté d’un hôte qui fournit une expérience spéciale.
Le valet de chambre de Cal, SPICER LOVEJOY, est grand et impassible, austère comme un entrepreneur des pompes funèbres. Derrière lui les deux domestiques personnels de Ruth et Rose, arrivent
Un employé de la White Star Line se précipite vers eux, harcelés par les chargements de dernière minute.
L’EMPLOYE
Monsieur vous devez enregistrer vos bagages au comptoir principal. C’est par ici, monsieur
Cal nonchalamment met dans les mains l’homme un billet de 5 livres. Les yeux de l’employé se dilatent. Cinq livres étaient un pourboire monstre en ces jours.
CAL
Je mets ma foi en vous, mon bon Monsieur.
(sèchement, indique Lovejoy)
Voyez avec mon valet
L’EMPLOYE
Oui, Monsieur. Avec plaisir, Monsieur.
Cal ne se fatigue jamais de l’effet de l’argent sur les masses pauvres
LOVEJOY
(au concierge)
Toutes les malles de la voiture qui est là. Les douze bagages qui sont ici, et le coffre dans le petit salon de la suite B 52, 54 et 56.
L’employé de la WSL est frappé quand il voit le tas énorme de valises qui sont en bas la deuxième voiture, incluant caisses en bois et un coffre-fort en acier. Il siffle pour que quelques porteurs proches vienne à son secours.
Cal vérifie a montre de poche rapidement.
CAL
Mesdames, il faut y aller. Venez.
Il indique le chemin vers le passage de la première classe. Ils se déplacent dans la foule. TRUDY BOLT, la bonne de Rose, est chargée des sacs de sa maîtresse, des achats récents pour la plupart... des choses trop délicates pour les manipulateurs de bagages.
Cal les dirige et passe entre les véhicules et les charrettes à bras, les passagers (principalement deuxième classe et entrepont) et les sympathisants. La plupart des passagers de la première classe évitent la cohue malodorante de la foule du dockside en utilisant un pont, élevé vingt pieds au-dessus
Ils passent une ligne de passagers de l’entrepont dans leur laine de tweeds, ils font la queue à l’intérieur de barrières mobiles comme du bétail dans un enclos. Un officier médical examine leurs têtes pour vérifier le cuir chevelu et les cils, à cause des poux.
Ils passent devant un jeune homme qui tourne la manivelle d’une caméra en bois monté sur un trépied. DANIEL MARVIN (dont le père a fondé le Biograph Studio Cinématographique) filme sa jeune femme MARY MARVIN devant le Titanic.
DANIEL
Regardez le bateau, chérie. Vous êtes étonnée ! Vous ne pouvez pas imaginer comme il est grand ! Comme une montagne ! C’est grand.
Cal est bousculé par deux garçons de l’entrepont, hurlant, qui passent devant lui. Il est encore heurté une seconde plus tard par le père des garçons.
CAL
Du calme ! !
L’HOMME
Désolé châtelain !
CAL
Ce cochon de l’entrepont a apparemment manqué son bain annuel.
RUTH
Honnêtement, Cal, si vous ne réserviez pas tout au dernier instant, nous aurions pu traverser tranquillement au lieu de courir le long du dock comme quelque famille d’immigrée misérable.
CAL
Cela fait partie de mon charme, Ruth. De toute façon, c’est les rituels de beauté de ma fiancée qui nous ont mis en retard.
ROSE
Vous m’avez dit de me changer.
CAL
Je ne pourrais pas vous laisser porter du noir en naviguant le jour, chérie. Cela porte-malheur.
ROSE
Je me sentais bien en noir.
Cal les guide hors de la trajectoire d’une charrette tirée par un cheval, chargée de deux tonnes de marmelade d’Oxford dans des caisses en bois, pour le Département ravitaillement du Titanic.
CAL
J’ai usé de chaque ficelle pour nous réserver des suites luxueuses... sur le plus grand bateau de l’histoire,... et vous agissez comme si vous alliez à votre exécution.
Rose regarde en haut la coque du Titanic, lui donnant l’impression d’un grand mur de fer. Cal fait signe d’avancer, et elle entre sur le Pont D avec un air terrifié
ROSE AGEE(V.O.)
C’était le bateau de rêve... pour tout le monde. Pour moi, c’était un négrier qui me ramenait enchaînée en Amérique.
La main de Cal tient fermement le bras de Rose d’une façon possessive. Il l’escorte en haut du passage de la coque noire du Titanic
ROSE AGEE(V.O.)
Extérieurement, j’étais tout ce que doit être une jeune fille bien élevée. Intérieurement, je hurlais.
36 EXT. SOUTHAMPTON DOCKS / TITANIC - JOUR
Une Vue de loin du Titanic qui domine au-dessus des bâtiments terminaux comme sur l’horizon d’une ville. Le sifflement de la vapeur se répète en travers Southampton.
Nous regardions à travers une fenêtre, dans un café, il était plein de dockers et d’hommes d’équipages de bateaux
Une partie de poker est en cours. Quatre hommes habillés de vêtements usés, jouent un tour très sérieux.
JACK DAWSON et FABRIZIO DE ROSSI ont approximativement 20 ans ils échangent un coup d’œil pendant que les deux autres joueurs discutent en suédois. Jack est américain, un vagabond dégingandé avec des cheveux un peu long pour le style de l’époque. Il est aussi mal rasé et ses vêtements sont chiffonnés d’avoir dormir sur lui. C’est un artiste qui a adopté le style de bohème de l’art de Paris. Il est aussi très assuré pour ses 20 ans, après avoir vécu pour son propre compte depuis l’âge de 15 ans. Les deux suédois continuent leur discussion maussade.
OLAF
Tu es stupide. Je ne peux pas croire que tu as parié nos billets.
SVEN
Tu as perdu notre argent. J’essaie juste de le récupérer. Maintenant la ferme et prend une carte.
JACK
(désinvolte)
Encore une, Sven.
Jack prend la carte et la met dans sa main. Les yeux de jack ne trahissent rien. Fabrizio lèche ses lèvres nerveusement, refuse une carte.
Au milieu de la table, il y a des pièces et des billets, une montre à gousset. Cela c’est amassé pendant quelque temps. Il y a aussi deux billets de troisième classe pour le RMS TITANIC.
Le sifflement du Titanic retenti encore. Le dernier avertissement.
JACK
C’est le moment de vérité. La vie de quelqu’un va changer.
Fabrizio pose ses cartes.
JACK
Voyons... Fabrizio a niente. Olaf, rien. Sven, oh ! ... deux paires... mmm.
(parle à son ami)
Désolé Fabrizio
FABRIZIO
Tu as parié tout notre fric ! ? ? Ma va fa’n culo testa di cazzo
JACK
Je suis désolé, tu ne vas pas revoir ta maman d’ici un long moment,
Il pose un Full sur la table.
Parce qu’on va en Amérique ! Full, les enfants !
FABRIZIO
Madone Porca ! ! YEEAAAAA ! ! !
La table explose de cries dans plusieurs langues. Jack ramasse l’argent et les billets.
JACK
(à Fabrizio)
Nous allons-en…
FABRIZIO/JACK
AMERICA ! ! !
Olaf lève son poing énorme. Nous pensons qu’il va tabasser Jack, mais il le balance à Sven qui se laisse tomber sur le sol et s’assied là, le regard déprimé. Olaf oublie Jack et Fabrizio qui dansent autour de la table.
Jack embrasse les billets, saute sur le dos de Fabrizio qui le fait tourner autour du café. C’est comme s’ils avaient gagné le gros lot
JACK
Je rentre chez moi sur la terre de la liberté et des vrais hot-dogs ! Sur le TITANIC ! ! Nous sommes de vrai rupin maintenant ! Nous allons mener une vie de prince ragazzo mio ! !
FABRIZIO
Vous voyez ? C’est mon destino ! ! Comme je vous ai dit ! Je vais en America ! ! Pour être millionnaire ! !
(au barman )
Capito ? ? Je vais en Amérique ! !
LE BARMAN
Non, mon vieux, le TITANIC part pour l’Amérique dans 5 minutes !
JACK
Merde ! ! Viens, Fabri !
Ils attrapent leurs sacs et courent à la porte.
BARMAN
Je suis sûr qu’ils savent que vous venez, ils seront heureux d’attendre !
37 EXT. EN PHASE TERMINALE - TITANIC
Jack et Fabrizio, porte tout ce qu’ils possèdent au monde, dans des musettes, sur leurs épaules, ils sprintent vers la jetée. Ils passent à travers la foule. Les cris montent derrière eux car ils bousculent des gens. Ils esquivent des tas de bagages, et se faufilent à travers des groupes. Jack fait un arrêt... il regarde la coque du bateau, qui domine le quai. Le Titanic est monstrueux.
Fabrizio court derrière Jack et le rattrape, et ils sprintent vers le passage de la 3é me classe, au pont E. Ils atteignent le bout de la rampe au même ou le SIXIÈME OFFICIER MOODY la détache du sommet. Il commence à la balancer vers le bas du passage.
JACK
Attendez ! ! Nous sommes des passagers !
Essouffler, il agite les billets.
MOODY
Etes-vous passez à l’inspection sanitaire ?
JACK
( gaiement)
Bien sûr ! En tout cas, nous n’avons pas de poux, nous sommes américains.
(coups d’œil à Fabrizio)
Tous les deux.
MOODY
(irritable)
Montez à bord.
L’officier ROWE rattache le passage. Jack et Fabrizio montent à bord. Il jette un coup d’œil aux billets, et laisse passer Jack et Fabrizio. Rowe regarde les noms sur les billets pour les inscrire sur la liste des passagers.
ROWE
Gundersen. Et...
(Regarde Fabrizio)
Gundersen.
Il rend les billets, mais regarde les apparences méditerranéennes de Fabrizio d’une manière suspecte.
JACK
(attrape le bras de Fabrizio)
Viens, Sven.
Jack et Fabrizio crient victoire, ils courent en bas d’un couloir peint en blanc.
JACK
Nous sommes les fils de putes les plus chanceux du monde !
40 EXT. TITANC ET DOCK - JOUR
Des cordes grandes comme le bras d’un homme, tombe dans l’eau. Le Titanic s’éloigne du quai.
41 EXT. PONT / DUNETTE- JOUR
Jack et Fabrizio arrivent par une porte sur le pont. Ils courent en travers du pont et monte les marches d’acier. Ils arrivent au bastingage et Jack commence à hurler et à agiter ses mains à la foule restée sur le dock.
FABRIZIO
Est-ce que tu connais quelqu’un ?
JACK
Bien sûr que non. C’est pas la peine
(à la foule)
Au revoir ! Au revoir ! ! Vous me manquerez !
Fabrizio se joint à lui, à sa voix on sent la joie de vivre du moment.
FABRIZIO
Au revoir ! Je ne vous oublierai jamais ! !
42 EXT. SOUTHAMPTON DOCK - JOUR
La foule des sympathisants, des acclamations chaleureuses, comme un mur noir devant eux le Titanic quitte le quai. Les figures incroyablement minuscules agitent les bras aux rampes du bateau. Le Titanic prend de la vitesse.
44 EXT. JOUR
La vague de la proue s’étend devant la coque puissante du transatlantique quand il descend vers la Manche.
45 INT. TROISIÈMEMENT CLASSE / G-PONT EN AVANT - JOUR
Jack et Fabrizio marchent en bas d’un couloir étroit avec des portes qui donne sur les deux côtés comme un dortoir de collège. La confusion est totale, les gens discutent dans plusieurs langues ou divague dans la confusion du labyrinthe. Ils passent devant des émigrants qui étudient les signes sur les portes, et cherche les mots dans des livres d’expressions. Ils trouvent enfin leur cabine. Elle est modeste, peinte en blanc, avec quatre couchettes. Les deux autres types sont déjà là. OLAUS et BJORN GUNDERSEN. Jack jette son équipement sur une couchette ouverte, pendant que Fabrizio prend l’autre.
BJORN
Où est Sven ?
46 INT. La SUITE B-52-56 - JOUR
Par contraste, la Suite "millionnaire " est de style Empire, et comprend deux chambres, baignoire, WC, et un grand salon. De plus il y a un pont promenade privé de 50 pieds. Un serveur verse du champagne dans un verre de tulipe. Rose regarde ses nouveaux tableaux. Il y a un Monet, un Degas, et quelques tableaux inconnus... Cal est dehors sur le pont couvert ou sont empoté des arbres et des plantes grimpantes sur les treillis et il parle à travers la porte à Rose dans le salon.
CAL
Oh, mon dieu ! Pas ces gribouillages encore ! Voilà bien de l’argent jeté par les fenêtres
ROSE
(regarde un portrait cubiste)
Vous avez tort. Ils sont fascinants. Comme dans un rêve... c’est la vérité pas la logique ! Quel est son nom... ?
(lit rapidement la toile)
Picasso.
CAL
(entre dans le salon)
Il ne fera jamais parler de lui. Jamais, croyez-moi ! Au moins, il n’était pas cher.
Un concierge tourne le coffre-fort privé de Cal dans la pièce sur un transpalette
CAL
Mettez cela dans l’armoire.
47 DANS LA CHAMBRE DE ROSE
Rose entre avec le grand Degas. Elle le met sur l’habilleur, elle s’approche du lit à baldaquin. Trudy est déjà là et accroche quelques-uns des vêtements de Rose.
TRUDY
Tout respire le neuf. C’est comme s’ils avaient tout construit seulement pour nous. Quand vous vous glisserez entre les draps ce soir, vous serez la première, Mademoiselle.
Cal apparaît a la porte de la chambre.
CAL
(regarde Rose)
Et quand je me glisserais entre les draps ce soir, Je serais aussi le premier.
TRUDY
(rougie à l’insinuation)
Je m’excuse, Mademoiselle
Elle contourne Cal et fait une sortie rapide. Cal va derrière Rose et met ses mains sur ses épaules. Pas par intimité mais par possession.
CAL
Le premier et le seul. À jamais.
L’expression de Rose montre une morne perspective pour elle, maintenant.
48 EXT. LE PORT CHERBOURG, FRANCE - CRÉPUSCULE
Le Titanic se profile contre un ciel couchant, au soleil pourpre. Il est éclairé comme un palais flottant, et ses mille hublots renvoient la lumière dans les eaux du port calme. Les lumières du port de Cherbourg complète l’image de la carte postale.
49 INT. RÉCEPTION / PONT D
La salle de réception de la première classe est occupée par plusieurs passagers. Une femme large d’épaule, avec un chapeau garni de plumes énormes, monte l’escalier et porte une valise dans chaque main. un concierge grêle court pour la rattraper afin de prendre ses sacs.
LA FEMME
Vous ne croyez pas que j’allais vous attendre toute la journée mon garçon. Tenez, vous allez pouvoir vous débrouiller ?
ROSE AGEE (V.O.)
A Cherbourg, une femme du nom de Margaret Brown est montée à bord, mais tout le monde l’appelait Molly. L’histoire l’appellerait l’insubmersible Molly Brown. Son mari avait trouvé de l’or quelque part dans l’Ouest, et elle faisait partie de ce que ma mère appelait les nouveaux riches. L’après-midi suivant, nous nous éloignons des côtes d’Irlande en direction de l’ouest avec rien d’autre à perte de vue, que l’océan.
51 EXT. LA PROUE - JOUR
Le bateau luit dans la lumière chaude de l’après-midi. Jack et Fabrizio sont à la proue du navire. Jack s’appuie sur le bastingage et regarde en bas où la proue coupe la surface de l’eau comme un couteau et envoie deux jets d’eau vitreux.
52 INT. / EXT. TITANIC- SÉRIE DE SCÈNES - JOUR
Sur le pont le CAPITAINE SMITH parle au PREMIER OFFICIER WILLIAM MURDOCH.
SMITH
Faites-lui prendre la mer, monsieur Murdoch. Laissons-le se dégourdir les jambes
Murdoch déplace le levier du télégraphe du moteur sur en avant toute
53 Commence alors un genre de pièce musical visuelle... une ode au grand bateau. La musique est rythmique et déferle avec une mélodie qui dresse la majesté et l’optimisme du bateau de rêves.
Dans la salle des machines le télégraphe retentit et se positionne sur en avant toute.
BELL
En avant toute !
Sur la coursive THOMAS ANDREWS, le constructeur du navire, regarde les mécaniciens et graisseurs qui ajustent des valves avec soin. Domine au-dessus d’eux les moteurs à mouvement alternatif, leurs bielles qui vont de bas en haut avec la rotation des vilebrequins massifs. Les moteurs tonnent comme des pas de géants en marche.
54 DANS LA CHAUFFERIE
Les ouvriers fredonnent une chanson en lançant du charbon dans les chaudières rugissantes. Ils sont couverts de sueurs et de poussières de charbon, leurs muscles travaillent comme une partie de la machinerie. ils travaillent dur dans l’incandescence infernale.
55 SOUS-MARIN
Les hélices de bronze énormes battent l’eau, si bien qu’un tourbillon de mousse bouillonne derrière le bateau.
56 L’image balaie la proue pour trouver Jack, le vent souffle dans ses cheveux
57 Le capitaine Smith, les mains sur la rampe, regarde … l’image d’un livre d’histoires d’un Capitaine... un grand patriarche de la mer.
PREMIER OFFICIER MURDOCH
Vingt et un nœud, Monsieur !
Smith accepte une tasse de thé du CINQUIÈME OFFICIER LOWE. Il regarde avec contentement le V blanc d’eau a lancé l’extérieur des arcs comme l’expression de son propre pouvoir personnel. Ils sont invulnérables et dominent la mer.
58 À La proue, Jack et Fabrizio regardent en bas.
Dans la vague de proue deux dauphins paraissent, sous l’eau, courant juste devant la lame d’acier de la proue. Ils le font pour la joie absolue et l’exultation du mouvement. Jack montre les dauphins et souri. Ils percent l’eau claire et sautent, plongent en arrière et s’entrecroisent devant la proue, ils dansent en avant de la force.
Fabrizio regarde avancé l’Atlantique et regarde dans le lointain
FABRIZIO
Je peux déjà voir la Statue de Liberté.
( à Jack)
Très petite... bien sûr.
Le grand Bateau est vu en totalité dans un portrait aérien magnifique, noir et sévère dans sa majesté.
ISMAY (V.O.)
C’est le plus grand objet mobile jamais construit par la main de l’homme, de toute l’histoire. Et notre maître constructeur, monsieur Andrews, ici présent, l’a construit de la quille jusqu’aux cheminées.
59 INT. LE RESTAURANT DU COURT DE PAUME - FIN DU JOUR.
Il indique un homme de 39 ans à sa droite, Thomas Andrews, le groupe est assemblé pour le déjeuner. Ismay s’est assis avec Cal, Rose, Ruth, et Molly Brown, le soleil se projette par les hautes fenêtres voûtées.
ANDREWS
Eh ! Bien, c’est peut-être moi qui l’aie construit, mais l’idée vient de monsieur Ismay. Il a imaginé un vapeur si grand en taille et si luxueux dans ses équipements que sa suprématie ne serait jamais mise en question.
(il tape la table)
Et le voilà ancré dans la réalité. Bravo !
Le serveur arrive pour prendre les commandes. Rose allume une cigarette.
RUTH
Vous savez que je n’aime pas cela, Rose.
CAL
Elle le sait.
Cal prend la cigarette et l’éteint
CAL
(au serveur)
Nous prendrons tous les deux de l’agneau. Avec très peu de sauce à la menthe.
(à Rose, après que le serveur se soit éloigné)
Vous aimez l’agneau, mon cœur ?
Molly regarde le tableau entre Rose, Cal et Ruth.
MOLLY
Vous devriez lui couper sa viande tant que vous y êtes Cal.
(à Ismay)
Et qui a pensé à l’appeler le TITANIC ? C’est vous Bruce ?
ISMAY
Oui, c’est exact. Vous savez, je voulais faire passer l’idée de grande taille. La taille signifie la stabilité, le luxe et par-dessus tout, la force
ROSE
Est-ce que vous connaissez le docteur Freud, monsieur Ismay ? Ses idées sur la préoccupation de l’homme au sujet de la taille pourraient vous intéresser.
RUTH
Mon Dieu, Rose, mais qu’est-ce qu’il te prend
ROSE
Excusez-moi.
Elle quitte la table
RUTH
(mortifié)
Je m’excuse.
MOLLY
C’est de la dynamite, Cal. , j’espère que vous saurez la manier
CAL
(feint l’indifférence)
Bien, je dois commencer à faire attention à ce qu’elle lit à partir de maintenant.
60 EXT. / APRÈS PONTS - JOUR
Jack s’assied sur un banc au soleil. La fumée du Titanic s’étend derrière lui à l’horizon. Il a sur ses genoux un bloc à dessin en cuir, sa seule possession précieuse. Avec doigté il colorie rapidement et à coups sûrs. Un émigrant de Manchester nommé CARTMELL et sa fille CORA sont debout sur le barreau inférieur du bastingage. Elle s’est appuyée contre le ventre de son père et regarde les mouettes.
Le dessin, les captures avec un grand sens de l’humanité. Jack est bon. Vraiment bon. Fabrizio jette un coup d’œil par-dessus l’épaule de Jack. Il fait un signe de la tête favorablement.
TOMMY RYAN, un jeune émigrant irlandais, montre un membre d’équipage qui vient avec trois petits chiens autour du pont. L’un d’eux, un bouledogue français noir, fait partie des créatures les plus laides sur la planète.
TOMMY
C’est typique, on descend les chiens de première classe pour qu’ils chient ici
Jack apparaît au-dessus de son croquis.
JACK
Pour qu’on sache quel rang on occupe dans l’ordre des choses ?
TOMMY
T’as peur d’oublier ? Je m’appelle Tommy Ryan.
JACK
Jack Dawson.
TOMMY
Salut !
FABRIZIO
Fabrizio.
TOMMY
Salut ! Tu te fais du fric avec tes dessins ?
Jack aperçoit Rose accoudée à la rambarde du Pont promenade des premières classes, dans une longue robe jaune et avec des gants blancs.
Incapable de détacher ses yeux d’elle. Ils sont chacun d’un côté, approximativement 60 pieds les séparent, avec le pont de la poupe comme une vallée entre eux. Elle est sur son promontoire, Elle regarde l’eau.
Il est rivé sur elle. Elle ressemble à un personnage de roman, triste et isolée.
Fabrizio tapote Tommy et tous les deux regardent Jack qui fixe Rose. Fabrizio et Tommy se sourient
Rose se tourne soudainement et regarde à droite, il regarde ailleurs. Elle finit par regarder en bas. Leurs yeux se rencontrent, l’espace du pont de la poupe, un golfe entre deux mondes.
Jack voit un homme (Cal) venir derrière elle et lui prendre le bras. Elle se dégage. Ils se disputent. Elle s’en va furieuse, il la suit et ils disparaissent le long du pont promenade A. Jack la suit du regard.
TOMMY
Ah ! Oublie-la. T’as plus de chance de voir des anges te sortir du trou du cul que de fréquenter une fille comme ça.
61 INT.LE SALON DE 1er Classe - LE DINER
Rose est assise, entourée par des gens en pleine conversation. Cal et Ruth rient ensemble, pendant que de l’autre coté MADAME DUFF-GORDON tient une conversation animée. Nous n’entendons pas ce qu’ils se disent. Rose regarde son assiette, écoute le bavardage sans importance autour d’elle
ROSE AGEE(V.O.)
Je voyais ma vie entière comme si je l’avais déjà vécue. Un défilé interminable de fêtes et de cotillons, de yoths, et de partie de polo. Toujours les mêmes gens si étroits d’esprit, toujours les mêmes bavardages futiles. J’avais l’impression d’être aux bords d’un grand précipice, sans personne pour me retenir, personne qui se souciait de moi, ni même me remarquait.
Sous la table la main de Rose tient une petite fourchette a salade. Elle se l’enfonce dans le bras, de plus en plus fort, jusqu’au sang.
62 INT. LE COULOIR / B PONT - NUIT
Rose marche le long du couloir. Un steward la croise et la salue, elle fait un signe de la tête avec un sourire. Elle se comporte normalement.
63 INT. LA CHAMBRE DE ROSE - NUIT
Elle entre dans la pièce. Elle se tient au milieu, Elle regarde son reflet dans le grand miroir. Elle ne bouge pas... soudain prise par l’angoisse, elle griffe sa gorge et arrache son collier de perle qui explose à travers la pièce. Elle déchire ses vêtements, défait ses cheveux... . Elle lance tout ce qui se trouve sur l’habilleur qui vole contre le mur dans un grand fracas. Elle jette son miroir contre le miroir de la pièce qui se brise.
64 EXT. PONT PROMENADE A - NUIT
Rose court le long du pont promenade B. Elle est ébouriffée, ses cheveux volent. Elle pleure, des larmes coulent sur ses joues. Elle est furieuse ! Elle ne comprend pas ses émotions, son désespoir. Un couple de promeneurs la regarde passer.
65 EXT. LA POUPE - NUIT
Jack est allongé sur un des bancs et regarde les étoiles qui flambent glorieusement au-dessus de lui. Des pensées d’artiste le traversent, il fume une cigarette. Il entend quelque chose, se retourne, alors que Rose dévale l’escalier du pont de la poupe. Ils sont seul tous les deux à l’arrière du bateau, à l’exception du quartier maître Rowe, vingt pieds au-dessus d’eux, sur la coursive du pont supérieur. Elle ne voit pas Jack dans l’ombre, et passe devant lui. Elle court en travers du pont désert. Elle retient son souffle dans un sanglot. Rose se heurte contre la base du mât arrière et s’y accroche, elle est essoufflée. Elle regarde l’eau noire. Alors elle commence à grimper sur la rambarde. Elle doit remonter sa robe qui la gène, et elle l’enjambe maladroitement. Elle se tourne prudemment, le dos à la barrière, elle fait face à l’océan 60 pieds en dessous d’elle. Les hélices battent l’atlantique dans une mousse blanche. Elle est debout comme une figure de proue à l’envers. En dessous d’elle les lettres énormes du nom "TITANIC ". Elle tend ses bras et... regarde en bas hypnotisé, par le tourbillon en dessous d’elle. Sa robe et ses cheveux sont soulevés par le mouvement du bateau. Le seul son qu’elle entend à part les remous de l’eau c’est le claquement de "l’union Jack" au-dessus d’elle.
JACK
Ne faites pas ça
Elle tourne la tête au son de la voix. Cela prend une seconde pour que ses yeux le voient
ROSE
Restez en arrière ! N’approchez pas
Jack voit les larmes qui coulent sur ses joues, dans la faible lumière
JACK
Prenez ma main. Je vais vous ramener.
ROSE
Non ! Rester ou vous êtes. Je ne plaisante pas sinon je saute.
JACK
Vous ne le ferez pas.
ROSE
Que voulez-vous dire, je ne le ferai pas ? Vous n’avez pas la prétention de me dire ce que je ferai ou non, vous ne me connaissez pas !
JACK
Vous l’auriez déjà fait. Maintenant venez, prenez ma main.
Rose est perturbée maintenant. Elle ne peut pas très bien le voir à travers ses larmes, elle les essuie avec une main et perd presque l’équilibre.
ROSE
Vous me distrayez. Allez-vous-en
JACK
Je ne peux pas. Je suis concerné maintenant. Si vous sautez, je sauterais après vous
ROSE
Ne soyez pas stupide. Vous vous tueriez.
Il enlève sa veste.
JACK
Je suis bon nageur.
Il commence à délacer sa chaussure gauche.
ROSE
Rien que la chute vous tuerait.
JACK
Ca ferait mal, je ne dis pas le contraire. Si vous voulez savoir la vérité, ce qui m’inquiète le plus c’est que l’eau soit si froide.
Elle regarde en bas. La réalité la fait réfléchir.
ROSE
Froide comment ?
JACK
(enlève sa chaussure gauche)
Geler. Peut-être un ou deux degrés
Il commence à délacer sa chaussure droite
JACK
Vous êtes déjà allée dans le Wisconsin ?
ROSE
(perplexe)
Non
JACK
C’est connu pour avoir quelques-uns des hivers les plus froids. J’ai grandi là, près de Chippewa Falls. Je me rappelle quand j’étais gosse, mon père et moi, nous allions à la pèche sous la glace sur le lac Michigan. La pêche sous la glace, vous savez...
ROSE
Je sais ce que c’est que la pêche sous la glace !
JACK
Pardon. Mais vous semblez être... enfin plus habituée aux salons. Toujours est-il que, je suis passé une fois à travers la glace, et vous pouvez me croire, de l’eau si froide, comme elle est là-dessous, c’est comme si des centaines de lames vous poignardaient toutes en même temps. On ne peut plus respirer, on ne peut plus penser, ou seulement à la douleur qu’on éprouve.
(enlève son autre chaussure)
Voilà pourquoi je n’ai pas très envie de sauter pour aller vous repêcher. Mais comme je l’ai dit, je n’ai pas le choix. Je crois qu’en fait j’espère que vous allez repasser la rambarde et m’éviter ce genre d’ennuis.
ROSE
Vous êtes fou.
JACK
C’est ce que tout le monde dit. Mais, malgré tout le respect que je vous dois, c’est pas moi qui suis suspendu à la poupe d’un bateau.
Il se rapproche doucement.
JACK
Venez. Vous ne voulez pas faire ça. Donnez-moi votre main.
Rose le regarde pendant un long moment. Elle regarde ses yeux qui soudain paraissent remplir son univers.
ROSE
D’accord
Elle lâche une main de la rambarde qu’elle tend vers lui. Il tend la main pour la tenir fermement
JACK
Je suis Jack Dawson.
ROSE
Ravie de vous rencontrer, M. Dawson.
Rose commence à se tourner. Maintenant qu’elle a décidé de vivre, la hauteur la terrifie. Elle est prise de vertige quand elle se retourne. Comme elle commence à grimper, sa robe la gêne, et un de ses pieds glisse sur le bord du pont. Elle tombe et pousse un cri perçant. Jack agrippe sa main, et se jette sur la rambarde. Elle se rattrape au dernier barreau avec sa main libre.
Rowe, en haut sur le pont se dirige vers l’échelle en entendant le cri
ROSE
Aidez-moi !
JACK
Je vous tiens. Je ne vous laisserai pas tomber
Jack tient sa main de toutes ses forces, se retenant lui-même à la rampe de son autre main. Rose essaie de trouver un point d’appui sur la coque lisse. Jack essaie de soulever son corps au-dessus de la barrière, les chaussures de Rose se prennent dans sa robe et elle glisse en arrière. Elle crie encore
Il continue à la retenir maladroitement et réussi à la faire passer par-dessus la barrière. Ils tombent sur le pont, enchevêtrés, ils roulent sur eux-mêmes et Jack se retrouve sur elle.
Rowe glisse en bas de l’échelle du pont de l’amarrage comme s’il s’agissait d’un exercice de sécurité et court à toute vitesse a travers le pont de la poupe.
ROWE
Qu’est-ce qu’y se passe...
Rowe court et attrape Jack qui était sur Rose, révélant ses cheveux ébouriffés et ses larmes. Sa robe est déchirée, et l’ourlet est remonté au-dessus de ses genoux, montrant ses bas déchirés. Il regarde Jack, l’homme de l’entrepont avec sa veste fermé, et la dame de première classe clairement dans la détresse, et commence à en tirer des conclusions. Deux marins se joignent à eux sur le pont.
ROWE
(à Jack)
Restez-la ! Ne bouger pas d’un pouce !
(aux marins)
Allez chercher le commissaire de bord
66 EXT. LA POUPE - NUIT
Quelques minutes plus tard. Jack est maintenu par le robuste commissaire de bord qui lui met les menottes. Cal est juste devant Jack, il est furieux. Il est accouru en hâte, avec Lovejoy et un autre homme, aucun d’eux n’a de manteaux. L’autre homme est LE COLONEL ARCHIBALD GRACIE, qui à encore son verre de Brandy à la main l’offre à Rose qui pleure sur un banc proche de lui, mais elle l’écarte. Cal s’occupe de Jack. Il l’attrape par les revers.
CAL
Qu’est-ce qui vous a fait penser que vous pourriez mettre vos mains sur ma fiancée ? ! Regardez-moi, salaud ! Qu’est-ce que vous pensiez faire ? !
ROSE
Cal, arrêtez ! C’était un accident.
CAL
Un accident ? !
ROSE
C’était... vraiment stupide, je me suis trop penchée et j’ai glissé.
Rose regarde Jack, elle cherche à obtenir son contact.
ROSE
Je me penchais par-dessus la rambarde, pour voir le... ah ! ... les hélices. Et j’ai glissé et je serais passée par-dessus bord. Si M. Dawson, ici, ne m’avait sauvé, il a lui-même failli passer par-dessus bord.
CAL
Vous vouliez voir les hélices ?
GRACIE
(secoue la tête)
Les femmes et les machines ne font pas bon ménage
COMMISSAIRE DE BORD
(à Jack)
C’est bien comme ça que ça s’est passé ?
Rose l ‘implore des yeux pour qu’il ne dise pas ce qui s’est réellement passé.
JACK
Huh Uh. C’était à peu près ça.
Il regarde Rose un long moment. Maintenant ils ont un secret.
COLONEL GRACIE
Alors ce garçon est un héros, c’est tout à ton honneur mon garçon, bravo !
(à Cal)
Bien, retournons à notre brandy.
CAL
Rentrons. Vous êtes gelée.
Cal part sans une pensée pour Jack.
GRACIE
(bas)
Ah ! ... peut-être un petit quelque chose pour ce garçon ?
CAL
Oh ! Bien sur. M. Lovejoy. Vingt livres devraient suffire.
ROSE
Est-ce le tarif normal pour sauver la femme que vous aimez ?
CAL
Rose est fâchée. Mmm... que faire ?
Cal se tourne vers Jack. Il le toise d’une manière condescendante... une brute de l’entrepont, sale et grossière.
CAL
Je sais.
(à Jack)
Peut-être pourriez vous vous joindre à nous pour dîner, demain, afin de régaler notre groupe avec votre récit héroïque ?
JACK (regarde Rose)
Bien sûr, comptez sur moi.
CAL
Bien, l’incident est clôt
Cal se tourne pour s’en aller et passe un bras protecteur autour de Rose. Il s’approche de Gracie.
CAL
Cela devrait être amusant
JACK
(à Lovejoy)
Est-ce que je peux vous taper d’une cigarette ?
Lovejoy sort doucement un étui de cigarette en argent de sa veste et d’un claquement l’ouvre. Jack prend une cigarette, puis une autre, qu’il met derrière son oreille, pour plus tard. Lovejoy allume la cigarette de Jack.
LOVEJOY
Vous devriez les attacher
(montrant les chaussures de Jack)
Intéressant cette jeune dame qui glisse tout d’un coup et vous qui prenez le temps d’enlever votre veste et vos chaussures. Mmmm ?
L’expression de Lovejoy est douce, mais ses yeux sont froids. Il se retourne pour rejoindre le groupe.
67 INT. La CHAMBRE de ROSE - NUIT
Comme elle se prépare pour se mettre au lit Rose voit le reflet de Cal, est debout à sa porte, dans le miroir fêlé. Il vient vers elle.
CAL
Je sais que vous êtes mélancolique, je ne prétends pas savoir pourquoi
Par derrière il lui tend une boite à bijou en velours noir. Elle la prend.
CAL
J’avais l’intention de garder ceci jusqu’à la soirée de fiançailles, la semaine prochaine, mais j’ai pensé que ce soir… Une façon peut-être de vous rappeler mes sentiments pour vous.
Rose ouvre la boîte lentement. À l’intérieur se trouve le collier... Le "Cœur de l’océan "dans toute sa splendeur. Il est énorme... une pierre bleue qui brille avec une infinité de reflets.
ROSE
Mon Dieu... Cal. C’est un...
CAL
Un diamant. Oui. 56 carats.
Il prend le collier et le place autour de son cou. Il la tourne vers le miroir et regarde par-dessus son épaule
CAL
Il a été porté par Louis XVI. Il l’avait appelé " Le Cœur de la Mer. "
ROSE
Le Cœur de l’Océan. Cal, c’est... trop pour moi
Il regarde fixement l’image de eux deux dans le miroir.
CAL
Mais c’est la pierre des rois. Nous sommes des rois, Rose
Ses doigts caressent son cou et sa gorge. Il paraît lui-même être désarmé par la beauté et l’élégance de Rose. Son émotion est, pour la première fois, sincère.
CAL
Il n’y a rien que je ne pourrais vous donner. Il n’y a rien que je ne puisse vous refuser. Ouvrez-moi votre cœur, Rose.
ROSE AGEE (V.O.)
Bien sûr son cadeau était fait pour renvoyer la lumière de lui-même, pour montrer la grandeur qu’était Caledon Hockley. Seulement c’était une pierre froide... un cœur de glace.
68 INT. LE KELDYSH
ROSE AGEE
Après toutes ces années, Je le sens encore autour de ma gorge comme une laisse de chien. Je peux encore sentir son poids. Si vous aviez pu le tenir, pas seulement le voir
LOVETT
C’est ce que je voudrais bien faire
BODINE
Et vous qui vouliez-vous tuer, en sautant du Titanic ?
(il s’esclaffe)
C’est fort
LOVETT
Lewis...
Rose rie avec Bodine.
BODINE (ri encore)
Tout ce que vous aviez à faire était d’attendre deux jours !
Lovett, regarde sa montre. Les heures passent. Cette histoire dure trop longtemps.
LOVETT
Rose, dites-nous en plus au sujet du diamant. Qu’est-ce que Hockley en a fait avec après ?
ROSE
Je me sens un peu fatigué, M. Lovett.
Lizzy prend la poignée du fauteuil et commence à le rouler dehors.
LOVETT
Attendez ! Donnez nous quelque chose. Qui avait accès au coffre-fort ? Et au sujet de ce type Lovejoy ? Le valet de chambre. Est-ce qu’il avait la combinaison ?
LIZZY
C’est assez.
Lizzy sort. D’un signe de la main, Rose leur envoie un vague au revoir.
69 EXT. KELDYSH DECK - JOUR
Lovett marche en parlant avec Bobby Buell, le représentant des associés. Ils se faufilent parmi les grues du pont.
BUELL
Les partenaires sont pressés.
BROCK
Bobby, donne-moi du temps. J’ai besoin de temps.
BUELL
Nous dépensons trente mille en un jour, et nous sommes déjà en retard de six jours. Je te dis ce qu’ils me disent. Ca commence à tirer.
BROCK
Bien dit leurs que j’ai besoin d’un ou deux autres jours ! Bobby, Bobby, Bobby... nous sommes proches ! Je le sens. Je sens de la glace. Elle portait le diamant... maintenant nous devons juste trouver où il est tombé. Il faut seulement la travailler pour qu’elle nous en dise plus. D’accord ?
Brock se tourne et voit Lizy qui est debout derrière lui. Elle a entendu, par hasard, une partie de la discussion avec Buell. Il va vers elle et l’emmène loin de Buell,
BROCK
Hé ! Lizzy. J’ai besoin de vous parler une seconde.
LIZZY
Est-ce que vous voulez me travailler moi aussi ?
BROCK
Je manque de temps. J’ai besoin de votre aide.
LIZZY
Je ne vais pas vous aider à intimider ma grand-mère. Je suis descendu ici pour vous dire de laisser tomber.
BROCK
(avec un désespoir non déguisé)
Lizzy... Il faut que vous compreniez quelque chose. J’ai parié tout ce que j’avais pour trouver le Cœur de l’Océan. J’y ai mis tout mon argent. Ma femme a divorcé. J’ai besoin de savoir ce qui est fermé à clé à l’intérieur de la mémoire de votre grand-mère
(il tend la main)
Est-ce que vous voyez ceci ? Juste ici ?
Elle regarde sa main, la paume en l’air vide. Mise en coupe, comme s’il tenait une forme imaginaire.
LIZZY
Quoi ?
BROCK
C’est la forme de ma main quand je tiendrais cette chose. Est-ce que vous comprenez ? Je ne pars pas d’ici sans elle.
LIZZY
Ecoutez, Brock, elle racontera son histoire, mais à son propre rythme. N’oubliez pas, c’est elle qui vous a contacté. Elle est ici pour ses propres raisons, Dieu seul les connaît.
LOVETT
Peut-être qu’elle veut faire la paix avec le passé.
LIZZY
Quel passé ? Jusqu’à il y a deux jours, elle n’a jamais une fois, pas une fois, dit un mot au sujet du Titanic.
LOVETT
Alors nous sommes les premiers a connaître l’histoire de votre grand-mère.
LIZZY
(regarde durement)
Est-ce que vous pensez qu’elle était vraiment là ?
LOVETT
Oh ! Oui, J’y crois. Elle était là.
70 INT. LA SALLE VIDEO
Bodine déclenche le magnétophone. Rose regarde fixement l’écran qui montre SNOOP DOG avançant sur le côté tribord de la coque. Les fenêtres rectangulaires du pont A défilent sur la droite.
ROSE AGEE
Le jour suivant, samedi, je me souviens de la chaleur et de la lumière du soleil.
71 EXT. PONT B /TITANIC - JOUR
Rose marche dans la lumière du soleil. Elle est habillée élégamment et marche avec but.
ROSE AGEE (V.O.)
C’était comme si je n’avais pas ressenti le soleil depuis des années.
C’est le samedi 13 AVRIL 1912. Rose ouvre la barrière pour descendre en troisième classe. Les hommes de l’entrepont arrêtent leurs occupations et la regardent.
72 INT. PIECE GENERAL DES 3ème CLASSES
C’est le centre social de la vie de l’entrepont. C’est austère en comparaison à l’opulence de la première classe, mais c’est un endroit bruyant. Il y a des mères avec leurs bébés, des gosses qui courent entre les bancs et hurlent en plusieurs langues et sont réprimandés. Il y a de vieilles femmes qui crient, des hommes qui jouent aux échecs, des filles qui font de la broderie ou lisent des romans populaires. Il y a même un piano droit où Tommy Ryan est accoudé. Trois garçons, chassent un rat sous les bancs, en hurlant, ils essaient de le taper avec une chaussure et cause un désordre général. Jack joue avec CORA CARTMELL, une petite fille de 5 ans, ils dessinent des visages drôles dans son carnet à croquis. Fabrizio fait des efforts pour tenir une conversation avec une fille norvégienne attirante, HELGA DAHL, assise avec sa famille à une table, de l’autre coté de la pièce.
FABRIZIO
Pas italien ? Peut-être un peu d’anglais ?
HELGA
Non, non. Norvégien. Seulement.
L’œil d’Helga est attiré par quelque chose. Fabrizio regarde ... et Jack, curieux, suit leur regard pour voir... Rose, venir vers eux. L’activité dans la pièce s’arrête... un silence tombe. Rose se sent soudain intimidé car les passagers de l’entrepont regarde cette princesse, quelques-uns avec ressentiment, d’autres avec crainte. Elle voit Jack et lui souri, elle marche droit sur lui. Il se lève et souri.
ROSE
Bonjour Jack.
Fabrizio et Tommy sont sur le cul. Comme si Cendrillon avait retrouvé sa pantoufle !
JACK
Re-bonjour.
ROSE
Pourrais-je vous parler en privée ?
JACK
Uh, oui. Bien sûr. Après vous.
Il lui fait signe de passer devant et la suit.
73 EXT. LE PONT DU BATEAU - JOUR
Jack et Rose marchent côte à côte. Ils passent devant des gens qui lisent ou parlent dans des chaises longues, quelques-uns jettent un coup d’œil curieux au couple si mal assorti. Il ne se sent pas à sa place dans ses vêtements rugueux. Ils sont tous les deux gauches, pour des raisons différentes.
JACK
Vous avez un nom.
ROSE
Rose. Rose DeWitt Bukater .
JACK
Ca c’est un vrai nom. Je pense que je vais devoir vous demander de me l’écrire
Il y a un silence gêné
ROSE
M. Dawson, je…
JACK
Jack.
ROSE
Jack... Je me sens idiote. Il m’a fallu toute la matinée pour avoir le courage de venir vous voir.
JACK
Et bien, vous êtes là
ROSE
Je suis là. Je... Je veux vous remercier pour ce que vous avez fait. Pas seulement pour... pour m’avoir sauvée. Mais pour votre discrétion.
JACK
Il n’y a pas de quoi Rose.
ROSE
Je sais ce que vous devez penser ! Pauvre petite fille riche. Qu’est-ce qu’elle sait de la misère ?
JACK
Ce n’est pas ce je pensais. Ce que je pensais c’était... qu’est-ce qui a pu arriver pour blesser, si fortement, cette jeune fille pour qu’elle n’est plus aucun espoir.
ROSE
Je ne fais pas... ce n’était pas seulement une chose. C’était un tout. C’était eux, c’était leur monde. Et j’ai été piégé dedans, comme un insecte dans de l’ambre.
(dans la foulée)
J’ai juste... voulu partir, courir et courir et courir... j’étais dos au mur, il n’y avait plus aucun bateau... même le Titanic n’était pas assez grand. Pas assez pour leur échapper. Et avant que je pense vraiment à ce que je faisais, je suis passée par-dessus la rambarde. J’étais si furieuse. Je leurs montrerai. Ils regretteront
JACK
Huh Uh. Ils regretteront. Bien sur, vous serez morte.
ROSE
(elle baisse la tête)
Oh ! Mon Dieu, je suis tellement stupide.
JACK
Le pingouin de la nuit dernière est-ce l’un d’eux ?
ROSE
Le pingouin ? Oh, Cal ! S’en est un
JACK
Est-ce qu’il est votre petit ami ?
ROSE
Pire, j’en ai peur.
Elle lui montre sa bague de fiançailles. Un gros diamant.
JACK
Regarder cette chose ! Vous seriez allés tout droit au fond.
Ils rient ensemble. Un steward regarde Jack d’un air mauvais parce qu’il n’est pas un passager de première classe mais Rose le foudroie du regard.
JACK
Donc vous vous sentez coincée dans un train dont vous ne pouvez pas descendre parce que vous allez vous marier avec ce type
ROSE
Oui, exactement !
JACK
Eh bien, ne vous mariez pas.
ROSE
Si seulement c’était si simple.
JACK
C’est simple.
ROSE
Oh ! Jack... s’il vous plaît ne me jugez pas, jusqu’à ce que vous ayez vu mon monde.
JACK
Bien, je verrais ce soir.
Rose cherche un autre sujet, tout autre sujet, elle indique son carnet à croquis.
ROSE
C’est quoi ?
JACK
Juste quelques dessins.
ROSE
Est-ce que je Peux ?
La question est de pure forme parce qu’elle a déjà attrapé le carnet. Elle s’assied sur une chaise du pont et ouvre le carnet à dessin. Sur les dessins de Jack... chacun exprime un peu d’humanité : les mains d’une vieille femme, un homme endormi, un père et sa fille au bastingage. Les visages sont lumineux et vivants. Son livre est une célébration de la condition humaine.
ROSE
C’est assez bon ! Vraiment, ils sont très bons
JACK
Bien, ils ne pensaient pas trop ça à Paris.
Quelques dessins tombent et sont emportés par le vent. Jack leurs court après... en attrape deux, mais le reste est allé par-dessus la barrière.
ROSE
Oh non ! Je suis désolé. Vraiment !
JACK
De toute façon, ils ne valent rien.
Avec emphase il lance au loin les deux qu’il a rattrapé. Ils flottent sur l’eau
ROSE
(rit)
Vous êtes malade !
Elle revient au livre et tourne une page.
ROSE
Bien, bien...
Elle est tombée sur une série de nues. Rose est transpercée par la beauté languissante qu’il a créé. Ses nues sont expressifs, vrais, avec des mains et des yeux expressifs. Ils ressemblent plus à des portraits qu’à une étude de la condition humaine... presque troublants. Rose rougit et élève le livre quand quelques flâneurs passe par la.
ROSE
(essaye d’être très adulte)
Ils ont été faits d’après de vrais modèles ?
JACK
Oui, ça c’est une des bonnes choses de Paris, il y a des tas de filles qui se déshabillent facilement.
Elle en étudie un en particulier, la fille a posé à demi dans la lumière du soleil, à demi dans l’ombre. Ses mains se trouvent à son menton, l’une est fermée et l’autre ouverte comme une fleur, languissantes et gracieuse. Le dessin est comme un Alfred Steiglitz.
ROSE
Vous avez aimé cette femme. Vous l’avez utilisée à plusieurs reprises.
JACK
Elle avait de belles mains.
ROSE
(sourit)
Je pense que vous avez dû avoir une histoire d’amour avec elle...
JACK (rit)
Non, non ! Juste avec ses mains.
ROSE
(lève les yeux des dessins)
Vous avez un don, Jack. Vous voyez les gens.
JACK
Je vous vois.
Un regard perçant.
ROSE
Et... ?
JACK
Vous n’auriez jamais sauté
74 INT. LA SALLE DE RECEPTION / PONT D – JOUR
Ruth prend le thé avec NOËL LUCY MARTHA DYER-EDWARDES, LA COMTESSE DE ROTHES, une anglaise de sang bleue. Ruth voit par hasard quelqu’un traverser la pièce et baisse la voix.
RUTH
Oh ! Non, voilà cette femme vulgaire, Mme Brown, qui viens vers nous. Levons-nous rapidement avant qu’elle ne s’assoie avec nous.
Molly Brown marche vers elles, les salue gaiement comme elles se lèvent.
MOLLY
Salut les filles, j’espérais vous trouver pour le thé
RUTH
Nous sommes profondément désolées nous avons terminé. La Comtesse et moi, allions juste sortir pour prendre l’air sur le pont du bateau.
MOLLY
Mais quelle bonne idée, comme ça vous allez me raconter les derniers potins.
Ruth grince des dents, elles se dirigent vers le Grand Escalier.
Bruce Ismay et Capitaine Smith sont à une autre table.
ISMAY
Donc vous n’avez pas allumé les quatre dernières chaudières ?
SMITH
Non, mais nous faisons une bonne moyenne.
ISMAY
(impatiemment)
Capitaine, la presse connaît la taille du Titanic, laissons-les s’émerveiller par sa vitesse. Nous devons leur donner quelque chose de nouveau à publier. Et le voyage inaugural du Titanic doit faire les gros titres !
SMITH
Je préfère ne pas pousser les machines, jusqu’à ce qu’elles soient complètement rodées.
ISMAY
Bien sûr, je laisse à vos bons offices de décider ce qui est le mieux, mais quelle glorieuse fin pour votre dernière traversée si nous pouvions être à New York mardi soir, à la surprise générale.
(Tape sur la table)
Finir sur un exploit mon cher Edouard ?
Alors Smith fait un signe de la tête, froidement
75 EXT. PONT PROMENADE A - JOUR
Rose et Jack flânent ils passent devant des gens qui se prélassent sur des chaises longues dans la lumière de la fin d’après-midi. Les stewards se précipitent pour servir du thé ou des chocolats chauds.
ROSE
(petite fille enthousiasmée)
Vous savez, mon rêve a toujours été, de tout laisser tomber et de devenir artiste... vivre dans une mansarde, pauvre mais libre !
JACK
(rit)
Vous ne tiendrez pas deux jours. Il n’y a pas d’eau chaude, et presque jamais de caviar.
ROSE
(fâchée)
Ecoutez,... Je déteste le caviar ! Et je suis fatiguée des gens qui renvoient mes rêves avec un rire étouffé et une caresse sur la tête.
JACK
Je suis désolé. Vraiment... désolé.
ROSE
Et bien. Il y a quelque chose au fond de moi, Jack. Je le sens. Je ne sais pas ce que c’est, si je dois être artiste, ou... danseuse. Comme Isadora Duncan.... un esprit libre...
Elle bondit en avant, retombe habilement et tourbillonne comme un derviche. Alors elle voit quelque chose qui lui illumine le visage.
ROSE
...ou une actrice de cinéma !
Elle prend sa main et court l’entraînant le long du pont vers...DANIEL ET MARY MARVIN. Daniel tourne la manivelle d’une grosse caméra en bois et Mary pose, figée prés de la barrière.
DANIEL
Vous êtes triste. Triste, triste, triste. Vous avez laissé votre amant sur le rivage. Vous ne pourrez plus jamais le voir. Essayez d’être plus triste, chérie.
Soudain Rose entre dans le plan et prend une pose théâtrale à côté de Mary qui se met à rire. Rose tire Jack vers elle et le fait poser.
Daniel grimace et commence à hurler et à faire des gestes.
SÉRIE DE SCENES :
Rose qui pose à la rampe tragiquement, le dos de la main à son front.
Jack sur une chaise longue prétendant être un Pacha, les deux filles mimant qu’elles l’éventent comme des esclaves.
Jack à genoux, implorant de ses mains jointes pendant que Rose, debout, tourne la tête en signe de dédain.
Rose qui tourne la manivelle, pendant que Daniel et Jack simulent un duel de l’Ouest. Jack gagne et regarde dans l’objectif.
76 EXT. PONT PROMENADE A / COUCHÉ DE SOLEIL
Jack et Rose sont appuyés sur la rampe du pont A, épaule contre épaule. Les lumières du bateau sont allumées. C’est un moment magique... parfait.
ROSE
Et après M. le Vagabond Jack ?
JACK
Eh bien, bûcheron a commencé à être trop dur comme travail, donc je suis descendu à Los Angeles sur la jetée de Santa-Monica. C’est un endroit sensationnel, ils ont même des montagnes russes. J’ai fait des portraits pour dix cents pièce.
ROSE
Un pour dix cents ? !
JACK
Ouais ! C’était beaucoup d’argent... Je pouvais me faire un dollar par jour quelquefois, mais seulement en été. Quand il a commencé à faire froid j’ai décidé d’aller à Paris et voir ce que les vrais artistes faisaient.
ROSE
(regarde le crépuscule)
Pourquoi ne puis-je pas être comme vous Jack ? Allez au bout de l’horizon toutes les fois que le veux.
(tournée vers lui)
Dites que nous irons un jour... à cette jetée... même si nous ne faisons seulement qu’en parler.
JACK
Mais si ! Nous irons. Nous boirons de la bière pas chère et ont fera des tours de montagne russe jusqu’à en vomir et nous ferons du cheval sur la plage... dans l’écume des vagues... mais il faudra monter à cheval comme un cow-boy, pas en amazone.
ROSE
Vous voulez dire une jambe de chaque côté ? (Scandaleux !) Est-ce que vous pourrez me montrer ?
JACK
Bien sur. Si vous voulez.
ROSE (lui souri)
Je veux
(elle regarde l’horizon)
Et apprenez moi, aussi à cracher comme un homme. Pourquoi seulement les hommes sont capables de cracher ? . C’est injuste.
JACK
On ne vous a pas appris ça a la fin de vos études ? C’est facile. Regardez attentivement.
Il crache. Il décrit un arc par-dessus l’eau.
JACK
A votre tour.
Rose pince sa bouche et crache Un ridicule petit filet de salive écumante lui coule sur le menton avant de tomber dans l’eau.
JACK
Oups c’était ridicule. La, comme ça... vous le chercher au fond de la gorge .. HHHNNNK !... Vous faites levier avec le cou, utiliser vos bras, vous cambrez, prenez une grande respiration et PLOOOW ! ! Est-ce que vous voyez la portée de ce truc ?
Elle recommence de plus belle.
JACK
Bah !... c’était mieux, faut vous entraîner.
ROSE
Vraiment ?
JACK
Vraiment. Allez bien le chercher au fond de la gorge et mettez-y du cœur, regardez.
Rose se tourne vers lui, son visage s’illumine. Soudain elle pâlit. Il voit son expression et se retourne. Ruth, la Comtesse de Rothes, et Molly Brown les ont vus s’amuser à cracher. Rose retrouve ses couleurs rapidement.
ROSE
Mère, Puis-je vous présenter Jack Dawson.
RUTH
Ravie de vous connaître
Jack a un peu de salive qui lui coule sur le menton. Il ne le sait pas. Molly Brown grimace. Pendant que Rose fait les présentations...
ROSE AGEE (V.O)
Les autres étaient polie et curieux au sujet de l’homme qui m’avait sauvé la vie. Mais ma mère le regardait comme un insecte. Un insecte dangereux qui doit être écrasé rapidement.
MOLLY
Eh ! Bien, Jack, il semble que vous soyez un jeune homme très bien
(lui indiquant la salive coulant sur son menton)
pour avoir une tache collante...
Tout le monde sursaute en entendant le bruit du clairon qui sonne l’appel du repas juste derrière eux.
MOLLY
Pourquoi se croient-ils obligés d’annoncer le dîner comme s’ils sonnaient une charge de cavalerie !
ROSE
Allons nous habiller, mère ?
(Par-dessus son épaule)
On se voit au dîner Jack.
RUTH (comme ils partent)
Rose, regarde-toi... dehors sous le soleil sans chapeau. Honnêtement !
La Comtesse sort avec Ruth et Rose laissant Jack et Molly seul sur le pont.
MOLLY
Mon garçon, avez-vous la moindre idée de ce que vous faite ?
JACK
Pas vraiment.
MOLLY
Eh ! Bien, vous entrez tout droit dans la fosse au serpent. J’espère que vous êtes prêt. Avez-vous trouvé de quoi vous habiller ?
Jack regarde ses vêtements. Il n’a que cela.
MOLLY
Je m’en doutais
77 INT. LA CABINE PRIVÉE DE MOLLY BROWN
Des costumes et vestes d’hommes et habits de cérémonie sont éparpillés dans toute la pièce. Jack est habillé, sans veste, et Molly lui essaye un noeud papillon.
MOLLY
Ne vous sentez vous pas trop mal à l’aise. Mon mari ne porte plus de cravate, depuis 20 ans. Cela vous va.
Elle ramasse une veste sur le lit et la lui tend. Jack va dans la salle de bains pour la mettre. Molly commence à ramasser les affaires sur le lit.
MOLLY
J’achète tout en trois tailles parce que je ne sais jamais comment mange mon mari pendant que je ne suis pas à la maison.
Elle se tourne et le voit.
MOLLY
Mon dieu... vous brillez comme un sou neuf.
78 EXT ENTRÉE DES PREMIERES CLASSE - CRÉPUSCULE
Le ciel est rougeoyant, teinté orange a l’Ouest. On entend de la musique classique. Jack marche le long du pont. Il regarde sa tenue empruntée, dans le reflet de la porte, il se redresse. Un steward le salue et ouvre rapidement la porte d’entrée de la première classe.
LE STEWARD
Bonsoir, Monsieur.
Jack joue son rôle parfaitement. Il incline la tête avec juste ce qu’il faut de dédain.
79 INT. LE PALIER SUPÉRIEUR / GRAND ESCALIER DU PONT A
Jack entre et retient son souffle devant la splendeur qui s’étale devant lui. Au-dessus c’est l’énorme dôme de verre immense avec un lustre du cristal à son centre. Et les gens, les femmes dans leurs robes longues, aux coiffures élaborées et parées de bijoux à profusion... les messieurs en tenue de soirée, debout avec une main derrière le dos, parle tranquillement. Jack descend du pont A. Plusieurs hommes s’inclinent en un salut superficiel. Il leur répond de la même façon tout en restant simple. Il se sent comme un espion. Cal descend l’escalier, avec Ruth à son bras, couverte de bijoux. Ils passent tous les deux devant Jack sans le reconnaître. Cal le salut comme n’importe quel autre monsieur. Mais Jack a à peine le temps de s’en amusé. Car juste derrière Cal et Ruth, dans l’escalier apparaît Rose, une vision en rouge et noir, sa robe décolletée dévoile son cou et ses épaules, ses bras sont recouverts de gants blancs qui lui montent au-dessus du coude. Jack est hypnotisé par sa beauté. Elle approche. Jack Il imite la position des Gentlemen, en mettant une main derrière son dos. Elle lui tend sa main gantée, il la prend et embrasse le dos de ses doigts. Rose rougit visiblement ravie. Elle ne peut détacher ses yeux de lui.
JACK
J’ai vu ca une fois dans un film, et j’ai toujours voulu le faire.
ROSE
Cal, vous vous souvenez de M. Dawson.
CAL
Dawson ! Je ne vous avais pas reconnus.
(il l’étudie)
Etonnant ! Vous pourriez presque passer pour un gentleman.
80 INT. DE LA SALLE DE RECEPTION DU PONT A CELLE DU PONT D
Comme le groupe descend pour dîner, Ils rencontrent Molly Brown resplendissante dans une robe perlée, dévoilant ses épaules et sa poitrine plantureuse. Molly souri en voyant Jack. Comme ils entrent dans la salle a manger elle marche près de lui et parle bas.
MOLLY
Tout ce passe bien pour vous Jack ?
JACK
Ouais ! Vous devez juste vous habillez comme un croque mort et garder la tête haute.
MOLLY
Souvenez-vous, la chose seule qu’ils respectent c’est l’argent, alors agissez comme si vous en aviez beaucoup et vous rentrer au club.
Comme ils se mêlent au tourbillon de la cohue, Rose se penche vers lui et lui signal plusieurs notables.
ROSE
C’est la Comtesse De Rothes. Et lui c’est John Jacob Astor... l’homme le plus riche sur le bateau. Sa petite femme Madeleine a mon âge et est dans une situation délicate. Voyez comme elle essaie de le cacher. Un véritable scandale.
(fait un signe de la tête vers un couple)
Et là-bas, c’est Monsieur Cosmo et Lucile Duff-Gordon. Elle conçoit lingerie coquine, parmi ses nombreux talents. Elle est très populaire chez les aristos.
Cal est absorbé dans une conversation avec Cosmo Duff-Gordon et le Colonel Gracie, pendant que Ruth, la Comtesse et Lucille discutent de mode. Rose tapote Jack doucement, pour lui montrer un autre couple, habillé impeccablement.
ROSE
Et voila Benjamin Guggenheim et sa maîtresse, Madame Aubert. Mme Guggenheim est à la maison avec les enfants, bien sûr.
Cal, pendant ce temps, accepte l’éloge de ses pairs qui regardent Rose comme une bête de concours.
MONSIEUR COSMO
Hockley, elle est splendide.
CAL
Merci.
GRACIE
Cal est un homme chanceux. Je le connais bien, c’est peut être seulement de la chance.
Ruth se promenant, entend les derniers mots. Elle prend le bras de Cal, quelque peu coquette.
RUTH
Comment est-ce que vous pouvez dire ca Colonel ? Caledon Hockley est un grand charmeur.
Tout le monde flâne en se dirigeant vers la salle à manger ou ils croisent les Astors qui passent les doubles portes ornées.
ROSE
J.J., Madeleine, J’aimerais vous présenter Jack Dawson.
ASTOR
(serre sa main)
Enchantez de vous rencontrer Jack. Etes-vous un Dawson de Boston ?
JACK
Non, un Dawson de Chippewa Falls seulement.
Madeleine Astor apprécie Jack et chuchote à Rose
MADELEINE
C’est dommage que nous soyons prises toutes les deux, n’est-ce pas ?
81 INT. LA SALLE A MANGER
Comme la salle de bal d’un palais, vivant et illuminé par une constellation de lustres, plein de gens élégants et une belle musique provenant du petit orchestre de WALLACE HARTLEY. Rose et Jack entrent et traversent la pièce jusqu'à leur table, Cal et Ruth à côté d’eux.
ROSE AGEE(V.O.)
Il devait être nerveux mais il n’a jamais hésité. Ils l‘ont pris pour l’un d’eux... un jeune capitaine d’industrie peut-être... un nouveau riche en somme, mais un nouveau membre du club. C’était sans compter sur maman bien sûr.
82 INT.LE DINER
RUTH
Dites-nous comment sont les cabines de l’entrepont, M. Dawson. J’ai entendu dire qu’elles étaient assez confortables sur ce bateau.
Jack est assis en face de Rose, elle est entourée par Cal et Thomas Andrews. Sont Aussi à la table Molly Brown, Ismay, le Colonel Gracie, la Comtesse, M. Guggenheim, Madame Aubert, et les Astors.
JACK
Les meilleurs que j’ai vu, madame. À peine quelques rats.
Rose fait signe subrepticement à Jack pour qu’il enlève la serviette de son assiette.
CAL
M. Dawson nous vient de la troisième classe. Il a été de quelque assistance pour ma fiancée hier soir.
(à Jack, comme à un enfant)
C’est du foie gras. C’est le foie de l’oie.
Des chuchotements sont échangés. Jack devient l’objet de coups d’oeil sournois.
GUGGENHEIM
(bas à Madame Aubert)
Qu’est-ce que Hockley espère prouver, en amenant ici... ce bohémien... ?
LE SERVEUR
(à Jack)
Comment est-ce que vous prenez votre caviar, Monsieur ?
CAL
(répond pour Jack)
Juste un soupçon de citron...
(à Jack)
...cela améliore la saveur avec le champagne.
JACK (au serveur)
Pas de caviar pour moi, merci.
(à Cal)
Je n’ai jamais aimé cela.
Il regarde Rose, au visage impassible, puis elle sourit.
RUTH
Et où est-ce que vous vivez exactement, M. Dawson ?
JACK
Bien, maintenant mon adresse est le RMS Titanic. Après cela, Je dépends du bon vouloir de Dieu.
La salade est servie. Jack saisi la fourchette à poisson. Rose lui jette un coup d’œil en tenant haut sa fourchette à salade et l’incite avec ses yeux. Il change de fourchette.
RUTH
Est-ce que vous trouvez cette sorte d’existence sans racines, attirantes ?
JACK
Bien... c’est un grand monde, et je veux tout le voir avant de partir. Mon père a toujours rêvé de partir pour voir l’océan. Il est mort dans la ville ou il est né, et ne l’a jamais vu. Vous ne pouvez pas attendre sans rien faire, parce que vous ne savez jamais quelle donne vous aurez la prochaine fois. Regardez, mes parents sont morts dans un incendie quand j’avais quinze ans et je suis sur la route depuis. C’est quelque chose que j’aime, ça vous apprend à prendre la vie comme elle vient. Pour faire que chaque jour compte.
Molly Brown lève son verre et le salut.
MOLLY
Bien dit, Jack.
COLONEL GRACIE
(élève son verre)
Tout à fait.
Rose lève son verre, regarde Jack.
ROSE
Pour que ce jour compte.
Ruth est contrariée, Jack a marqué un point, elle le cherche davantage.
RUTH
Comment avez-vous les moyens de voyager, M. Dawson ?
JACK
Je fais mon chemin de place en place. Je voyage souvent en cargo. Mais j’ai gagné mon billet sur Titanic grâce à une main chanceuse au poker.
(il jette un coup d’œil à Rose)
Une main très chanceuse.
GRACIE
Toute la vie est un jeu de chance.
CAL
Les vrais hommes créent leurs propres chances, Archie.
Rose prète attention a Thomas Andrews assis à côté d’elle il écrit dans son carnet de note, ignorant complètement la conversation.
ROSE
M. Andrews, qu’est-ce que vous faites ? Je vous vois écrire dans ce petit livre partout.
(l’attrape et le lit)
Augmenter le nombre de vis par 2 ou 3 sur les crochets à chapeau. Est-ce que construire le plus grand bateau du monde vous préoccupe ? !
Andrews sourit d’un air penaud.
ISMAY
Il en connaît chacun des rivets, n’est-ce pas Thomas ?
ANDREWS
En tous trois millions
ISMAY
Son sang et son âme sont dans ce bateau. Il est peut être le mien sur le papier, mais aux yeux de Dieu il appartient à Thomas Andrews.
ROSE
Votre bateau est une merveille, M. Andrews. Vraiment.
ANDREWS
Merci, Rose.
Andrews est sous le charme de Rose.
83 UN PEU PLUS TARD
Le dessert a été servi et un serveur arrive avec des cigares dans une boîte humidifié sur un chariot roulant. Les hommes commencent à les tailler et les allumer.
ROSE
(bas, à Jack)
Ensuite ils prennent le Brandy dans le salon-fumoir.
GRACIE
Bien. Nous allons prendre un Brandy, messieurs
ROSE
(bas)
Maintenant ils se retirent dans un nuage de fumée et se félicitent d’être les maîtres du monde.
GRACIE
Vous venez avec nous, Dawson ? Mais, vous ne voulez pas rester ici avec ses dames, n’est-ce pas ?
JACK
Non, merci, je retourne dans ma cabine
CAL
C’est probablement mieux. On ne parle qu’affaire et politique, ce genre de chose n’a aucun intérêt pour vous. Néanmoins Dawson, merci d’être venu.
Cal et les autres messieurs sortent.
ROSE
Jack, vous devez partir ?
JACK
Il est tant pour moi d’aller ramer avec les autres esclaves. Bonne nuit, Rose.
Jack lui remit un papier sur lequel était inscrit : " Pour que ce jour compte, rendez-vous sous l’horloge ".
84 INT. L’ENTRÉE DU PONT A – NUIT
Rose traverse l’entrée du pont A, elle aperçoit Jack en haut de l’escalier, sous le dôme de cristal. Jack lui tourne le dos, éxaminant l’horloge ornée avec les mots gravés " Honneur et Gloire ". Elle sonne doucement l’heure. Rose monte l’escalier vers lui rapidement. Il se tourne, la voit... et se sourient.
JACK
Voulez-vous aller dans une vraie fête ?
85 INT. PIECE GENERAL TROISIÈME CLASSE
Des chants joyeux émergent de la pièce sur l’improvisation de la bande assemblée près du piano droit et tapant d’un pas lourd sur le sol. La musique est vive, il y à un violon, un accordéon et un tambourin. Des gens de tous âges dansent, boivent de la bière et du vin, fumant, riant, il y a même quelques bagarres. Tommy donne une pinte de bière brune à Rose et elle le lève à sa santé. Pendant ce temps Jack danse avec Cora Cartmell, une petite fille de 5 ans, il essaie de danser en la portant sur ses pieds. Comme la fin de la musique arrive, Rose se penche sur la petite fille.
ROSE
Est-ce que je peux vous l’emprunter, mademoiselle ?
JACK
Tu es toujours ma cavalière, Cora.
Cora court allègrement. Rose et Jack se font face. Elle tremble quand il prend la main droite de Rose dans sa main gauche. Son autre main glisse en bas de son dos. C’est un moment électrique.
ROSE
Je ne connais pas les pas.
JACK
Déplacez-vous avec moi. Ne réfléchissez pas.
La musique commence. Ils sont enlacés. Un peu gauche dans un premier temps, puis elle commence à venir à lui. Elle sourit à Jack quand elle commence à trouver le rythme du pas.
ROSE
Attendez... arrêtez !
Elle se penche et retire ses chaussures à talons à aiguille, et les lance à Tommy. Alors elle agrippe Jack, ils plongent dans la mêlée, dansant de plus en plus vite au rythme de la musique.
87 INT. PIECE GENERAL TROISIÈME CLASSE
La pièce est bruyante et en fête. Une table est renversée par des fêtards ivres. Et au milieu ... Rose danse avec Jack, juste avec ses bas. Les pas sont rapides et elle brille de sueur. Un espace s’ouvre autour d’eux, les gens les regardent et applaudissent pendant que les musiciens jouent de plus en plus vite.
FABRIZIO ET HELGA danse. Il n’ont pas besoin, pour cela, d’une langue commune. Il la fait tourner, alors elle le fait tourner aussi... Les yeux de Fabrizio sont ébahis quand il se rend compte qu’elle est plus forte que lui. La musique se termine dans une bousculade insensée. Jack s’éloigne de Rose en faisant un geste, une révérence. Vivifiée et légèrement ivre, elle fait un pas de ballet gracieux, à la perfection. Tout le monde rit et applaudit. Rose est acceptée par les gens de l’entrepont qui n’ont jamais reçu une telle dame parmi eux. Jack et Rose se déplacent à une table, empourprés et en sueur. Rose attrape la cigarette de Fabrizio et en tire une grande bouffée. Elle se sent insolante. Fabrizio sourit, en tenant la main d’Helga.
JACK
Comment faite vous tous les deux ?
FABRIZIO
Je ne sais pas ce qu’elle dit, elle ne sait pas ce que je dis, donc nous progressons petit à petit.
Tommy monte avec une pinte pour chacun d’eux. Rose boit la sienne d’un trait, par vantardise.
ROSE
Est-ce que vous pensiez qu’une fille de première classe ne savait pas boire ?
Tout le monde danse encore, et Bjorn Gundersen se heurte à Tommy qui renverse sa bière sur la robe de Rose. Elle rit et ne s’en soucie pas. Mais Tommy bondit en attrapant Bjorn et le fait tourner sur lui-même.
TOMMY
Enfant de salaud ! !
Bjorn tourne autour, les poings levés... et Jack bondit entre les deux pour les séparer.
JACK
Oh eh, les gars ! Est-ce que je vous ai jamais raconté l’histoire du Suédois et de l’Irlandais dans un bordel ?
Tommy est là, furieux, la poitrine gonflée. Alors il rit et tapote l’épaule de Bjorn.
ROSE
Donc, vous pensez que vous êtes des durs ? Voyons si vous savez faire ça.
Avec ses pieds elle exécute une figure de ballet, les bras levés, elle se hisse en prenant appui de tout son poids sur la pointe des orteils. Les types en restent bouche bée devant un tel contrôle des muscles. Elle redescend, alors son visage se crispe de douleur. Elle s’attrape un pied et saute tout autour.
ROSE
Oooowww ! Je n’ai pas fait cela depuis des années.
Jack l’attrape comme elle perd l’équilibre.
La porte du pont est entrebâillée, Lovejoy regarde à travers l’intervalle. Il voit Jack qui tient Rose.
Lovejoy referme la porte.
88 EXT. LE PONT DU BATEAU - NUIT
Les étoiles flamboient au-dessus, si claires et si brillantes que l’on peut voir la voie lactée. Rose et Jack se promènent le long d’une rangée de canots de sauvetage. Encore étourdis par la fête, ils chantent une chanson populaire "Come Josephine in My Flying Machine" .
JACK/ROSE
Comme Joséphine in mi flying machine
And it’s up she goes ! Up she goes !
in the air she goes. Where ? There she goes !
Ils cherchent les mots et s’arrêtent pour rire. Ils ont atteint l’entrée de la première classe, mais n’entre pas tout de suite, ils ne veulent pas que la soirée se termine. À travers les portes, le son de l’orchestre du bateau flotte doucement. Rose attrape un bossoir et s’appuie en arrière et regarde le ciel.
ROSE
N’est-ce pas magnifique ? Si grand et sans fin.
Elle va à la rampe et s’y appuie.
ROSE
Ce sont des gens tellement petits, Jack... mon monde. Ils pensent être des géants sur la terre, mais ils ne pourraient même pas époussetez l’œil de Dieu. Ils vivent à l’intérieur de leur petite bulle de champagne... et un jour la bulle va éclater.
Il s’appuie sur la rampe à côté d’elle, sa main effleure la sienne. C’est le contact le plus léger qu’on puisse imaginer, et chacun peut ressentir chaque millimètre de peau que leurs mains touchent.
JACK
Vous n’êtes pas des leurs. Il y a eu une erreur.
ROSE
Une erreur ?
JACK
Huh Uh. Vous n’avez pas été postée à la bonne adresse.
ROSE
(ri)
Est-ce se que j’ai fait, n’est-ce pas ?
(pointe soudainement)
Regardez ! Une étoile filante.
JACK
C’était il y a longtemps. Mon père disait que toutes les fois que vous en aviez vu une, c’était une âme qui va à ciel.
ROSE
J’aime cela. Est-ce que nous ne devons pas faire un vœu ?
Jack la regarde, et trouve qu’ils sont soudainement très proche. Il serait si facile de bouger de quelque centimètre pour l’embrasser. Rose semble penser la même chose.
JACK
Qu’est-ce que vous souhaiteriez ?
Après un instant, Rose se recule.
ROSE
Quelque chose que je ne peux pas avoir.
(elle sourit tristement)
Bonsoir, Jack. Et merci.
Elle quitte la rampe et se précipite vers l’entrée des premières classes.
JACK
Rose ! !
Mais la porte se referme, et elle s’en est allée. Repartie dans son monde.
89 INT. SUITE DE CAL / PROMENADE PRIVÉE - JOUR
DIMANCHE, 14 AVRIL 1912. C’est une belle journée. La lumière du soleil éclate à travers la promenade. Rose et Cal prennent le petit déjeuner, en silence. La tension est palpable. Trudy Bolt, dans son uniforme de bonne, verse le café et sort de la pièce.
CAL
J’avais espéré que vous viendriez me voir, hier soir.
ROSE
J’étais fatiguée.
CAL
Oui. Vos efforts au pont inférieur vous on sans doute épuisés.
ROSE
(se raidie)
Je vois, vous m’avez fait suivre par votre croque-mort de valet.
CAL
Vous ne vous comporterez plus jamais comme cela ! Est-ce que vous comprenez ?
ROSE
Je ne suis pas un contremaître d’une de vos usines que vous pouvez commander ! Je suis votre fiancée.
Cal explose et balaye la porcelaine du petit déjeuner posé sur la table avec un grand bruit. Il va vers elle. Rose est en état de choc. Il lui lance un regard noir et saisit les côtés de sa chaise, elle est piégée entre ses bras.
CAL
Oui ! Vous l’êtes ! Et ma femme... en pratique, si ce n’est pas par la loi. Donc vous devez m’honorer, comme une femme a le devoir d’honorer son mari ! Je ne me ferais pas pendre pour un idiot ! Est-ce que c’est clair ?
Rose est pétrifiée dans sa chaise. Elle voit Trudy, choquée, arrivant à travers la porte amenant le jus d’orange. Cal suit Rose de l’œil quand il se redresse. Il passe, l’air hautain, devant la bonne et entre dans la cabine privée.
ROSE
Nous... avons eu un petit accident. Je suis désolée, Trudy.
90 INT. LA SUITE DE RUTH - JOUR
Rose est habillée pour la journée, se tient au milieu de la pièce et elle aide Ruth à mettre son corset. Le fait d’être serrée dans son corset ne calme pas la fureur de Ruth.
RUTH
Tu ne reverras plus ce garçon, est-ce que tu me comprends Rose ? Je te l’interdis
Rose met un genou à la base du dos de sa mère et tire les ficelles du corset à deux mains.
ROSE
Oh ! Arrêtez, Mère. Vous allez vous donner un saignement de nez.
Ruth va à la porte, la ferme à clé.
RUTH
(se tourne vers Rose)
Rose, ce n’est pas un jeu ! Notre situation est des plus précaire. Vous savez que nous n’avons plus d’argent !
ROSE
Bien sûr que je le sais. Vous me le rappelez tous les jours !
RUTH
Ton père ne nous a laissé en héritage que de mauvaises dettes et un nom célèbre. Et ce nom est la seule carte qui nous reste.
Rose la retourne et se saisit des cordons du corset et elle tire plus fort.
RUTH
Je ne te comprends pas. Hockley, est un excellent parti, et il assurera notre survie.
ROSE
(blessée et perdue)
Comment pouvez-vous mettre cela sur mes épaules ?
Rose se tourne vers elle, et nous voyons ce que Rose voit, la peur dans les yeux de sa mère.
RUTH
Est-ce que tu veux que je travaille comme simple couturière ? Est-ce cela que tu veux ? Est-ce que tu veux voir nos belles choses vendues aux enchères, nos souvenirs éparpillés aux vents ? Mon Dieu, Rose, comment peut tu être si égoïste ?
ROSE
C’est si injuste.
RUTH
Bien sûr que c’est injuste ! Nous sommes des femmes. Nos choix ne sont jamais faciles.
Rose tire le corset encore plus fort.
91 INT. SALON PREMIERE CLASSE
Pendant le service religieux, le Capitaine Smith mène un groupe dans le cantique " Almighty father strong to save ". Rose et Ruth chantent au milieu du groupe. Lovejoy, en retrait, garde un œil sur Rose. Il remarque une agitation aux portes de l’entrée. Jack est arrêté par deux stewards. Il est habillé dans ses vêtements de troisième classe, il est debout, le chapeau à la main.
LE STEWARD
Eh ! Vous, vous n’êtes pas supposé être ici.
JACK
J’étais ici hier soir... est-ce que vous ne vous en souvenez pas ?
(Lovejoy vient vers lui)
Il vous le dira.
LOVEJOY
M. Hockley et Mme DeWitt Bukater continuent à être très reconnaissant de votre assistance. Ils m’ont demandé que je vous donne ceci pour vous remercier.
Il tend deux billets de vingt dollars que Jack refuse de prendre.
JACK
Je ne veux pas d’argent, je…
LOVEJOY
Et aussi vous rappeler que vous avez un billet de troisième classe et que votre présence ici n’est plus appropriée.
Jack aperçoit Rose mais elle ne le voit pas.
JACK
J’ai besoin de parler à Rose juste un…
LOVEJOY
Messieurs, s’il vous plaît, voyez à ce que M. Dawson retourne d’où il vient.
(donne les 20 $ aux stewards)
Et qu’il y reste.
LE STEWARD
Oui Monsieur !
(à Jack)
Viens avec nous.
Rose ne voit pas Jack se faire bousculer dehors.
ROSE (chante)
O hear us when we cry to thee for those in péril on the sea.
92 INT. LE GYMNASE - JOUR
Il y a des machines que nous reconnaissons, et quelques-unes que nous ne connaissons pas. Une femme pédale sur une bicyclette fixée au sol, en robe longue. Thomas Andrews mène un petit groupe de visiteur, qui comprend Rose, Ruth et Cal. Cal est installé sur une machine de conduite d’aviron fixé au sol qui a un système pour bien se former aux mouvements des avirons.
CAL
Cela me rappelle mes jours d’Harvard.
T.W. McCAULEY, l’instructeur du gymnase, est un petit homme rebondissant habillé de flanelles blanches, passionné par son matériel moderne. Il fait une démonstration d’un nouvel appareil. Il appui sur un bouton et une machine avec une selle commence à onduler. Rose met sa main dessus, curieuse.
MCCAULEY
Le cheval électrique est très populaire. Nous avons aussi un chameau électrique.
(à Ruth)
Voulez-vous essayer la conduite de l’aviron, m’am ?
RUTH
Ne soyez pas absurde. Je ne pense à être compétente, et je ne devrais jamais en avoir besoin, vraisemblablement.
ANDREWS
Le prochain arrêt de notre visite sera le pont. Par ici, s’il vous plaît.
93 EXT. SUR LE PONT B ET A - JOUR
Jack marche avec détermination, il est suivi attentivement par Tommy et Fabrizio. Il grimpe l’escalier pour monter rapidement au pont B et passe la barrière qui sépare la 3e de la 2e classe.
TOMMY
C’est une déesse parmi des hommes mortels, il n’y a aucun doute. Mais elle vie dans un autre monde, Jackie, oublies-la. Elle a fermé la porte.
Jack se déplace furtivement en dessous du mur du pont promenade A.
JACK
C’est eux, pas elle.
(jette un coup d’œil autour du pont )
Prêt... Go.
Tommy secoue sa tête avec résignation, joint ses mains et s’accroupit. Jack met ses pieds dans les mains de Tommy et est levé jusqu’au prochain pont, où il monte sur la rampe du pont de la première classe avec agilité.
TOMMY
Il n’est pas logique.
FABRIZIO
Amore c’est pas logique.
94 EXT. PONT- JOUR
Un homme joue avec son fils qui tourne une toupie avec une ficelle. Le pardessus de l’homme et son chapeau sont sur une chaise tout près du pont. Jack émerge de derrière une des grues du pont et tranquillement ramasse le manteau et le chapeau du joueur. Il part, se glisse dans le manteau, et lisse les cheveux en arrière avec de la salive. Il met le chapeau d’une façon désinvolte. De loin il pourrait passer pour un gentleman.
95 INT. PONT / SALLE DES CARTES - JOUR
HAROLD BRIDE le Jeune Opérateur de TSF, bouscule et contourne le groupe de visiteur d’Andrews pour donner à Smith un Marconigram.
BRIDE
Un autre signalement d’iceberg, Monsieur. Celui-ci vient du Baltique.
SMITH
Merci Bride
Smith jette un coup d’œil au message et, nonchalamment le met dans sa poche. Il fait un signe de tête à Rose et au groupe d’une manière rassurante.
SMITH
Pas de quoi s’inquiéter, c’est assez normal à cette période de l’année. En fait, nous accélérons. Je viens juste de faire allumer les dernières chaudières.
Andrews se renfrogne avant de faire signe au groupe. Ils sortent de même que LE DEUXIÈME OFFICIER CHARLES HERBERT LIGHTOLLER sort de la salle des cartes et s’arrête à côté du PREMIER OFFICIER MURDOCH.
LIGHTOLLER
Est-ce que nous avons trouvé ces jumelles pour le guet ?
MURDOCH
Pas vus depuis Southampton.
96 EXT. PONT DU BATEAU / COTE TRIBORD - JOUR
Andrews mène le groupe le long du pont.
ROSE
M. Andrews, j’ai fait le calcul dans ma tête, avec le nombre de personne à bord et le nombre de canots de sauvetage avec la capacité vous avez mentionné... pardonnez-moi, mais il n’y a pas assez de place pour tout le monde à bord.
ANDREWS
Il en manque environ la moitié, Rose, rien ne vous échappe ! En fait, j’ai mis ces nouveaux types de bossoirs qui peuvent prendre encore une rangée de plus de canots ici.
(il fait des gestes le long du pont)
Mais il a été pensé... par quelques-uns... que le pont serait trop encombré. Donc je n’ai pas été écouté.
CAL
(tape le côté d’un canot)
Cela aurait été un gaspillage d’espace, puisque ce bateau est insubmersible !
ANDREWS
Dormez tranquillement, jeune Rose. Je vous ai construit un bon bateau, fort et vrai. Il est le seul canot de sauvetage dont vous avez besoin.
Comme ils passent le canot 7, un homme quitte la rampe et marche derrière le groupe. C’est Jack. Il tapote Rose sur le bras, elle tourne et sursaute. Il fait signe et elle quitte le groupe et va vers une porte que Jack tient ouverte. Ils s’esquivent dans le...
97 INT. LE GYMNASE - JOUR
Jack ferme la porte derrière elle, et jette un coup d’œil dehors à travers la fenêtre vers la rampe de tribord où l’instructeur du gymnase bavarde avec la femme qui faisait du vélo. Rose et Jack sont seuls dans la pièce.
ROSE
C’est impossible. Je ne peux pas vous voir.
Il la prend par les épaules.
JACK
Rose, vous n’êtes pas cadeau... vous êtes une petite gosse trop gâté, mais sous ça, vous êtes forte avec un cœur pur, et vous êtes la plus étonnante, la plus renversante fille que j’ai jamais rencontré et...
ROSE
Jack, Je...
JACK
Attendez, Laissez-moi essayer de vous dire ça. Vous êtes étonnante... et je sais que je n’ai rien à vous offrir, Rose. Je sais cela. Mais je suis concerné maintenant. Vous sautez, je saute, vous vous souvenez ? Je ne peux pas me détourner sans savoir que vous irez bien.
Rose sent les larmes qui lui montent aux yeux. Jack est si ouvert et si vrai... comme personne ne l’a jamais été avec elle.
ROSE
Ne vous en faites pas. J’irai bien. Vraiment.
JACK
Je ne le pense pas. Ils vous ont pris au piège dans un pot de verre comme un papillon, et vous aller mourir si vous ne le cassez pas. Peut-être pas immédiatement, parce que vous êtes fort. Mais tôt ou tard le feu en vous va s’éteindre.
ROSE
Il ne dépend pas de vous de me sauver, Jack.
JACK
Vous avez raison. Seulement vous, vous pouvez le faire.
ROSE
Je dois partir, ils me chercheront. S’il vous plaît, Jack, pour l’amour de dieu, laissez moi seul.
98 INT. - SALON DE LA PREMIERE CLASSE \ JOUR
C’est la pièce la plus élégante sur le bateau, faite dans le style Louis Quinze, Versailles. Rose s’assied sur un divan, avec un groupe d’autres femmes autour d’elle. Ruth, la Comtesse de Rothes et Dame Duff-Gordon prennent le thé. Rose est silencieuse et immobile comme une figurine de porcelaine.
RUTH
Les invitations ont bien sûr dû être renvoyées deux fois aux imprimeurs. Et les robes des demoiselles d’honneur ! Laissez-moi vous dire que cela a été une odyssée...
Rose regarde une mère et sa fille qui prennent le thé à une table proche. La petite fille de 4 ans, porte des gants blancs, ramasse un biscuit délicatement. La mère corrige son attitude, et la façon de tenir sa tasse de thé. La petite fille essaie si fort de lui faire plaisir, son expression est sérieuse. Une vision momentanée de Rose à cet âge, la douleur de devenir une geisha.
Rose tranquillement et délibérément renverse sa tasse de thé sur elle qui se répand sur sa robe.
ROSE
Oh ! Regardez ce que j’ai fait.
99 EXT. TITANESQUE - JOUR
Le titanic se déplace à toutes vapeurs vers les USA, dans la lumière du crépuscule, comme s’il était allumé par les cendres ardentes d’un feu géant. Jack est à la proue, au point culminant de la rampe, son plaisir favori. Il ferme les yeux et laisse le vent froid flotter sur sa tête.
Jack entend une voix, derrière lui...
ROSE
Bonjour, Jack.
Il se tourne et Rose se trouve là.
ROSE
J’ai changé d’avis.
Il lui sourit, ses yeux la boivent. Ses joues sont rougies par le vent froid, et ses yeux étincellent. Ses cheveux balayés par le vent sur son visage d’une manière extravagante.
ROSE
Fabrizio m’a dit que vous seriez ici...
JACK
Sssshh. Venez ici.
Il met ses mains sur sa taille. Comme s’il allait l’embrasser.
JACK
Fermez vos yeux.
Elle le fait, il la fait tourner vers l’avant du bateau. Il l’appuie doucement sur la rampe et se met debout juste derrière elle. Alors il prend ses deux mains et les élèvent jusqu’à ce qu’elle se trouve les bras étendus de chaque côté. Rose se laisse faire. Quand il baisse ses mains, les bras de Rose reste en haut... comme des ailes.
JACK
Ouvrez-les yeux.
Rose sursaute. Il n’y a rien dans son champ de vision, que de l’eau. C’est comme s’il n’y avait aucun bateau sous eux, seulement eux deux qui s’élèvent. L’Atlantique se déroule vers elle, un bouclier de cuivre martelé sous un ciel de crépuscule. Il y a seulement le vent, et le sifflement de l’eau 50 pieds au-dessous.
ROSE
Je vole !
Elle s’appuie en avant et se cambre. Il met ses mains sur sa taille pour assurer son équilibre.
JACK
(chante doucement)
Viens Josephine dans ma machine qui vole...
Rose ferme les yeux, elle se sent flotter légèrement au-dessus de la mer. Elle sourit rêveusement, alors elle s’appuie en arrière doucement contre sa poitrine. Il s’avance contre elle légèrement. Lentement il élève ses mains, les bras étendus, ils rencontrent le bout de ses doigts qui se touchent doucement. Alors leurs doigts s’entrelacent. Ils se déplacent lentement, leurs doigts se caressent l’un l’autre, comme les corps de deux amants. Jack avance son visage dans ses cheveux défait par le vent, sentant son parfum sur lui, jusqu’à ce que sa joue soit contre son oreille. Rose tourne la tête jusqu’à ce que ses lèvres soient près des siennes. Elle baisse les bras et se tourne plus, jusqu’à ce qu’elle trouve sa bouche avec la sienne. Il l’enlace, ils s’embrassent, elle se donne à lui, à l’émotion, à l’inévitable. Ils s’embrassent, lentement et timidement, et alors se construit la passion. Jack et le bateau paraissent fondre dans une force de pouvoir et d’optimisme qui la soulève, la transporte comme sur un tapis magique.
100 DANS LE GUET
En haut au-dessus d’eux, Le guetteur FREDERICK FLEET donne un coup de coude à son compagnon, REGINALD LEE, pointant du doigt la proue.
FLEET
Si seulement j’avais des jumelles.
102 INT. LE KELDYSH / SALLE VIDEO
Rose cligne des yeux et revient au présent. Elle voit l’accident sur l’écran, le bateau fantôme, profondément échoué dans l’abîme.
ROSE AGEE
C’est la dernière fois que le Titanic a vu la lumière du jour.
Brock Lovett change la bande du mini enregistreur.
BROCK
Donc nous sommes au crépuscule de la nuit du naufrage. Il lui reste six heures.
BODINE
Est-ce que vous voyez ça ? Il y a Smith, planté là avec le signalement de l’iceberg dans sa putain de main.
(se souvient de Rose)
... excusez-moi... dans sa main, et il la range dans sa poche.
BROCK
Ces 26 années d’expérience travaille contre lui. Il ne se figure pas qu’un aussi grand bateau puisse couler. Ils n’auront pas le temps de virer. Le bateau est trop grand, le gouvernail trop petit... ce ne peut pas être autrement, merde ! !. Tout ce qu’il sait est faux.
Rose ignore cette conversation. Elle tient le peigne avec le papillon de jade sur le manche, le fait tourner lentement. Elle regarde un moniteur qui montre les ruines de la suite B-52/56.
TRANSITION : 103 INT. LA SUITE DE ROSE
... 1912. Comme dans un rêve la belle boiserie et la tapisserie d’ameublement de satin émergent de l’épave rouillée. Jack est stupéfié par l’opulence de la pièce. Il pose son carnet de croquis et son matériel de dessins sur la table de marbre.
ROSE
Est-ce que cette lumière ira ? Est-ce que les artistes n’ont pas besoin d’une bonne lumière ?
JACK
(accent français mauvais)
C’est vrai, je ne suis pas habitué à travailler dans des conditions aussi orreeble.
(voit les tableaux)
Hé... Monet !
Il s’accroupit à côté des tableaux empilés contre le mur.
JACK
N’est il pas grand... l’usage de la couleur ? Je l’ai vu une fois... à travers un trou du grillage de son jardin à Giverny.
Elle va dans le placard de l’armoire. Il la voit allez au coffre-fort et commencé à entrer la combinaison. Il est fasciné.
ROSE
Cal insistent pour emmener cette chose partout.
JACK
On doit s’attendre à le voir arriver d’un moment à l’autre ?
ROSE
Pas avant que les cigares et le brandy soient fini.
CLUNK ! Elle déverrouille le coffre-fort. Jette un coup d’œil dans le miroir derrière le coffre-fort et voit les yeux de Jack. Elle l’ouvre et enlève le collier, alors elle le tend à Jack qui le prend nerveusement.
JACK
Qu’est-ce que c’est ? Un saphir ?
ROSE
Un diamant. Un diamant très rare, il a été appelé le Cœur de l’Océan.
Jack regarde la richesse au-delà de sa compréhension.
ROSE
Je veux que vous me dessiniez comme une de vos Françaises.
(elle lui sourit)
Juste avec ce bijou
Il la regarde, surpris.
104 INT. LA CHAMBRE 4 ROSE.
Rose retire le peigne de ses cheveux. Elle secoue la tête et ses cheveux tombent autour de ses épaules.
105 DANS LE SALON
Jack taille ses crayons comme des outils chirurgicaux. Son carnet à croquis est ouvert et prêt. Il lève les yeux quand elle entre dans la pièce, elle porte un kimono de soie.
ROSE
La dernière chose dont j’ai encore besoin est une image de moi qui ressemble à une poupée de porcelaine. Comme une cliente payante, je m’attends à obtenir ce que je veux.
Elle lui tend une pièce et recule. Les reflets de la pierre bleus sur sa poitrine laiteuse. Son cœur bat comme elle baisse le Kimono lentement. Jack la regarde, frappé, c’est presque drôle. Le kimono tombe au sol.
ROSE
Dites-moi comment je dois prendre la pose.
Elle s’allonge sur le divan, comme un chat à sa place, nous nous souvenons du dessin...
JACK
Uh... courbez votre jambe gauche un petit peu et... et baissez votre tête. Les yeux vers moi.
Jack commence à dessiner. Il fait tomber son crayon et elle étouffe un rire.
ROSE
Je crois que vous rougissez, monsieur le grand artiste. Je ne peux pas imaginer Monsieur Monet rougir.
JACK
(transpire)
Il fait des paysages.
Les yeux de Jack apparaissent sur le sommet de son carnet à dessin. Nous avions vu cette image de lui auparavant, dans la mémoire de Rose sur le Keyldish. C’est une image qu’elle gardera le reste de sa vie. En dépit de sa nervosité, il dessine avec des coups sûrs, et ce qui émerge est la meilleure chose qu’il n’a jamais faite. Sa pose est languissante, et de ses yeux rayonnent son énergie.
TRANSITION : 106 INT. LE KELDYSH / SALLE VIDEO
Rose, 101 ans, seul ses yeux sont les mêmes.
ROSE
Mon cœur n’a pas cessé de battre. C’était le moment le plus érotique de ma vie... Au moins jusqu’à cet instant.
Un demi-cercle d’auditeurs la dévisagent dans le silence enthousiaste. L’histoire de Jack et Rose les a attrapés finalement, et complètement.
BODINE
Qu’est-ce qui c’est passé ensuite ?
ROSE AGEE
(sourit)
Qu’est-ce que vous voulez dire, est-ce que nous l’avons fait ?
107 INT. LA SUITE DE ROSE - NUIT
Jack signe le dessin. Rose porte encore son kimono et s’appuie sur son épaule pour regarder le dessin
ROSE AGEE(V.O.)
Désolé de vous décevoir M. Bodine.
Rose regarde le dessin. Il a saisi son âme.
ROSE
Datez-le, Jack. Je veux toujours me souvenir de cette nuit.
Il écrit : 14/4/1912. Rose pendant ce temps gribouille une note sur un morceau de papier a l’emblème du Titanic . Nous ne voyons pas ce qu’elle écrit. Elle accepte le dessin de Jack, et va au coffre-fort de l’armoire.
Elle remet le diamant dans le coffre-fort et place le dessin et la note au-dessus. Elle ferme la porte, CLUNK !
108 INT.LE FUMOIR DE LA 1ERE CLASSE - NUIT
Lovejoy entre du Court du jeu de Paume, faisant tourner la porte et traverse la pièce vers Hockley. Un feu flambe dans la cheminée de marbre, et les habituées sont des joueurs de cartes qui boivent et parlent. Cal voit Lovejoy, se détache de son groupe et vient à lui.
LOVEJOY
Aucun des stewards ne l’a vue.
CAL
(bas mais plein de force)
C’est ridicule, Lovejoy. Trouvez-la.
109 EXT. L’ATLANTIQUE - NUIT
Le TITANIC glisse à travers une mer anormalement, noire et calme comme une mare d’huile. Les lumières des bateaux sont reflétées dans l’eau noire presque parfaitement. Le ciel brille d’étoiles. Une météore trace une ligne claire à travers les cieux.
110 SUR LE PONT
Le capitaine Smith observe la noirceur a l’avant du bateau. L’OFFICIER HITCHINS lui apporte une tasse de thé chaud avec du citron. Le second Officier Lightoller est à côté de lui et cherche à voir d’éventuelles plaques de glace sur l’Atlantique.
LIGHTOLLER
Je ne pense pas n’avoir jamais vu un tel calme plat, en 24 années de mer.
SMITH
Oui, c’est un vrai lac. Pas un souffle de vent.
LIGHTOLLER
Cela va rendre les icebergs plus dur à voir, s’il n’y à pas de vagues à la base.
SMITH
Mmmmm. Bien, je vais dormir. Maintenez la vitesse et le cap, M. Lightoller.
LIGHTOLLER
Oui Monsieur.
SMITH
Et réveillez-moi bien sûr, si n’importe quoi arrive.
111 INT. SUITE DE ROSE ET LA SUITE DE CAL
Rose, est complètement habillée maintenant, elle retourne au salon. Ils entendent une clef dans la serrure. Rose prend la main de Jack et le mène à travers les chambres, silencieusement. Lovejoy entre par la porte du salon.
LOVEJOY
Mlle Rose ? Bonjour ?
Il entend une porte qui s’ouvre et traverse la chambre de Cal vers celle de Rose
112 INT. COULOIR À L’EXTÉRIEUR DE SUITE
Rose et Jack sortent de la cabine privée et ferment la porte. Elle le mène rapidement le long du couloir vers le pont B. Ils ont traversé la moitié du couloir quand la porte du salon s’ouvre et que Lovejoy en sorte. Le valet de chambre voit Jack avec Rose et court après eux.
ROSE
Venez !
Elle et Jack partent dans une course effrénée qui surprennent quelque dames et messieurs. Rose le mène devant l'escalier de l’entrée des ascenseurs. Ils rentrent dans un des ascenseurs en bousculant le liftier.
ROSE
Descendez-nous. Vite, vite !
Le liftier se rue à l’intérieur pour obéir. Jack l’aide même à fermé les portes d’acier. Lovejoy arrive quand l’ascenseur commence à descendre. Il frappe sur les barres de la grille. Rose fait un geste très obscène et peu distingué, et elle rit en voyant Lovejoy disparaître de sa vue. Le liftier en reste bouche bée
113 INT. LE PONT E / ASCENSEURS
Lovejoy émerge d’un autre ascenseur et court à celui ou Jack et Rose étaient. Le liftier ferme juste la barrière pour remonter, Lovejoy court autour des ascenseurs et regarde les entrées... pas de Jack ni de Rose. Il essaie l’escalier qui descend vers le pont F
114 INT. COULOIR DU PONT F
C’est un espace fonctionnel, avec accès à plusieurs machines (pièces du ventilateur, compresseurs de la chaudière). Jack et Rose s’appuient contre un mur, ils rient.
JACK
Dur à cuire pour un valet de chambre, ce gars là.
ROSE
C’est un ex-Flic. Le père de Cal l’a embauché pour laisser Cal hors de tout problème... s’assurer qu’il retourne toujours à l’hôtel avec son portefeuille, après quelques virer à travers les parties moins honorables de la ville...
JACK
Comme nous le faisons maintenant !
Lovejoy les a aperçus au croisement d’un couloir tout près. Il se rue vers eux. Jack et Rose courent et tournent dans une allée sombre. Il y a une porte, marquée équipage seulement, et Jack s’y précipite
115 LA PIECE DES VENTILATEURS
Ils entrent dans la pièce, sans sortie sauf une échelle qui descend. Jack met la serrure de sûreté sur la porte, et Lovejoy claque contre elle un moment plus tard. Jack sourit à Rose, lui indiquant l’échelle.
JACK
Après vous, ma’mselle.
116 INT. CHAUFFERIE CINQ ET SIX
Jack et Rose descendent l’échelle et regardent tout autour étonnés. C’est comme une vision de l’enfer, avec les rugissantes chaudières et les visages noirs qui s’agitent dans la fumée incandescente. Ils courent le long de la chaufferie et esquivent des chauffeurs étonnés, et des ouvriers avec leurs brouettes de charbon.
JACK
(cri dans le vacarme)
Continuez ! Ne faites pas attention à nous !
Ils traversent la porte étanche ouverte et entre dans la chaufferie Six. Jack l’emmène entre deux chaudières et ils s’enlacent dans le noir, hors de vue de l’équipage qui travaille. Ils regardent des ombres, ils voient les chauffeurs qui travaillent dans l’incandescence infernale, les pelleteurs approvisionnent en charbon les gueules insatiables des chaudières. Toute la place tonne sous le rugissement des feux.
117 INT. LE FUMOIR DE LA 1ERE CLASSE
Cal s’assied à un jeu de cartes et sirote un brandy
COLONEL GRACIE
Nous allons à un train d’enfer. J’ai cinquante dollars qui disent que nous serons à New York mardi soir !
Cal regarde sa montre de poche en or, il a une mine renfrognée, il n’écoute pas.
119 INT. LA CHAUFFERIE SIX
Les chaudières rugissent et se profilent les silhouettes des chauffeurs. Jack embrasse le visage de Rose, goûte la sueur qui tombe goutte à goutte sur son front. Ils s’embrassent passionnément dans l’obscurité.
120 INT. CALE #2
Jack et Rose entrent, courent en riant entre les rangées de la cargaison empilée. Elle est saisie par le froid, après la chaleur humide de la chaufferie. Ils tombent sur la nouvelle voiture de tourisme de William Carter de marque RENAULT. Elle ressemble à un carrosse royal de conte de fées, sa coupe de cuivre, ses phares et sa couleur bordeaux invitent à voyager agréablement. Rose grimpe sur le siège arrière, somptueusement recouvert, et agit très royalement. Des vases en cristal sont disposés à l’intérieur de la voiture, chacun d’eux contient une rose. Jack saute sur le siège du conducteur, il aime sentir l’odeur du cuir et du bois.
JACK
Où va t-on, Mademoiselle ?
ROSE
Dans les étoiles.
Comme des mains sorties de l’ombre, elle le tire sur le siège arrière. Il arrive à côté d’elle, et son souffle paraît bruyant dans l’obscurité tranquille. Il la regarde et elle sourit. C’est le moment de vérité.
JACK
Est-ce que vous êtes nerveuse ?
ROSE
Au contraire, mon cher. Note :En français dans le texte
Il caresse son visage tant aimé. Elle embrasse les doigts de son artiste.
ROSE
Pose tes mains sur moi Jack.
Il l’embrasse, et elle glisse dans le siège sous son poids bienvenu.
121 INT. LA PIÈCE DE TSF
L’intervalle des étincelles de l’instrument Marconi de l’OPÉRATEUR JACK PHILLIPS (24 ans) sont rapides comme il émet un message. L’Opérateur Bride regarde à travers le tas énorme de messages extravagants qui les inondent.
BRIDE
Regarde celui-ci, il veut que son train privé vienne à sa rencontre. Avec tout cela nous en aurons pour toute la nuit.
Phillips commencent à recevoir un message qui vient d’un bateau proche, le cargo CALIFORNIAN qui bloque son signal. À tel point qu’il le ferme, les signaux sonores l’assourdissent.
PHILLIPS
Bon dieu ! C’est cet idiot sur le Californian.
En jurant, Phillips tape furieusement sur la clef comme en réprimande.
122 INT. / EXT. CARGO CALIFORNIAN POSTE DE TSF
L’opérateur, CYRIL EVANS, retire son écouteur de son oreille car l’étincelle du Titanic l’assourdit. Il traduit le message pour le TROISIÈME OFFICIER GROVES.
EVANS
L’enfant de salaud. J’essaie de le prévenir à propos des icebergs, et il dit "Taisez-vous. Je suis en ligne avec Cape Race. "
GROVES
Qu’est-ce qu’il envoie maintenant ?
EVANS
"Aucun mal de mer. L’affaire est dans le sac. Al". Eh ! Bien, j’en ai assez, je coupe.
Comme Evans, fatigué, éteint son générateur, Groves sort sur le pont. Le bateau est arrêté à cinquante yards du bord d’un champ de glace et d’icebergs qui s’étendent à perte de vue.
123 EXT. L’OCÉAN / TITANIC
Le Titanic, lancé à grande vitesse, fume à travers l’obscurité, et projette sur les côtés de la proue une eau blanche.
124 INT. CALE #2
La fenêtre arrière de la Renault est complètement embrumée. La main de Rose monte et claque contre le verre ,en laissant une empreinte dans le voile de condensation.
À l’intérieur de la voiture, le pardessus de Jack leur sert de couverture. Il remue et Rose le baisse. Ils se sont blottis sous lui, entrelacés, encore principalement vêtu. Leurs visages sont face à face et ils se regardent l’un l’autre pensivement. Elle met sa main sur son visage, comme pour s’assurer qu’il est vrai.
ROSE
Tu trembles.
JACK
Je vais bien.
Il met sa joue contre sa poitrine.
JACK
Je peux sentir les battements de ton cœur.
Elle étreint sa tête contre sa poitrine.
ROSE AGEE(V.O.)
Bien, je n’étais pas la première fille adolescente à être séduite sur le siège arrière d’une voiture, et certainement pas la dernière. Il avait des mains tellement délicates, des mains d’artistes, mais forte aussi... rendues rugueuses par le travail. Je me souviens encore de leurs contact maintenant.
125 EXT. L’ATLANTIQUE / TITANESQUE - NUIT
Sur le mât avant et dans le demi cylindre minuscule du nid du guet, se trouvent Fleet et Lee. Ils tapent du pied et balancent leurs bras, essayant de se réchauffer à cause du vent glacé qui fouette leur visage
FLEET
Je peux sentir la glace, tu sais, quand elle est proche.
LEE
Foutaises !
FLEET
Si je peux.
126 INT. LA CHAUFFERIE SIX
Sans entendre les paroles, qui sont couverte par le rugissement des chaudières, nous voyons les chauffeurs qui indiquent à 2 stewards le chemin que Rose et Jack ont pris. Les stewards se dirigent vers l’endroit indiqué.
127 INT. LA SUITE DE CAL
Cal se trouve devant le coffre-fort ouvert. Il regarde le dessin de Rose et son visage est crispé. Il lit le message "chéri, MAINTENANT VOUS POUVEZ NOUS ENFERMEZ DANS VOTRE COFFRE TOUS LES DEUX, ROSE ". Lovejoy, est debout derrière lui et jette un coup d’œil, par-dessus son épaule, sur le dessin. Cal chiffonne le message de Rose, il prend le dessin comme s’il allait le déchirer en deux. Il se raidit pour le faire, puis il s'arrête.
CAL
J’ai une meilleure idée.
128 INT. CALE #2 - NUIT
Les deux stewards entrent. Ils ont des torches électriques et font jouer les faisceaux autour de la soute. Ils voient la Renault avec de la buée en haut de la fenêtre arrière et s’approchent lentement. À l’extérieur la torche éclaire l’empreinte passionnée de la main de Rose. D’un coup les stewards ouvrent la porte.
UN STEWARD
On vous tient !
Le siège arrière est vide.
129 EXT. PONT AVANCÉ ET LE NID DE GUET - NUIT
Rose et Jack, complètement habillés, traversent une porte qui mène sur le pont. Ils peuvent à peine se tenir debout tant ils rient. Au-dessus d’eux, dans le nid du guet, le guetteur Fleet entend le bruit en dessous et regarde sur le pont où il peut voir deux personnes s’étreindrent. Jack et Rose sont debout enlacés. Leurs haleines forment un nuage autour d’eux car maintenant l’air est glacial, mais ils ne sentent même pas le froid.
ROSE
Quand le bateau arrivera, Je pars avec toi.
JACK
C’est fou.
ROSE
Je sais. Ca n’a pas de sens. C’est pourquoi j’ai confiance.
Jack la tire vers lui et l’embrasse fougueusement.
130 DANS LE NID DE GUET
Coups de coude de Fleet à Lee.
FLEET
En bas... regarde ça.
LEE
Ils ont sûrement plus chaud que nous.
FLEET
Bien, si c’est ce qu’il faut faire pour avoir chaud, compte pas sur moi.
Ils se mettent à rire. C’est l’expression de Fleet qui change en premier. Il jette un coup d’œil devant, il ouvre des yeux ronds. Il devient blême. Il voit, un iceberg massif droit dans leur trajectoire, 500 yards devant.
FLEET
Bordel de merde ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
Fleet tend la main et sonne la cloche du guet trois fois, il attrape le téléphone et appelle le pont. Il attend des secondes précieuses qu’on lui réponde, il ne perd jamais des yeux la masse noire devant lui.
FLEET
Répondez, enfants de salaud.
131 INT. / EXT. LE PONT
FLEET (V.O.)
Il y a quelqu’un ici ?
MOODY
Oui. Qu’est-ce que vous voyez ?
FLEET
Iceberg droit devant !
MOODY
Merci
(à Murdoch)
Iceberg droit devant !
Murdoch le voit et se précipite au moteur du télégraphe. Il hurle au Quartier maître HITCHINS, qui est au gouvernail le signale "ARRIERE TOUTE"
MURDOCH
Barre à tribord.
MOODY
( debout derrière Hitchins)
Barre à tribord. La barre est difficile à tourner, Monsieur.
132 ACCIDENT SÉQUENCE / SÉRIE DE COUPES :
L’ingénieur principal Bell vérifie juste la soupe qui chauffe sur la vapeur des tuyaux quand le bruit métallique du moteur du télégraphe, va... incroyablement... sur ARRIÈRE TOUTE. Lui et les autres se regardent une seconde, incrédule. Alors Bell réagit.
BELL
Arrière toute ! ARRIÈRE TOUTE ! !
Les ingénieurs et graisseurs ferment, comme des fous, les valves de vapeur ce qui freinent les arbres de transmission puissants, grand comme des séquoias, pour s’arrêter.
133 CHAUFFERIE SIX,
Le chauffeur principal FREDERICK BARRETT se trouve avec le 2e ingénieur JAMES HESKETH quand la lumière d’avertissement de l’indicateur d’arrêt s’allume en rouge.
BARRETT
Fermez tous les foyers ! Fermez-les ! !
134 DU PONT :
Murdoch regarde l’iceberg qui grandit... droit devant. La proue commence enfin à virer à gauche. La mâchoire de Murdoch est serrée, la proue tourne avec une lenteur agonisante. Il retient son souffle.
135 DANS LE NID DU GUET
Frederick Fleet se cramponne.
136 LA PROUE DU BATEAU touche l’iceberg KRUUUNCH ! ! Le bateau le frappe à tribord.
137 SOUS-L’EAU
La glace casse les plaques de la coque en acier. L’iceberg frappe et égratigne le long du côté du bateau. Les rivets sautent quand la plaque de l’acier de la coque fléchit sous la charge.
138 CALE #2
Les deux stewards chancellent quand la coque se plie de quatre pieds avec un bruit de tonnerre. Comme une massue qui tape le long de l’extérieur du bateau, l’iceberg fend les plaques de la coque et la mer s’engouffre en masse, les balayant. L’eau glacée tourbillonne autour de la Renault quand les hommes montent à l’escalier.
139 PONT G
Fabrizio est jeté de sa couchette par l’impact. Il entend un bruit tel le cri perçant, grandement amplifié, d’un patin sur la glace.
140 CHAUFFERIE SIX
Barret et Hesketh chancellent quand ils entendent le tonnerre de la collision. Ils voient le côté tribord du bateau se courber vers eux et leurs pieds sont presque balayés par l’eau qui envahit le sol.
141 SUR LE PONT DU PUITS AVANCÉ
Jack et Rose arrêtent de s’embrasser et regardent avec surprise l’iceberg passé devant eux, cachant le ciel comme une montagne. Des fragments de glace cassent et s’écrasent sur le pont, et ils doivent sauter en arrière pour les éviter.
142 SUR LE PONT
Murdoch sonne l’alarme des portes étanches. Il se jette rapidement sur le bouton, qui les ferme.
MURDOCH
Barre à bâbord !
Estimant que l’iceberg est au milieu du navire, il essaie de dégager l’arrière.
143 BARRETT ET HESKETH entendent l’alarme de la porte et se ruent à travers l’eau tourbillonnante vers la porte étanche entre les chaufferies 6 et 5. La pièce est pleine de vapeur car la mer froide frappe les chaudières rougies. Barrett hurle aux mécaniciens de passer la porte qui descend comme une guillotine lente.
BARRETT
Allez, les gars ! Allez ! Allez !
Il plonge à l’intérieur de la chaufferie 5 juste avant que la porte ne se referme dans un grondement.
144 JACK ET ROSE courent à la rampe de tribord juste à temps pour voir l’iceberg longer le côté du bateau vers l’arrière.
145 dans sa cabine privée, entouré par des piles de plans, prenant des notes dans son carnet, Andrews est attiré par le son d’une lampe en cristal, teintant comme un carillon. Il sent la vibration traversée le bateau. Et nous voyons dans son regard : trop de son âme est dans ce grand bateau, qu’il la ressent comme une blessure mortelle.
146 LE FUMOIR DE LA PREMIERE CLASSE
Gracie regarde son verre de whisky qui vibre sur la table.
147 DANS LE SALON DU JEU DE PAUME aux hautes fenêtres voûtées, Molly Brown lève son verre au passage d’un serveur.
MOLLY
Hé ! Est-ce que je peux avoir de la glace, s’il vous plaît ?
Silencieusement, un mur de glace en mouvement emplit la fenêtre derrière elle. Elle ne le voit pas. Il disparaît à l’arrière.
149 DANS LE NID DU GUET
Fleet se tourne vers Lee...
FLEET
Eh ! Bien mon vieux... Nous l’avons rasé de près.
LEE
Tu peux sentir la glace ? Eh, connard !
150 INT. / EXT. LE PONT
L’alarme sonne encore stupidement et semble refléter son état intérieur. Murdoch est en état de choc, incapable de comprendre ce qui s’est passé. Il a mené le plus grand bateau de l'histoire, dans un iceberg, pour son voyage inaugural.
MURDOCH
(raidement, à Moody)
Notez l’heure. Notez-le dans le journal de bord.
Le capitaine Smith se rue hors de sa cabane, sur le pont.
SMITH
Qu’est-ce que c’était que ce bruit, M. Murdoch ?
MURDOCH
Un iceberg, Monsieur. J’ai fait virer la barre à tribord et inverser les machines pour virer à gauche mais l’iceberg était trop près. J’ai essayé de le contourner, mais il a touché... et je…
SMITH
Fermez les portes de secours.
MURDOCH
Les portes sont fermées.
Ensemble ils courent vers le côté tribord, et Murdoch montre du doigt. Smith examine, dans l’obscurité, l’arrière du bateau, alors il se tourne vers le QUATRIÈME OFFICIER BOHALL.
SMITH
Trouvez le charpentier et dites-lui de sonder le bateau.
151 INT. PONT G AVANT
Dans l’entrepont, Fabrizio sort dans le couloir pour voir ce qui ce passe. Il voit une douzaine de rats qui courent devant lui dans le couloir et fuient l’inondation. Fabrizio saute par-dessus.
FABRIZIO
Ma—cazzo du che !
152 DANS SA CABINE PRIVÉE
Tommy saute du haut de sa couchette dans l’obscurité. SPASH ! !
TOMMMY
Bon sang !
Il allume la lumière. Le sol est recouvert de 3 pouces d’eau glacée, et il en vient d’autre. Il tire la porte, et sort dans le couloir qui est inondé. Fabrizio court vers lui, en hurlant quelque chose en italien. Tommy et Fabrizio commencent à taper sur les portes et tout le monde se lève et sort dehors. L’alarme se propage en plusieurs langues.
153 INT. COULOIR 1ère CLASSE/ PONT A
Un couple est sortie dans le couloir en peignoir et pantoufles. Un steward se dépêche pour venir vers eux et les rassure.
LA FEMME
Pourquoi est-ce que les moteurs sont arrêtés ? J’ai ressenti un tremblement.
LE STEWARD #1
Ne vous faites pas de souci, m’dam. Nous avons perdu une pale d’hélice c’est ça le tremblement que vous avez senti vraisemblablement. Est-ce que je peux vous apporter quelque chose ?
Thomas Andrews les frôle, il marche vite et porte à plein bras les plans enroulés du bateau.
154 EXT. PONT AVANT
Jack et Rose s’appuient sur la rampe de tribord, ils regardent la coque du bateau.
JACK
Ca paraît bon. Je ne vois rien.
ROSE
Est-ce qu’il aurait pu endommager le bateau ?
JACK
Il ne semble pas y avoir eu trop de dégâts. Je suis sûr que tout est OK !
Derrière eux, deux types de l’entrepont donnent des coups de pied dans la glace en s’amusant.
155 INT. L’ENTREPONT AVANT
Fabrizio et Tommy sont dans une foule d’hommes de 3ème classe qui encombrent les couloirs et se dirigent à l’arrière du bateau loin de l’inondation. Beaucoup sont charger de valises et de sacs marins, quelques-uns sont trempés.
TOMMY
Si c’est la direction que les rats ont pris, c’est assez bon pour moi.
156 INT. COULOIR SUR LE PONT B
Bruce Ismay, habillé d’un pyjama sous son pardessus, se dépêche de descendre le couloir, pour se dirigé vers la passerelle. Le steward Barnes vient dans l’autre direction et encourage le peu de passagers inquiets à retourner dans leurs cabines.
STEWARD BARNES
Il n’y a aucune cause à l’alarme. S’il vous plaît, retournez dans vos cabines.
Il est arrêté en chemin par Cal et Lovejoy.
STEWARD BARNES
S’il vous plaît, Monsieur. Il n’y a pas d’urgence…
CAL
Si, il y en a une, j’ai été volé. Maintenant, amenez-moi le commissaire de bord. Tout de suite, crétin !
157 INT. PASSERELLE / SALLE DES CARTES
Smith examine "l’indicateur de bande". Il se tourne vers Andrews qui est debout derrière lui.
SMITH
Cinq degrés, en moins de dix minutes.
Le charpentier du bateau JOHN HUTCHINSON entre derrière lui, essoufflé et clairement déconcerté.
HUTCHINSON
L’eau monte vite... dans le réservoir du "peak avant" et dans les cales avant, ainsi que dans la chaufferie six.
Ismay entre, il se déplace rapidement avec colère et frustration. Smith lui jette un coup d’œil, contrarié.
ISMAY
Pourquoi somme nous arrêté ?
SMITH
Nous avons heurté un iceberg.
ISMAY
Bien. Est-ce que vous pensez que le bateau est sérieusement endommagé ?
SMITH
(lance un regard furieux)
Excusez-moi.
Smith passe devant lui, en compagnie d’Andrews et d’Hutchinson.
158 INT. LA CHAUFFERIE 6
Les mécaniciens et les chauffeurs luttent pour éteindre les feux. Ils travaillent dans l’eau jusqu’à la taille, qui fait du bruit en déferlant dans la chaufferie, glacée et tourbillonnante mélangée à la graisse des machines. L’Ingénieur principal Bell arrive à mi-chemin de l’échelle et crie.
BELL
Allez, les gars. Tirez-vous de l’enfer !
Ils montent les échelles pour s’enfuir
159 EXT. PONT B AVANT
Des messieurs, rejoints par un autre, s’appuient sur la rampe et regardent les gens de 3ème classe qui jouent au football avec des morceaux de glace.
UN HOMME
Je crois que ce n’est pas trop sérieux. Je retourne à ma cabine pour lire.
Un jeune homme de 20 ans du nom de YALEY passe la porte, il porte un pardessus sur son pyjama.
YALEY
Dites, est-ce que j’ai manqué quelque chose d’amusant ?
Rose et Jack montent l’escalier du pont de poupe, et se retrouve à côté de Smith, Andrews et Hutchinson. Ils regardent un couple qui escalade une porte fermée à clé. Un moment plus tard le Capitaine Smith s’en va, suivi par Andrews et le charpentier Hutchinson. Ils descendent de la passerelle par l’escalier extérieur. Les trois hommes, aux visages sinistres, bousculent au passage Jack et Rose. Andrews jette à peine un coup d’œil sur elle.
SMITH
Est-ce que vous pouvez étayer ?
HUTCHINSON
Non, à moins que les pompes progressent.
Ils descendent l’escalier du pont de poupe pour continuer l’inspection.
JACK
(bas, à elle)
C’est mauvais.
ROSE
Nous devons le dire à Mère et Cal.
JACK
Maintenant c’est pire.
ROSE
Viens avec moi, Jack. Je saute, tu sautes... d’accord ?
JACK
D’accord
Jack suit Rose à l’intérieur du bateau.
160 INT. LE PONT B - ENTRÉE DU COULOIR
Jack et Rose traversent l’entrée et pénètrent dans le couloir. Lovejoy les attend comme ils approchent de la pièce.
LOVEJOY
Nous vous avons cherché Mademoiselle.
Lovejoy les suit et, subrepticement, met le collier de diamant dans la poche du pardessus de Jack.
161 INT. SUITE DE ROSE ET CAL
Cal et Ruth attendent dans le salon, avec le commissaire de bord et deux stewards (steward #1 et Barnes). Le silence se fait quand Rose et Jack entrent. Ruth remonte sa robe de chambre jusqu'au cou quand elle voit Jack.
ROSE
Quelque chose de sérieux s’est passé.
CAL
C’est juste. Deux choses qui me sont chers ont disparues ce soir. Maintenant que l’une d’elle est revenue…
(il regarde de Rose à Jack)
... J’ai une assez bonne idée où chercher l’autre.
(Au commissaire de bord)
Fouillez-le.
Le commissaire de bord avance jusqu’à Jack.
COMMISAIRE DE BORD
Enlèves ton manteau, compagnon.
Lovejoy tire le manteau de Jack, qui secoue la tête de consternation, il hausse les épaules d’incompréhension. Le commissaire lui pose une main sur l’épaule.
JACK
C’est quoi ce bordel.
ROSE
Cal, vous ne pouvez pas être sérieux ! Nous sommes en pleine urgence et vous…
Le steward Barnes sort le Cœur de l’Océan de la poche du manteau de Jack.
BARNES
Est-ce que c’est ça ?
Rose est assommée. Obligée de se rendre à l'évidence : c’est Jack !
CAL
C’est ça.
COMMISSAIRE
Bien alors. Maintenant ne faites pas de scandale.
Il commence à mettre les menottes à Jack.
JACK
Ne crois pas ça, Rose. Ne le fais pas !
ROSE
(incertaine)
Il n’a pas pu.
CAL
Bien sûr qu’il a pu. C’est assez facile pour un professionnel. Il a mémorisé la combinaison quand vous avez ouvert le coffre-fort.
FLASH-BACK : Rose au coffre-fort, elle regarde dans le miroir et rencontre les yeux de Jack, il se trouve derrière elle et regarde.
ROSE
Mais j’étais avec lui tout le temps.
CAL
(seulement à elle, bas et froid)
Peut-être qu’il l’a fait pendant que vous remettiez vos vêtements.
JACK
Ils l’ont mis dans ma poche !
LOVEJOY
(tenant le manteau de Jack)
Ce n’est pas la votre, fils.
(lit)
Propriété d’A. L. Ryerson.
Lovejoy montre le manteau au commissaire de bord. Il y a une étiquette à l’intérieur du col avec le nom du propriétaire.
COMMISSAIRE
Ce vol m’a été rapporté aujourd’hui.
JACK
J’allais le rendre ! Rose…
Rose se sent complètement trahie, blessée et confuse. Elle se recule. Il commence à crier quand Lovejoy et le commissaire de bord le tire dans le couloir. Elle ne peut pas le regarder.
JACK
Rose, ne les écoute pas... Je n’ai pas fait ça ! Tu sais que je n’ai pas fait ça ! Tu le sais !
Elle est anéantie. Sa mère pose une main consolante sur son épaule, quand les larmes lui vienne.
RUTH
Pourquoi est-ce que les femmes croient les hommes ?
162 INT.LA SALLE DE TRI DU COURRIER
Smith et Andrews descendent les marches vers la salle de tri du courrier et trouvent les employés qui tirent les sacs de courrier. Ils sont furieux, ils tirent des sacs de courrier mouillés depuis la cale en dessous. Andrews descend l’escalier à mi-chemin et s’aperçoit qu’elle est presque pleine d’eau. Des sacs de courrier flottent partout. Les lumières sont encore allumées en dessous de la surface et projette un éclairage surnaturel. La Renault est visible sous l’eau, le cuivre est brillant. Andrews regarde l’eau qui recouvre sa chaussure, et rapidement remonte l’escalier.
163 INT. BRIDE/ SALLE DES CARTES
Andrews déroule un grand plan du bateau en travers de la table. C’est un plan latérale qui montre toutes les cloisons étanches. Ses mains tremblent. Murdoch et Ismay sont derrière Andrews et le Capitaine.
ISMAY
Quand est-ce que nous allons pouvoir reprendre notre route ?
Smith lui porte un regard furieux et reporte son attention sur le plan d’Andrews. L’entrepreneur désigne du doigt avec insistance en même tant qu’il parle.
ANDREWS
De l’eau à 14 pieds au-dessus de la quille en dix minutes... dans le "peak avant "... dans les trois cales... et dans la chaufferie six.
SMITH
C’est juste.
ANDREWS
Cinq compartiments ! ! Il peut rester à flot avec les quatre premiers compartiments inondés. Mais pas avec cinq. Pas avec cinq. Comme il descend par l’avant l’eau va se répandre par-dessus les cloisons... jusqu’au pont E, de compartiment en compartiment. Rien ne l’arrêtera.
SMITH
Les pompes.
ANDREWS
Les pompes vous ferons gagnez du temps... mais seulement des minutes. A partir de ce moment, quoi que nous fassions, le Titanic va couler.
ISMAY
Mais ce bateau ne peut pas couler ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
ANDREWS
Il est fait d’acier, Monsieur. Je vous assure, qu’il le peut. Et il le fera. C’est une certitude mathématique.
Smith le regarde comme s’il avait été assommé.
SMITH
Combien de temps ?
ANDREWS
Une heure, deux au plus.
Ismay réalise que son rêve se transforme en son pire cauchemar.
SMITH
Combien de personne à bord, M. Murdoch ?
MURDOCH
Deux mille deux cents âmes à bord, Monsieur.
Un long silence. Smith se tourne vers son patron.
SMITH
Je crois que vous allez les avoir, vos gros titres, M. Ismay.
164 EXT. LE PONT DU BATEAU
Andrews marche à grands pas le long du pont du bateau, les marins et officiers se précipitent pour découvrir les canots. La vapeur se dégage des cheminées et le vacarme est terrible. Il est difficile de s’entendre, et l’équipage est en pleine désorganisation. Andrews voit quelques hommes qui tâtonnent avec le mécanisme d’un des bossoirs Wellin et leur hurle à travers le rugissement de la vapeur.
ANDREWS
Tournez à droite ! Tirez sur les garants et tenez les tendus avant de les décaler. Est-ce que vous n’avez jamais eu d’entraînement sur ce bateau ?
LE MARIN
Aucun Monsieur ! Pas avec ces nouveaux bossoirs, Monsieur.
Il regarde autour, et voit comme l’équipage tâtonnent avec les bossoirs, et l’appareil de levage pour les garants de cordes qui sont utilisés pour baisser les bateaux. Quelques passagers sortent sur le pont, en hésitant, dans le bruit et le froid.
165 INT. LA SUITE DE ROSE ET CAL
De l’intérieur du salon ils peuvent entendre frapper et parler dans le couloir.
RUTH
Il vaudrait mieux que j’ailles m’habiller
Ruth sort et Hockley va vers Rose. Il la regarde froidement pendant un moment, alors il l’a gifle.
CAL
Vous n’êtes qu’une petite salope. N’est-ce pas ?
Pour Rose le coup est sans importance comparé au coup que son cœur a reçu. Cal l’agrippe aux épaules rudement.
CAL
Regardez-moi, petite...
Il y a un coup bruyant sur la porte et une voix pressée. La porte s’ouvre et leur steward passe la tête à l’intérieur.
BARNES
Monsieur, Il m a été demandé de vous dire de mettre vos gilets de sauvetage, et de monter sur le pont du bateau.
CAL
Sortez. Nous sommes occupés.
Le steward insiste et vient dans la pièce pour descendre les gilets de sauvetage du sommet d’un habilleur.
BARNES
Je regrette le dérangement, M. Hockley, mais se sont les ordres du Capitaine. S’il vous plaît habillez-vous chaudement, il fait assez froid ce soir.
(il donne un gilet de sauvetage à Rose)
Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, je suis sûr que ce n’est qu’une précaution.
CAL
C’est ridicule.
Dans le couloir, à l’extérieur, des stewards polis et obséquieux, ne trahissent aucun signe de danger. Cependant, c’est une autre histoire dans...
166. ENTREPONT
Le noir total, et BANG ! La porte est ouverte et les lumières sont allumées par un steward. La famille Cartmell est tirée d’un profond sommeil.
STEWARD #2
Tout le monde se lève. Allons. Mettez vos gilets de sauvetage.
Dans le couloir à l’extérieur, un autre steward va de porte en porte, en hurlant.
STEWARD #2
Mettez vos gilets de sauvetage. Mettez vos gilets de sauvetage. Tout le monde se lève, allez ! ! Les gilets de sauvetage sur…
Des gens, perplexes, sortent des portes derrière le steward. Une femme syrienne demande à son mari ce qu’on lui a dit. Il hausse les épaules.
167 INT. LA SALLE DE TSF
PHILLIPS semble choqué.
PHILLIPS
CQD, Monsieur ?
SMITH
C’est juste. L’appel de détresse. CQD. Dites à quiconque qui répondra que nous coulons par l’avant et avons besoin d’assistance immédiate.
Smith sort rapidement.
PHILLIPS
Mon Dieu
BRIDE
Peut-être devrions nous essayer ce nouvel appel de détresse... S.O.S.
(sourit)
C’est peut être notre unique chance de l’utiliser.
Phillips rit en dépit de lui-même et commence à envoyer le premier S.O.S. de l’histoire. Dit dit dit, da da da dit dit dit ... Terminer.
168 EXT. LE PONT DU BATEAU
Thomas Andrews regarde avec étonnement autour de lui. Le pont est vide à l’exception de l’équipage qui tâtonne avec les bossoirs. Il hurle par-dessus le rugissement de la vapeur, en premier lieu à l’officier Murdoch.
ANDREWS
Où sont tous les passagers ?
MURDOCH
Ils sont tous retournés à l’intérieur. Trop froid et trop bruyant pour eux.
Andrews se sent comme dans un cauchemar. Il regarde sa montre de poche et va à l’entrée du hall.
169 INT. LE HALL DU PONT A
Un grand nombre de passagers de première classe sont assemblés près de l’escalier. Ils sont indignés par le désordre. Molly Brown attrape au passage un jeune steward.
MOLLY
Qu’est-ce qu’on fait, fiston ? Vous nous avez tous harnachés et maintenant nous nous gelons.
Le jeune steward recule et tombe sur l’escalier.
LE JEUNE STEWARD
Désolé, m’dam. Laissez-moi aller me renseigner.
Le rythme nerveux du piano de "L'alexander’s Ragtime Band" s’entend du salon de la première classe sur quelque mètres. WALLACE HARTLEY, le leader, a rassemblé quelques-uns de ses hommes, sur l’ordre du Capitaine, pour apaiser la panique.
L’entourage de Hockley arrive à l’entrée du pont A. Cal porte les gilets de sauvetage, ayant réfléchi après coup. Rose est comme une somnambule.
CAL
Je déteste ces foutus Anglais qui font tout selon les règles.
RUTH
Vous n’avez pas besoin de parler comme cela, M. Hockley.
(à Trudy)
Retournez dans ma cabine et mettez le chauffage, qu’il ne fasse pas trop froid quand nous y reviendrons.
Thomas Andrews entre et jette un coup d’œil à la pièce magnifique qu’il sait condamnée. Rose est debout tout près de lui et voit son expression navrée. Elle viens devant lui et Cal la suit.
ROSE
J’ai vu l’iceberg, M. Andrews. Et je le vois dans vos yeux. S’il vous plaît dites-moi la vérité.
ANDREWS
Le bateau coulera.
ROSE
Est-ce que vous êtes sûr ?
ANDREWS
Oui. Dans une heure ou plus... tout ça... sera au fond de l’Atlantique.
CAL
Mon Dieu.
Maintenant c’est Cal qui le regarde étourdi. Le Titanic ? Couler ?
ANDREWS
S’il vous plaît gardez-le pour vous, je ne veux pas être responsable de la panique. Et allez à un canot, rapidement. N’attendez pas. Est-ce que vous vous souvenez de ce que je vous ai dit au sujet des canots ?
ROSE
Oui, je comprends. Merci.
Andrews se déplace parmi les passagers et les pousse à mettre leurs gilets de sauvetage et à aller aux canots.
170 INT. BUREAU DU COMMISSAIRE DE BORD
Lovejoy et le commissaire mettent les menottes à Jack qui se retrouve attaché à un tuyau, un homme d’équipage se précipite avec inquiétude et laisse presque échapper le secret au commissaire de bord
L’HOMME D’EQUIPAGE
Vous êtes demandé par le Commissaire des secondes classes, Monsieur. D’urgence.
LOVEJOY
Allez-y. Je garderai un œil sur lui.
Lovejoy sort un colt 45 automatique de dessous son manteau. Le commissaires de bord lui fait un signe de tête affirmatif et lance la clef des menottes à Lovejoy, puis il sort avec l’homme d’équipage. Lovejoy fait sauter la clef en l’air, et la rattrape.
171 INT. LA PASSERELLE
Le jeune Opérateur de TSF, Bride, apporte un message au capitaine Smith en provenance du CARPATHIA.
BRIDE
Le Carpathia dit qu’ils vont à 17 noeuds, ils sont à pleine vapeur, Monsieur.
SMITH
Et est-ce le seul qui nous a répondu ?
BRIDE
Le seul proche, Monsieur. Il peut être ici en quatre heures.
SMITH
Quatre heures ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
L’énormité frappe Smith comme un coup de massue
SMITH
Merci, Bride
Il se tourne comme Bride sort, et regarde dehors, dans l’obscurité.
SMITH
(à lui-même)
Mon Dieu.
172 EXT. LE PONT DU BATEAU - NUIT
Lightoller est aux canots, qui se balancent. Il se trouve parmi une foule de passagers dans tous leurs états, en robe de chambre et déshabille. Une femme de première classe est pieds nus. D’autres n’ont que leurs bas. Certains messieurs sont en haut-de-forme et pardessus. D’autres sont encore en robe du soir, pendant que quelques-unes sont en peignoir ou kimono. Les femmes portent des gilets de sauvetage sur leurs robes de velours, emmitouflées dans des étoles. Quelques-unes ont apporté des bijoux, d’autres des livres ou même leur petit chien. Lightoller voit Smith qui marche vers lui rapidement, il va à lui. Il hurle dans l’oreille du Capitaine, à travers ses mains mises en coupe, par-dessus le rugissement de la vapeur...
LIGHTOLLER
Ne devrions nous pas mettre les femmes et les enfants, d’abord, dans les canots, Monsieur ?
Smith fait juste un signe de la tête, abstraitement. Son ardeur l’a quitté. Lightoller voit l’effrayante vérité sur le visage de Smith.
LIGHTOLLER
(aux hommes)
Bon ! Commencez à embarquer les femmes et les enfants !
Le vacarme épouvantable de la vapeur sortant des cheminées cesse soudainement, laissant pesé un silence surnaturel dans lequel résonne en échos la voix de Lightoller.
Wallace Hartley lève son violon pour jouer.
HARTLEY
Morceau 26. Prêt et…
L’orchestre est rassemblé à l’extérieur de l’entrée de la première classe, côté bâbord, proche de Lightoller qui demande que les canots soient chargés. Il commence une valse, vive et élégante. La musique flotte sur le bateau.
LIGHTOLLER
Mesdames, s’il vous plaît. Montez dans le canot.
Finalement une femme franchit l’espace entre le pont et le canot, terrifiée par l’eau en dessous d’elle.
FEMME DANS LA FOULE
Vous voyez. Ils vont nous mettre dans ces petits bateaux idiots, pour geler, et nous retournerons à bord pour le petit déjeuner.
Cal, Rose et Ruth sortent des portes près de l’orchestre...
RUTH
Ma broche, j’ai laissé ma broche. J’ai besoin de l’avoir !
Elle se tourne pour aller à sa cabine mais Cal la prend par le bras et refuse de la laisser partir. La fermeté de sa prise la surprend.
CAL
Restez ici, Ruth.
Ruth voit son expression, et connaît la peur pour la première fois.
173 INT. ENTREPONT DONNE SUR L’ARRIERE DU BATEAU / COULOIRS ET CAGE D’ESCALIER
C’est le chaos, des stewards se frayent un chemin à travers les couloirs étroits encombrés par des gens qui portent des valises, des sacs marins, des enfants. Quelques-uns portent des gilets de sauvetage, d’autres n’en ont pas.
STEWARD #2
(à steward #3)
J’ai dit aucun bagage, à ces stupides cons. Bon sang !
Il arrête d’un signe de la main une famille, chargée de valises et des sacs, qui bloque complètement le couloir.
Fabrizio et Tommy passent devant les stewards et prennent un autre chemin. Ils voient qu’une foule énorme c’est assemblée au fond de l’escalier principal de la 3ème classe... Fabrizio aperçoit Helga avec le reste de la famille Dahl, debout avec des valises à la main attendant patiemment. Il arrive vers elle et elle lui sourit et lui saute au cou. Tommy se déplace pour voir ce qui retient le groupe. Il y a une grille en acier au sommet des escaliers, avec plusieurs stewards et des marins de l’autre côté.
LE STEWARD
Rester calme, s’il vous plaît. Ce n’est pas encore le moment de monter dans les canots.
Près de Tommy, une irlandaise debout stoïquement avec deux petits enfants et leurs bagages délabrés.
LE PETIT GARÇON
Qu’est-ce que nous faisons, maman ?
LA FEMME
Nous attendons juste, mon chéri. Quand ils auront fini de faire monter les gens de la première classe dans les canots, ils vont continuer avec nous, et nous devrons être prêt, d’accord ?
174 EXT. CÔTÉ TRIBORD
Le canot 7 n’est qu’à moitié plein, à bord 28 personnes pour un bateau fait pour 65.
MURDOCH
Descendez-le ! Gauche et droite ensemble, doucement !
Le bateau fait une embardée quand il commence à partir de travers, une poulie s’étant bloquée. Les femmes sursautent. Le bateau redescend, se balance et descend par saccades, vers l’eau 60 pieds en dessous. Les passagers sont terrifiés.
175 EXT. / INT. BUREAU DU COMMISSAIRE DE BORD.
A l’intérieur se trouve Jack qui regarde au hublot, avec appréhension, l’eau montée. Jack est assis enchaîné au tuyau. Lovejoy est assis sur le bord d’un bureau. Il pose une balle de 45 sur le bureau et la regarde rouler et tomber. Il ramasse la balle.
LOVEJOY
Vous savez... Je crois que ce bateau peut couler.
(avance vers Jack)
Il m’a été demandé de vous donner ce petit souvenir de notre appréciation...
Il frappe à coups de poings l’estomac de Jack, lui coupant le souffle.
LOVEJOY
Avec les compliments de M. Caledon Hockley.
Lovejoy lance la clef des menottes en l’air, la rattrape et la remet dans sa poche. Il sort. Jack est abandonné, attaché au tuyau.
176 EXT. / COTE TRIBORD AVANT
A la rampe de la cage d’escalier sur l’aile du pont, le quatrième officier Boxhall et le quartier-maître Rowe allument la première fusée de détresse. Elle monte dans le ciel et explose dans un coup de tonnerre au-dessus du bateau et envoie des éclats blanc qui éclairent le pont entier en retombant. Ismay, le directeur de la white star line est déjà à bout de nerfs tant sa culpabilité est grande, la fusée l‘a pris de panique. Il commence à crier aux officiers qui luttent péniblement avec les garants du bateau 5.
ISMAY
Il n’y a pas de temps à perdre !
(hurle et agite les bras)
Descendez ! Descendez ! Descendez !
Le 5ème officier Lowe, 28 ans, a un visage de bébé, c’est le plus jeune des officiers, il a levé les yeux depuis les garants emmêlés vers ce fou.
LOWE
Dégagez de là, imbécile !
ISMAY
Est-ce que vous savez qui je suis ?
Lowe, n’ayant pas l’air de sans soucier, règle son compte à Ismay.
LOWE
Vous êtes un passager. Et je suis l’un des officiers de ce bateau. Maintenant faites ce que je vous dits !
(se détourne)
Du calme monsieur ! Restez à côté des garants !
ISMAY
( recule)
Oui, tout à fait. Désolé.
177 EXT. LE PONT DU BATEAU PONT / CÔTÉ BÂBORD
Le 2ème officier Lightoller charge le bateau 6, Cal et Rose sont près de là.
LIGHTOLLER
Les femmes et les enfants, seulement ! Désolé Monsieur, aucun homme pour le moment
Une autre fusée éclate au-dessus du bateau et éclaire la foule, les visages effrayés se tournent vers le haut. La peur est maintenant dans leurs yeux.
Daniel Marvin a sa caméra installée et tourne la manivelle ... espérant pouvoir prendre une prise de la lumière de la fusée. Mary pose devant la scène vers les canots.
MARVIN
Vous avez peur, chérie. Effrayée à mort. C’est ça !
Ou elle joue bien son rôle, ou elle est vraiment pétrifiée.
Rose regarde les adieux juste devant elle. Les maris disant au revoir aux femmes et aux enfants. Les amants et amis sont séparés. A proximité, Molly amène une femme, hésitant à monter dans le canot.
MOLLY
Allez, vous avez entendu. Entrez dans ce canot.
RUTH
Est-ce que nous sommes installés dans les canots de sauvetage suivant la classe ? J’espère qu’ils ne seront pas trop entassés…
ROSE
Oh, Mère, la ferme !
Est-ce que vous ne comprenez pas ? L’eau est glacée et il n’y a pas assez de canots... pas assez pour la moitié des passagers. La moitié des gens, sur ce bateau, va mourir.
CAL
Pas la meilleure moitié.
Rose est frappée comme par la foudre. Jack est un passager de 3ème classe, il n’aura pas sa chance. Une autre fusée éclate au-dessus et baigne son visage dans la lumière blanche.
ROSE
Vous êtes un inimaginable salaud.
MOLLY
Venez, Ruth, montez dans le canot. Ce sont les premières classes qui s’assoient ici.
Molly donne un coup de main à Lightoller, elle cherche si d’autres femmes peuvent avoir besoin de son aide
MOLLY
Venez, Rose. C’est vous la suivante, trésor.
Rose recule et secoue sa tête.
RUTH
Rose, montez dans ce bateau !
ROSE
Au revoir, mère.
Ruth est debout dans le canot de sauvetage et ne peut rien faire. Cal attrape le bras de Rose mais elle le tire pour se libérer et part dans la foule . Cal la rattrape et l’agrippe encore, rudement.
CAL
Où est-ce que vous allez ? Vers lui ? C’est ça ? Vous voulez être la prostituée de ce rat d’égout ?
ROSE
Je préfère être sa prostituée plutôt que votre femme.
Il serre la mâchoire et presse son bras hargneusement en la tirant vers le canot de sauvetage. Rose retire une épingle à cheveux et le pique avec. il la lâche en jurant et elle s’enfuie dans la foule.
LIGHTOLLER
Descendez ! !
RUTH
Rose ! Rose ! !
Le bateau fait une embardée en descendant.
Rose traverse des groupes de gens. Elle regarde derrière et Cal furieux lui court après. Elle court, à bout de souffle, vers deux hommes.
ROSE
Cet homme a essayé de profiter de moi dans la foule !
Epouvanté, ils se tournent pour voir Cal qui court vers eux. Rose continue et les deux hommes se saisissent de Cal et le retiennent. Elle court vers l’entrée de la première classe. Cal se libère et lui court après. Il atteint l’entrée, mais il se heurte à un groupe de gens qui sortent. Il les pousse impoliment…
178 INT. ENTRÉE DU PONT A / ESCALIER
Cal court dans l’entrée, jusqu’au palier, poussant des messieurs et des dames qui bouchent les escaliers. Il parcourt l’entrée du pont A. Rose est partie.
179 EXT. L’OCÉAN / TITANIC / BATEAU 6
La coque du Titanic se dessine dans le brouillard au-dessus du canot 6, comme une falaise. Son énorme masse est soudainement menaçante pour ce canot minuscule. Le quartier-maître, Hitchins, à la barre, ne demande rien d’autre qu’à s’éloigner du bateau. Malheureusement ses deux marins ne savent pas ramer. Ils battent l’eau comme un canard qui aurait une aile cassée.
HITCHINS
Continuez à ramer... loin du bateau. Ramez.
MOLLY
Ces garçons n’ont jamais ramé auparavant ? donnez-moi ces avirons. Je vous montrerai comment faire.
Elle enjambe Ruth pour atteindre les avirons et lui marche sur les pieds. Autour d’eux, l’évacuation bat son plein, avec d’autres canots dans l’eau, et d’autres en train de descendre.
180 INT. BUREAU DU COMMISSAIRE / COULOIR
Jack, de toutes ses forces, tire sur le tuyau, qui ne bouge pas. Il entend un murmure. L’eau s’écoule sous la porte et se répand sur le sol rapidement.
JACK
Merde.
Il essaie de sortir une main des menottes et s’entaille la peau jusqu’au sang... sans résultat.
JACK
A l’aide ! ! Y a quelqu’un ! ! Est-ce que personne peut m’entendre ? !
(à lui-même)
Ca devient mauvais.
181 LE COULOIR
l’extérieur est abandonné. Inondé par deux pouces d’eau. La voix de Jack traverse la porte faiblement, mais il n’y a personne pour l’entendre.
182 INT. LE COULOIR DE LA PREMIERE CLASSE
Thomas Andrews ouvre les portes des cabines privées, et contrôle si tout le monde est parti.
ANDREWS
Il y a quelqu’un ici ?
Rose court jusqu’à lui, essoufflée.
ROSE
M. Andrews, Dieu merci ! Où est-ce que le Commissaire de bord enfermerait quelqu’un en état d’arrestation ? !
ANDREWS
Quoi ? Vous devez immédiatement monter dans un canot !
ROSE
Non ! Je le ferai avec ou sans votre aide, Monsieur. Mais sans, ça prendra plus longtemps.
ANDREWS
(rapidement)
Prenez l’ascenseur, jusqu’en bas, allez à gauche, descendez le couloir de l’équipage, puis allez à droite.
ROSE
En bas, gauche, droite. compris.
ANDREWS
Dépêchez-vous, Rose.
183 INT. ENTRÉE / ASCENSEURS
Rose se précipite alors que le dernier liftier ferme son ascenseur pour partir.
LE LIFTIER
Désolé, Mademoiselle, les ascenseurs sont fermés…
Sans réfléchir elle l’attrape et le pousse au fond de l’ascenseur.
ROSE
J’en ai marre d’être poli, nom de Dieu ! ! Je ne vais pas rester poli le reste de ma vie ! Maintenant emmenez-moi ! !
Le liftier tâtonne pour fermer la grille et actionne l’ascenseur.
184 EXT. L’OCÉAN / CANOT 6
Molly et les deux marins rament, ils se sont éloignés d’une centaine de pieds. Assez pour voir que le paquebot est incliné, la rampe de proue à moins de dix pieds au-dessus de la surface.
MOLLY
Venez les filles, rejoignez nous, ça vous tiendra chaud. Allons Ruth. Attrapez une rame !
Ruth ne peut pas quitter des yeux le spectacle du grand transatlantique, ses lignes de lumières éclatantes, penchant vers le bas, dans le miroir noir de l’Atlantique.
185 INT. ASCENSEUR DES PREMIERES CLASSES / COULOIRS
À travers la porte de fer forgé de la cabine de l’ascenseur, Rose peut voir les ponts qu’il passe. L’ascenseur ralentit. Soudain l’eau glacée tourbillonne autour de ses jambes. Elle crie de surprise. Tout comme le liftier.
La cabine a atterri dans un pied d’eau glaciale. Rose s’agrippe à la porte ouverte en pataugeant dans l’eau qui lui arrive jusqu’au bas de la jupe, mais elle peut se déplacer. L’ascenseur remonte, elle regarde autour d’elle.
ROSE
Gauche, passage de l’équipage.
Elle se repère et avec de gros efforts descend le couloir inondé. La place est évidemment abandonnée . Elle ne peut compter que sur elle.
ROSE
Droite, droite... à droite.
Elle tourne à un croisement et s’éclabousse en descendant le couloir. Il y a des portes sur chaque côté.
ROSE
Jack ? Jaaacckk ?
186 INT. BUREAU DU COMMISSAIRE DE BORD / COULOIR
Jack tire encore sur le tuyau, sans espoir, en forçant jusqu’à ce qu’il en devienne rouge. Il s’écroule sur le banc, se rendant compte qu’il est " baiser". Alors il l’entend à travers la porte.
JACK
Rose ! !Je suis ici !
187 DANS LE COULOIR
Rose entend sa voix derrière elle. Elle retourne en arrière et localise la bonne porte, alors elle la pousse pour l’ouvrir, créant une petite vague.
Elle patauge jusqu’à Jack et met ses bras autour de lui.
ROSE
Jack, Jack... Je suis désolé, Je suis si désolé.
Ils sont si heureux de se voir qu’ils embarrassent.
JACK
Ce type, Lovejoy, l’a mis dans ma poche.
ROSE
Je sais, je sais.
JACK
Vois si tu peux trouver une clef pour ceci. Essayes ces tiroirs. C’est une petite clé en cuivre .
Elle embrasse son visage et l’étreint encore, puis commence à traverser le bureau.
JACK
Donc... comment as-tu découvert que ce n’était pas moi qu’il l’avait fait ?
ROSE
Je ne l’ai pas fait.
(elle le regarde)
Je me suis juste rendu compte que je le savais déjà.
Ils échangent un regard, puis elle recommence à fouiller la pièce, les tiroirs et les armoires. Jack voit quelque chose se déplacer derrière le hublot et y prête attention. Il voit d’en dessous, un canot de sauvetage qui frappe la surface de l’eau.
188 EXT. TITANIC / BATEAU UN
Pendant que les marins détachent les poulies, le canot 1 se balance à côté de la coque. Lucile et Monsieur Cosmo Duff-Gordon s’assoient avec dix autres passagers dans un bateau fait pour quatre fois plus.
LUCILE
Je méprise ces petits bateaux. Je sais juste que je vais être malade. Je suis toujours malade sur les petits bateaux. Grand Dieu, il y a un homme en bas, là ! !
Dans un hublot allumé sous la surface elle voit Jack qui la regarde... un visage dans une bulle de lumière, sous l’eau.
189 INT.BUREAU DU COMMISSAIRE DE BORD
Rose cesse de saccager la pièce, elle est debout et respire difficilement.
ROSE
Il n’y a aucune clé ici.
Ils regardent autour, l’eau a maintenant atteind presque deux pieds de profondeur. Jack a posé les pieds sur le banc.
JACK
Tu dois aller chercher de l’aide.
ROSE
(fait un signe de la tête)
Je reviendrais
JACK
J’attendrais ici.
Elle sort en courant et le regarde une dernière fois de la porte, puis s’éloigne en pataugeant. Jack regarde l’eau tourbillonnante.
190 INT. CAGE D’ESCALIER ET COULOIRS
Rose descend le couloir jusqu’à une cage d’escalier qui monte vers le prochain pont. Elle monte l’escalier, sa longue jupe laissant une trace comme un escargot géant. Le poids de sa robe trempée la ralentit. Elle la déchire aux boutons et s’éloigne rapidement. Elle bondit en haut de l’escaliers pour se retrouver dans…
191 UN LONG COULOIR... faisant partie du labyrinthe de couloirs de l’entrepont avant. Elle est seule ici. Un long gémissement d’échos de métal résonne le long du couloir comme le bateau continue à sombrer. Elle court en bas du couloir, sans entrave maintenant.
ROSE
Est-ce qui y a quelqu’un ? !
Elle tourne à un angle et court le long d’un autre couloir. Le couloir s’incline vers le bas, vers l’eau qui renvoient la lumière. L’eau monte vers elle. Un jeune homme apparaît et traverse l’eau, en envoyant des geysers. Il passe devant elle sans ralentir, ses yeux sont rendus fou...
ROSE
Aidez-moi ! Nous avons besoin d’aide !
Il ne la regarde pas. C’est comme un mauvais rêve. La coque résonne de sons terrifiants.
Les lumières clignotent, elles s’éteignent un moment laissant l’obscurité la plus complète. Puis se rallument. Elle se retrouve en état d’hyperventilation. Ce moment d’obscurité était le plus terrifiant de sa vie.
Un steward court a l’angle le plus proche, les bras chargés de gilets de sauvetage. Il est stupéfait de voir encore quelqu’un dans sa section. Il l’attrape par le bras avec force et la tire avec lui comme un enfant capricieux.
LE STEWARD
Venez , il ne faut pas rester là , Mademoiselle.
ROSE
Attendez ! Attendez ! ! J’ai besoin de votre aide ! Il y a…
L’ÉCONOME
Ne paniquez pas, mademoiselle. Venez!
ROSE
Non, laissez-moi partir ! Vous n’allez pans dans le bon sens !
Il n’écoute pas. Et il ne laissera pas partir.
Elle lui crie dans l’oreille, et quand il se tourne, elle le frappe, carrément à coups de poing, dans le nez . Choqué, il la laisse s’en aller et chancelle.
LE STEWARD
Allez en enfer !
ROSE
A bientôt alors ! !
Le steward fuit en tenant son nez ensanglanté. Elle lui crache dessus, juste comme Jack lui a appris.
Elle se retourne, et voit une boite en verre avec une hache à l’intérieur. Elle casse le verre avec une valise délabrée qui se trouve abandonnée tout près, elle saisit la hache et repart par où elle est venue.
192 À LA CAGE D’ESCALIER
Elle regarde en bas et sursaute. L’eau a inondé le fond de cinq pied . Elle descend et doit s’accroupir pour regarder le long du couloir pour voir la cabine où Jack est piégé.
Rose plonge dans l’eau jusqu’à la taille... et se met en marche en tenant la hache au-dessus de la tête à deux mains. Elle grimace de douleur car l’eau est littéralement glacée.
193 INT. BUREAU DU COMMISSAIRE DE BORD
Jack est grimpé sur le banc, et s’est collé contre le tuyau. Rose avance avec énergie, dans l’eau, tenant la hache au-dessus de la tête.
ROSE
Est-ce que cela ira ?
JACK
Nous allons le savoir.
Ils sont tous les deux terrifiés, mais essayent de garder leur sang froid. Il place la chaîne qui attache ses deux poignets et la tend en travers du tuyau en acier. La chaîne est, bien sûr, très courte, et ses poignets sont exposés l’un et l’autre.
JACK
Essaye de faire un petit coup d’essai
Rose soulève la hache et frappe dans une armoire en bois.
JACK
Maintenant essaye de frapper encore au même endroit.
Elle balance difficilement la hache et frappe à quatre pouces de la marque.
JACK
C’est assez pour l’entraînement.
Il se crispe quand elle élève la hache. Elle doit frapper une cible d’un pouce de large, de toute ses forces. Elle doit se concentrer.
JACK
(calme)
Tu peux le faire, Rose. Frappes aussi vite que tu peux, j’ai confiance en toi.
Jack ferme les yeux.
La hache descend. K-WHANG ! Rose, lentement, ouvre les yeux... Jack sourit en montrant ses deux poignets séparés.
Rose laisse tomber la hache, elle y avait mis toute sa force.
JACK
Travail impeccable, tel Paul Bunyan.
Il saute dans l’eau à côté d’elle. Il ne peut plus respirer le temps d’une seconde.
JACK
Merde ! Ow ow ow que c’est froid ! Viens, partons.
Ils avancent dans l’eau, difficilement, jusqu’au couloir. Rose se dirige vers l’escalier pour monter, mais Jack l’arrête. Il n’y a seulement qu’un "pied" de visible dans la cage d’escalier.
JACK
Trop profond. Nous allons trouver une autre sortie.
194 EXT. CANOT 6 ET TITANIC
Les lettres "TITANIC" sont peintes deux pieds au-dessus de la proue du navire condamnée. Elles glissent en dessous de la surface de l’eau, tranquillement. Nous les voyons, or sur noir, se déformer et virer au vert pâle comme elles s‘enfoncent plus profondément.
195 DANS LE BATEAU SIX
Ruth fixe le Titanic, paralysée à la vue du transatlantique mourant. L’avant du navire est maintenant à peine au-dessus de la ligne de flottaison. Une autre des fusées de Boxhall explose au-dessus. BOUM ! elle éclaire la région entière, et nous voyons une demi-douzaine de canots dans l’eau.
MOLLY
C’est quelque chose que vous ne voyez pas tous les jours.
196 INT. PONT E
Le couloir le plus long du bateau, il est aussi bien utilisé par l’équipage que par les passagers de l’entrepont, et court sur presque toute la longueur du bateau. Maintenant les passagers de l’entrepont l’empreinte pour se réfugier à l’arrière du bateau. Un chambranle en bois éclate sous la force de l’épaule de Jack. Jack et Rose passent à travers, et se retrouvent dans le couloir. Un steward qui était à proximité, rassemblant des passagers, les interpelle.
LE STEWARD
Vous ici ! Vous devez payer pour cela, vous savez. C’est la propriété de la White Star Line..
JACK ET ROSE
(se tournent ensemble)
La ferme!
Jack la conduit, ils passent devant le steward abasourdi. Ils se joignent aux retardataires de l’entrepont qui vont à l’arrière du bateau. Par endroits le couloir est complètement bloqué par des familles qui emportent tous leurs bagages .Une femme irlandaise donne une couverture à Rose, parce qu’elle est gelée et qu’elle frissonne.
L’IRLANDAISE
Tenez, jeune fille, mettez vous à l’abri.
Jack frotte ces bras et essaie de la réchauffer comme ils marchent le long du couloir. Le mari de la femme leur offre un flacon de whisky.
L’IRLANDAIS
Ca vous réchaufferas.
Rose boit une grande rasade et le met dans les mains de Jack. Il sourit et suit sont exemple. Jack essaie plusieurs portes et grilles en fer le long du chemin et les trouvent toutes fermées à clé.
197 EXT. LE PONT DU BATEAU
l’action c’est déplacée à l’arrière du bateau sur le groupe des canots, 9, 11, 13 et 15 sur le côté du tribord, et 10, 12, 14 et 16 sur le côté bâbord. L’allure de travail est plus frénétique. Les hommes d’équipage et officiers courent maintenant pour faire fonctionner les bossoirs .
Cal passe à travers la foule et regarde s’il voit Rose. Autour de lui c’est le chaos et la confusion. Une femme appel un enfant qui a été séparé par la foule. Un homme crie au-dessus des têtes de gens. Une femme attrape le deuxième Officier Lightoller, par le bras, comme il va lancer le Bateau 10.
LA FEMME
Est-ce que vous pouvez garder le bateau un moment ? Je dois courir à ma cabine pour prendre quelque …
Lightoller la saisie et la pousse comme un seul homme à l’intérieur du canot. Thomas Andrews se précipite vers lui juste à ce moment.
ANDREWS
Pourquoi est-ce que les canots sont descendus à moitié plein ? !
Lightoller passe devant lui et aide un marin a se dépêtrer d’avec une poulie.
LIGHTOLLER
Pas maintenant, M. Andrews.
ANDREWS
(pointe l’eau)
Là, regardez... vingt personnes dans un canot construit pour soixante cinq. Et j’ai vu un canot avec seulement douze personne à bord. Douze !
LIGHTOLLER
Bien... nous n’étions pas sûrs du poids…
ANDREWS
Bêtises! Ils ont été testés à Belfast avec le poids de 70 hommes. Maintenant remplissez ces bateaux, M. Lightoller. Pour l’amour de Dieu !
Cal voit Lovejoy se dépêcher pour venir vers lui par le passage qui relie le bâbord et le tribord des ponts du bateau.
LOVEJOY
Elle n’est pas sur le côté tribord.
CAL
Nous n’avons plus beaucoup de temps. Et cet officier est à cheval sur la discipline...
(indique Lightoller)
...il ne laisse pas passer d’hommes du tout.
LOVEJOY
Celui de l’autre côté laisse entrer des hommes.
CAL
Alors c’est pour nous. Mais nous allons avoir encore besoin de quelques assurances.
(il commence à avancé)
Venez.
Cal part en tête, suivi par Lovejoy. Il croise un couple assez âgé délicatement habillé, IDA et ISADOR STRAUSS.
ISADOR
S’il vous plaît, Ida, montez dans le canot.
IDA
Non. Nous avons vécu quarante années ensemble, et …
Où vous irez, j’irais. Ne discutez pas avec moi, Isador, vous savez bien que ce n’ai pas la peine.
Il la regarde avec tristesse et grand amour. Ils s’embrassent doucement.
LIGHTOLLER
Descendez ! !
198 EXT. LA PASERELLE / PONT AVANCÉ
À la proue... à la place où Jack et Rose se sont embrassés pour la première fois... la rampe est sous l’eau. Elle tourbillonne autour des treuils sur le pont du foc. Smith marche à grands pas a la rampe du pont et jette un coup d’œil au pont du puits. L’eau est arrivée sur les côtés et le pont du puits est inondé. Deux hommes courent sur le pont, leurs pieds envoyant des gerbes d’eau. Derrière Smith, Boxhall tire une autre fusée. WHOOSH !
201 INT. COULOIRS DU PONT A ET CAGE D’ESCALIER
Fabrizio est debout avec Helga Dahl et sa famille, il entend la voix de Jack.
JACK
Fabrizio ! Fabri !
Fabrizio se tourne et voit Jack et Rose qui arrivent à travers la foule. Lui et Jack s’étreignent comme des frères.
FABRIZIO
Tous les canots sont partis.
JACK
Il ne faut pas rester où nous sommes ou nous allons être gargarisés à l’eau salée. Où est Tommy ?
Fabrizio pointe sur les têtes vers le gros de la foule à la cage d’escalier.
Tommy a ses mains sur les barres de la grille d’acier qui bloque la cage d’escalier. L’équipage à ouvert la barrière d’un pied et quelques femmes passent à travers.
LE STEWARD #2
Les femmes seulement. Aucun homme. Aucun homme ! !
Mais quelques-uns sont terrifiés et ne comprennent pas l’anglais, ils essaient de passer à travers l’intervalle et forcent la grille entrouverte. Les hommes d’équipages et les stewards les repoussent en arrière, en les frappant à coups de poings.
L’ÉCONOME #2
Reculez! Reculez bande d’idiots!
(à un homme d’équipage)
Ferme-la à clé ! !
Ils luttent pour fermer la grille. Pendant que le steward#2 brandit un petit revolver, Un autre les menace avec une hache. Ils ferment la grille à clé. Alors, un cri s’élève de la foule qui déferle contre la grille d’acier, entraînant des cries en plusieurs langues.
TOMMY
Pour l’amour de Dieu, monsieur, il y a des femmes et des enfants ici ! laissez-nous passer, nous pouvons avoir une chance !
Mais les hommes d’équipages sont effrayés maintenant. Ils ont laissé la situation dégénérée, et maintenant ils y a toute une foule. Tommy abandonne et retourne en arrière à travers la foule. Il descend les escaliers et rejoint Jack, Rose et Fabrizio.
TOMMY
C’est sans espoir par ici
JACK
Bien, quoi que nous fassions, il faut le faire vite.
Fabrizio se tourne vers Helga et prie pour qu’il puisse se faire comprendre.
FABRIZIO
(avec beaucoup de gestes)
Tout le monde... vous tous... venez avec moi maintenant. Nous allons aux canots. Nous allons aux canots. Capito ? Venez maintenant !
Ils ne peuvent pas comprendre ce qu’il dit. Ils peuvent voir son urgence, mais OLUF DAHL, le patriarche de la famille, secoue la tête. Il ne paniquera pas, et ne laissera pas sa famille aller avec ce garçon. Fabrizio se tourne vers Helga.
FABRIZIO
Helga... par favore... s’il vous plaît... venez avec moi, je porte chance. Et c’est mon destin d’aller en Amérique.
Elle l’embrasse, alors elle se recule pour être avec sa famille. Jack met une main sur son épaule, ses yeux lui disent : laisses tomber.
FABRIZIO
Je ne vous oublierai jamais.
Il se tourne vers Jack qui emmène tout le monde vers la sortie. Fabrizio regarde en arrière et voit le visage d’Helga disparaître dans la foule.
204 INT. SUITE DE CAL ET ROSE
CLUNK ! Cal ouvre son coffre-fort et en retire deux liasses de billets, encore entourés par les papiers d’emballage de la banque, qu’il montre à Lovejoy. Il prend le Cœur de l’Océan et le met dans la poche de son pardessus, et referme le coffre-fort.
CAL
(lève les liasses de billets)
Je fais ma propre chance.
LOVEJOY
(Met le 45 dans sa ceinture)
Moi aussi
Cal grimace en mettant l’argent dans sa poche. Ils sortent.
205 INT. ENTREPONT A L’ARRIERE DU BATEAU
Rose, Jack, Fabrizio et Tommy sont perdus et cherchent une sortie. Ils poussent des passagers confus, passent... devant une mère qui change la couche de son bébé sur le dessus d’une valise retourné... devant eux une femme discute avec un homme en serbo-croate avec emportement, un enfant gémit à côté d’eux... devant, un homme s’agenouille pour consoler une femme qui est assise à même le sol, en sanglotant... ils passent un autre homme avec un dictionnaire English/Arabic, essayant de résoudre les indications des panneaux, pendant que sa femme et ses enfants attendent patiemment. Ils tombent sur une cage d’escalier étroite et ils montent deux ponts avant qu’ils ne soient arrêtés par un petit groupe appuyé contre une grille en acier. Les hommes de l’entrepont hurlent après un steward apeuré.
LE STEWARD
Allez à la cage d’escalier principale, avec tout le monde . Il faut que tout le monde sorte par là-bas.
Jack jette un coup d’œil à cette scène et finalement....
JACK
Dieu de fils de pute de l’enfer ! !
Il agrippe un banc fixé au sol sur le palier. Il commence à le tirer, Tommy et Fabrizio viennent l’aider et ils arrivent à le démonter. Rose demande à tous les gens près de la grille de s’écarter.
ROSE
Déplacez vous sur le côté ! Dépêchez-vous, déplacez vous sur le côté !
Jack et Tommy courent avec le banc et s’en serve de bélier contre la grille de toute leur force. La grille est secouée et cède sous les yeux effarés du steward. Mené par Jack, la foule déferle. Rose va jusqu’au steward tremblant lui dit dans un ton impérieux :
ROSE
Si vous avez l’intention de garder votre travail pitoyable avec la White Star Line, je suggère que vous escortiez ces bonnes gens au pont du bateau... maintenant.
Les gens sortent dehors. Il fait stupidement un signe de la tête, un groupe se forme pour le suivre.
206 EXT CANOT 6 / TITANIC – NUIT
Ruth rame avec Molly Brown, ainsi que deux autres femmes et les marins incompétents. Elle se repose sur ses avirons, épuisée, et regarde le bateau derrière. Il penche vers l’avant dans l’eau, encore éclairé par ses lumières. Sur la passerelle rien n’est au-dessus de l’eau à l’exception du mat de misaine. Une autre fusée part et éclaire la région entière... il y a une douzaine de canots en mouvement autour du bateau.
207 A LA RAMPE DU PONT DU BATEAU
Le Capitaine Smith crie, à travers un grand porte-voix en métal, en direction du bateau 6 l.
SMITH
Revenez ! Revenez au bateau !
L’officier en chef WILDE se joint à lui en soufflant dans son sifflet en argent.
208 LE CANOT 6
Le sifflement arrive strident à travers l’eau. Le quartier-maître Hitchins saisit le gouvernail de peur.
HITCHINS
L’aspiration nous fera couler si nous ne nous éloignons pas .
MOLLY
Nous avons de la place pour plus de monde. Il faut y retourner.
HITCHINS
Non ! C’est nos vies, pas les leurs. Et je suis responsable de ce bateau ! Maintenant, ramez ! !
209 LE CAPITAINE SMITH,
à la rampe du pont du bateau, baisse son porte-voix lentement
SMITH
Les idiots.
210 INT. L’ENTRÉE DU PONT A
Cal et Lovejoy traversent l’entrée, ils rencontre Benjamin Guggenheim et son valet de chambre, habillés, en cravate blanche, queues-de-pie et haut-de-forme.
CAL
Ben, qu’elle est l’occasion ?
GUGGENHEIM
Nous nous sommes habillés de notre mieux et sommes prés à couler comme des gentlemen.
CAL
C’est admirable, Ben.
(marche vers lui)
Je le raconterais à votre femme... quand j’arriverais à New York.
211 INT. LE FUMOIR DE LA 1ère CLASSE
Il y a encore en cours deux parties de carte. La pièce est tranquille et civilisée. Une grande boîte à cigares est posée sur un chariot de service en argent, commence à rouler en travers de la pièce lentement. Un des joueurs de carte prend un cigare au passage.
LE JOUEUR
Il semble que nous ayons distribué une mauvaise main cette fois.
212 EXT. / INT. LA PROMENADE DU PONT A
Cal et Lovejoy marchent vers l’arrière à grandes enjambées. Ils passent le boulanger principal JOUHGIN, dans tous ses états, trempé de sueur qui lance des chaises longues par dessus la rampe. Après qu’ils soient passés, Joughin fait une pause et sort une bouteille de scotch d’une de ses poches et l’ouvre. Il la vide, et la lance par dessus la rampe aussi.
213 EXT. LE PONT DU BATEAU / PONT A / ARRIERE
La panique s’installe autour des canots restants. La foule, ici, est un mélange de toutes les classes maintenant. Les officiers préviennent, à maintes reprises, les hommes proches des canots de rester en arrière. La foule se presse plus proche. Le marin SCAROTT brandit une rame du canot 14 pour décourager les hommes, les plus proches, qui semblent prêt à prendre d’assaut le canot. Les hommes sortent des rangs et s’avance. Lightoller sort son revolver Webley et les met en joues.
LIGHTOLLER
Reculez ! Je veux de l’ordre !
Les hommes obéissent. Le Cinquième Officier Lowe qui est debout dans le canot, hurle à l’équipage.
LOWE
Descendez gauche et droite !
Lightoller se détourne de la foule et hors de leur vue, ouvre son pistolet. Il pousse un long soupir, et commence à le charger.
214 EXT. PONT DU BATEAU CÔTÉ TRIBORD ARRIERE
Cal et Lovejoy arrivent à temps pour voir Murdoch qui fait descendre son dernier bateau.
CAL
Nous sommes en retard.
LOVEJOY
Il y a encore des bateaux devant. Restez avec celui-ci... Murdoch. Il paraît être assez... pratique.
215 DANS L’EAU EN DESSOUS
Il y a une autre panique. Le canot 13, est déjà dans l’eau mais encore attaché à ses cordes , il est ballotté dans l’eau par les remous créés par le bateau qui sombre. Il s’emmêle sous le canot 15 qui descend directement sur lui. Les passagers crient, paniqués, à l’équipage au-dessus d’arrêter la descente. Ils ne sont pas écoutés. Quelques hommes ont levé leurs mains, essayant futilement d’empêcher les 5 tonnes du canot 15 de les écraser. Fred Barrett, le chauffeur, sort son couteau et bondit sur les cordages, en grimpant sur les gens . Il coupe les cordes pendant qu’un autre marin coupe celles à l’avant. le canot 13 se dégage de dessous le 15 quelques secondes avant qu’il ne touche l’eau. Cal, regarde de la rampe se qui se passe en bas, il entend des COUPS DE FEU…
216 EXT. PONT DU BATEAU / PONT A / BÂBORD ARRIERE
Le Cinquième Officier Lowe, dans le canot 14 a sortie son pistolet et tire un coup d’avertissement sur un groupe d’hommes qui menacent de sauter dans le canot quand il passe le long de la promenade ouverte du pont A.
LOWE
Restez tous en arrière !
PAN ! PAN !
217 EXT. PONT DU BATEAU / TRIBORD ARRIERE
Les coups s’entendent de loin.
CAL
Ca commence à partir dans tous les sens. Nous n’avons pas beaucoup de temps.
Cal voit trois chiens courir tout prés, y compris le bouledogue Français noir. Quelqu’un a libéré les animaux familiers des chenils. Cal voit Murdoch se tourner depuis les bossoirs du canot 15 et commence à marcher vers la proue. Il le rattrape et se met à côté de lui.
CAL
M. Murdoch, Je suis un homme d’affaires, comme vous le savez, et j’ai une proposition à vous faire…
219 EXT. PONT DU BATEAU / BÂBORD
Jack, Rose et les autres se précipites sur le pont du bateau par l’escalier de l’équipage juste à l’arrière du bateau, près de la 3ème cheminée. Ils regardent les bossoirs vides.
ROSE
Les canots sont partis !
Elle voit le colonel Gracie qui souffle le long du pont avant et escorte deux dames de la première classe.
ROSE
Colonel ! Est-ce que tous les canots sont partis ?
GRACIE
(regarde son état débraillé)
Non, Mademoiselle... il y en a encore deux à l’avant. Par ici, Je vous y emmène !
Jack attrape sa main et ils sprintent, dépassant Gracie, avec Tommy et Fabrizio derrière eux.
L’orchestre... incroyablement, jouent encore. Jack, Rose et les autres passent devant.
TOMMY
Me noyer en musique. Maintenant je sais que je suis en première classe.
220 EXT. PONT DU BATEAU TRIBORD AVANT
L’eau s’écoule comme un déversoir sur la rampe avancée du pont B. Sur le pont A, Murdoch et son équipe chargent le canot pliant sur l’un des bossoirs le plus avancé. Il y a quatre canots pliant soi-disant, deux sont entreposés sur le toit du quartier des officiers. La foule est clairsemée, la plupart des gens sont encore à l’arrière du bateau. Cal met la main dans la poche intérieur de son pardessus et glisse un tas de billet dans la poche du pardessus de Murdoch.
CAL
J’espère que nous nous comprenons ?
MURDOCH
(fait un signe de la tête sèchement)
Comme vous l’avez dit.
Cal, satisfait, retourne en arrière. Il se retrouve à côté de J. Bruce Ismay, qui ne le regarde pas, ni personne d’autre d’ailleurs. Lovejoy vient vers Cal à ce moment.
LOVEJOY
Je l’ai trouvée. Elle est sur le côté bâbord. Avec lui.
MURDOCH
Des femmes et des enfants ? Est-ce qu’il reste des femmes et des enfants ?
(jette un coup d’œil à Cal)
Quelqu’un d’autre, alors ?
Cal regarde son canot avec envie... son moment est arrivé.
CAL
Allez tous en enfer ! Venez.
Lui et Lovejoy se dirigent vers le côté bâbord en prenant un raccourci à travers le pont.
Bruce Ismay voit son opportunité et monte rapidement dans le canot pliant C. Il regarde fixement droit devant lui pour ne pas rencontrer les yeux de Murdoch.
MURDOCH
(regarde Ismay)
Faites descendre le canot.
221 EXT. LE BATEAU PONT / BÂBORD- NUIT
Lightoller fait monter des gens dans le canot 2. Il en est arrivé à garder son pistolet à la main à présent. Vingt pieds en dessous d’eux la mer se déverse par les portes et les fenêtres des cabines privées du pont B. Ils peuvent entendre le rugissement de l’eau qui cascade dans le bateau.
LIGHTOLLER
Des femmes et des enfants, s’il vous plaît. Les femmes et les enfants seulement. Reculez, Monsieur.
Même avec les bras de Jack enveloppés autour d’elle, Rose frissonne dans le froid. Une femme, avec deux jeunes filles, voit dans les yeux de son mari qu’elle ne le reverra plus
LE MARI
Au revoir pour un petit moment... seulement pour un petit moment.
(à ses deux petites filles)
Allez avec maman.
La femme trébuche, avec les enfants, dans le canot. Elle leurs cache ses larmes. Dessous une fausse disposition, l’homme est étouffé par l’émotion.
LE MARI
Tenez la main de maman et soyez de bonnes filles. D’accord ?
Quelques-unes des femmes sont stoïques, d’autres sont accablées par l’émotion et doivent être soutenues dans le canot Un homme griffonne une note et il la donne à une femme qui va embarquer.
L’HOMME
S’il vous plaît donnez ceci à ma femme à Des Moines dans Iowa.
Jack regarde Tommy et Fabrizio.
JACK
Vous, il vaut mieux que vous partiez de l’autre côté.
Ils font un signe de la tête et fuient en cherchant un chemin autour du pont.
ROSE
Je ne pars pas sans toi.
JACK
Monte dans ce canot, Rose.
Cal arrive à ce moment.
CAL
Si. Montez dans ce canot, Rose.
Elle est choquée de le voir. Elle recule vers Jack, instinctivement. Cal la regarde, elle est debout et frissonne dans ses habits mouillées et ses bas, une image choquante en 1912.
CAL
Mon Dieu, regardez-vous.
(enlève son manteau)
Tenez, mettez ceci.
Elle hausse les épaules d’un air engourdi. Il le fait par modestie, pas à cause du froid.
LIGHTOLLER
Vite, mesdames. Montez dans le canot. Dépêchez-vous, s’il vous plaît !
JACK
Vas-y. Je prendrais le prochain.
ROSE
Non. Pas sans toi !
Elle ne se soucie même pas de Cal, debout à côté d’elle. Il voit l’émotion entre Jack et Rose et serre les mâchoires. En revanche, il s’approche près d’elle et dit...
CAL
(bas)
Il y a des canots sur l’autre côté qui acceptent les hommes. Jack et moi pouvons descendre sans risque. Tous les deux.
JACK
( sourit d’une manière rassurante)
Ca va aller. Dépêche toi vite, nous pouvons y aller... nous avons notre propre bateau à attraper.
CAL
Montez... pressez-vous, c’est presque plein.
Lightoller attrape son bras et la tire dans le canot. Elle tend la main à Jack et ses doigts le frôle un moment. Puis elle descend dans le canot. C’est la ruée et la confusion.
LIGHTOLLER
Descendez !
Les deux hommes regardent a la rampe comme le bateau commence à descendre.
CAL
(bas)
Vous êtes un bon menteur.
JACK
Presque aussi bon que vous.
CAL
Je gagne toujours, Jack. D’une façon ou d’une autre.
( coup d’œil vers lui, il sourit)
Dommage que je n’ai pas gardé ce dessin. Il va valoir beaucoup plus demain matin.
Jack sait qu’il est "baisé". Il regarde Rose et ne veut pas gaspiller une seconde de la dernière vision qu’il à d’elle.
222 LA PERCEPTION DE ROSE...AU RALENTI
Les cordes traversent les poulies quand les marins commencent à descendre le canot. Le son porte loin... Lightoller donnant des ordres, seuls ses lèvres bougent... car Rose n’entend que le sang qui bat à ses oreilles... cela ne peut pas se passer... une fusée éclate au-dessus au ralenti, esquissant Jack dans une auréole de lumière... Les cheveux de Rose qui s’envolent au ralenti, comme elle le regarde fixement et qu’elle descend loin de lui... elle voit sa main tremblée, les larmes aux coins de ses yeux, et ne peut pas croire à la douleur insupportable qu’elle ressent...
Rose regarde encore au-dessus, des larmes coulent sur son visage. Soudain, elle fait un mouvement brusque en avant en travers des femmes à côté d’elle. Elle atteint le plat-bord et... Elle se jette hors du canot sur la rampe de la promenade du pont A, l’attrape, et passe par-dessus. Le canot 2 continue sa descente. Mais Rose est retournée sur le Titanic .
JACK
Rose ! NOOOON ! !
Jack se dégage de la rampe, court par le chemin le plus proche jusqu’au pont A. Hockley l’a vu sauter aussi. Elle est disposée à mourir pour cet homme, ce rat d’égout. Il déborde de rage, éclipsant toute sa pensée.
223 INT. LE GRAND ESCALIER
Jack frappe les portes de l’entrée et court à toute vitesse en bas des escaliers. Il la voit entrer dans l’entrée du pont A, elle court vers lui. Le long manteau de Cal vole derrière elle comme elle court. Ils se rencontrent au bas de l’escalier, et entre en collision dans une étreinte.
JACK
Rose, Rose, tu es si stupide, tu es tellement stupide.
Pendant ce temps il l’embrasse en la tenant aussi serré qu’il peut.
ROSE
Tu sautes, je saute, d’accord ?
JACK
D’accord
Hockley arrive et s’accroche à la rampe. Il les voit, enfermés dans leur étreinte. Lovejoy rejoint Cal et pose une main sur son bras pour le retenir, Cal se dégage. Il attrape le pistolet à la ceinture de Lovejoy, dans un mouvement rapide. Il court le long de la rampe en bas de l’escalier. Comme il atteint le palier au-dessus d’eux il élève le pistolet, de rage, il tire. L’angelot sculpté au pied de la rampe explose. Jack tire Rose vers l’escalier qui descend vers le prochain pont. Cal tire encore et court après eux. Une balle souffle un éclat de la boiserie de chêne derrière la tête de Jack quand il tire Rose vers le prochain escalier. Hockley descend et glisse sur la tête de la statue du chérubin et SE VAUTRE LAMENTABLEMENT . Le pistolet claque sur le sol de marbre. Il se relève, en titubant comme un ivrogne, et va le chercher.
224 INT. LA SALLE DE RECEPTION PONT D
Le fond du grand escalier est inondé de plusieurs pieds. Jack et Rose descendent l’escalier deux marches à la fois et courent dans l’eau droit devant eux et traverse à gué la pièce où le sol s’incline jusqu’à ce qu’ils atteignent la partie sèche à l’entrée du salon. Hockley arrive en bas de l’escalier à temps pour voir Jack et Rose qui pataugent au milieu de l’eau vers le salon. Il tire deux fois. De grands jets d’eau s’élèvent près d’eux, mais il n’est pas un bon tireur. L’eau tourbillonne autour de ses pieds et il recule dans l’escalier de deux pas. Autour de lui le bois gémit et craque.
CAL
Prenez du bon temps ensemble ! !
Lovejoy arrive à côté de lui. Soudain Cal se souvient de quelque chose et commence à rire.
LOVEJOY
Qu’est-ce que vous trouver de si drôle ?
CAL
J’ai mis le diamant dans la poche du manteau. Et j’ai mis mon manteau... sur elle.
Il se tourne vers Lovejoy avec une expression maladive, ses yeux brillent.
CAL
Je vous le donne... si vous pouvez le récupérer.
Il donne le pistolet à Lovejoy et revient en haut de l’escalier. Lovejoy pense a ce qu’il lui a dit... alors il cravache dans l’eau. L’eau froide arrive jusqu’à sa taille quand il traverse le salon.
225 INT. LE SALON
Lovejoy se déplace parmi les tables et les colonnes ornées et cherche... écoute... ses yeux traquent rapidement. C’est une mer de tables, et ils pourraient être n’importe où. Un service en argent, sur un chariot, roule en descendant et se heurte aux tables et piliers. Il jette un coup d’oeil derrière lui. L’eau monte dans la pièce, il avance dans une mare de cent pied de large. La salle de réception est un lac maintenant, et le grand escalier est submergé au delà du premier palier. L’écho des gémissements monstrueux résonne à travers le bateau. Jack et Rose sont accroupis derrière une table, quelque part au milieu. Ils voient l’eau qui avance vers eux et tourbillonne sur le sol. Ils rampent jusqu’à la prochaine rangée de table.
JACK
(chuchote)
Reste ici.
Il se déplace …Lovejoy se déplace d’une rangée et regarde le long des tables. Rien. Le bateau gémit et craque. Il se déplace d‘une autre rangée. Une charrette en métal, de cinq pied de haut et pleine de piles d’assiette en porcelaine, commence à rouler en bas de l’allée entre les tables. Rose la voit qui roule vers elle. La charrette heurte une table et les piles d’assiettes tombent, explosant sur le sol. Rose se rue hors de sa trajectoire et…Lovejoy se retourne et la voit. Il se déplace vers elle rapidement et garde le pistolet, près à tirer… Jack s’attaque à lui de côté. Ils tombent sur une table ensemble en l’écrasant. Ils se retrouvent au sol, dans l’eau qui coule rapidement entre les tables. Jack et Lovejoy se battent dans l’eau glacée. Jack presse son genou sur la main de Lovejoy, qui en lâche le pistolet, d’un coup de pied Jack l’envoie au loin. Lovejoy joue des pieds et des mains et tente un mouvement brusque sur Jack, mais celui-ci lui envoie son poing droit dans le plexus solaire, qui le fait se plier en deux.
JACK
Avec les compliments des Dawsons de Chippewa Falls.
Il attrape Lovejoy et le balance contre une colonne ornée. Lovejoy tombe au sol dans un splash, assommé.
JACK
Allons nous en.
Jack et Rose courent. Derrière eux les tables sont devenues des îles sur un lac... et le fond de la pièce est inondée jusqu’au plafond.
Lovejoy se relève et cherche son pistolet. Il le tire de l’eau et les suit.
226 INT. LA CUISINE / CAGE D’ESCALIER
Ils courent à travers la cuisine et Rose allume l’escalier. Elle veut monter mais Jack attrape sa main. Il l’amène en-dessous. Ils s’accroupissent sur le palier quand Lovejoy court à l’escalier. Il suppose qu’ils sont montés (qui ne le voudrait pas ?) il grimpe les marches deux par deux. Ils attendent qu’il soit suffisamment loin pour s’éloigner. Ils entendent... un enfant qui crie, en-dessous d’eux. Ils descendent quelques marches pour regarder le long du prochain pont.
227 INT. LES COULOIRS DU PONT E
Le couloir est inondé, profondément. L’enfant est debout contre le mur, approximativement 50 pieds plus loin, c’est un petit garçon d’environ 3 ans . L’eau tourbillonne autour de ses jambes et il gémit.
ROSE
Nous ne pouvons pas le laisser.
Jack fait un signe de la tête et ils laissent la promesse de la fuite en haut de la cage d’escalier pour prendre l’enfant. Jack attrape le gosse et ils courent à l’escalier, mais un torrent d’eau se déverse en bas comme des rapides. Il y a trop de puissance pour eux .
JACK
Viens.
Ils se dirigent de l’autre côté en bas du couloir inondé, ils font sauter de l’eau à chaque pas. À la fin du couloir se trouvent de lourdes doubles portes. Quand Jack les approchent il voit que l’eau passe à travers l’intervalle au milieu des portes jusqu’au plafond. Les portes gémissent et commencent à se fissurer sous les tonnes de pression.
JACK
En arrière !En arrière ! !
Rose court aussitôt par où ils sont venus et prennent un autre couloir à un croisement. Un homme arrive d’un autre chemin. Il voit le garçon en larmes dans les bras de Jack, l’arrache à Jack. Il part en les maudissant en russe. Il court avec le garçon
ROSE
Non ! Pas par ce côté! Revenez !
228 LES DOUBLES PORTES explosent, un mur d’eau s’abat dans le couloir. Le père et l’enfant disparaissent aussitôt.
Jack et Rose se mettent à courir car une vague surgit au croisement, du sol au plafond. Elle gagne du terrain sur eux comme une locomotive. Ils arrivent à un escalier qui monte.
229 INT. LA CAGE D’ESCALIER
Jack et Rose grimpent les marches, le tourbillon d’eau est juste derrière eux. Une grille en acier bloque le sommet de l’escalier. Jack saisi les barreaux. Un steward terrifié est debout sur le palier au-dessus et court à la vue de l’eau qui tonne en haut les escaliers.
JACK
Attendez ! Attendez ! Aidez-nous ! Ouvrez la grille
Le steward continue. L’eau monte autour de Jack et Rose, versant à travers les barreaux en les plaquant contre eux. En quelques secondes ils en ont jusqu’à la taille.
ROSE
Aidez-nous ! !
Le steward s’arrête et regarde en arrière. Il voit Jack et Rose à la grille, leurs bras passés à travers... Il regarde l’eau qui se déverse à travers les barreaux sur le palier.
LE STEWARD
Putain de merde!
Il revient en arrière en luttant contre le courant. Il tire un trousseau de clés de sa ceinture et luttes pour déverrouiller le cadenas quand des trombes d’eau s’abattent sur eux. Il y a un court-circuit et le palier est plongé dans l’obscurité. L’eau arrive maintenant à la serrure et il le fait au toucher.
JACK
Allez ! Allez !
Jack et Rose sont contre le plafond... Soudain la grille s’ouvre. Ils sont poussés par la force de l’eau. Ils vont a l’escalier de l’autre côté du palier et suivent le steward jusqu’au prochain pont.
230 EXT. PONT DU BATEAU CÔTÉ TRIBORD
Cal arrive chancelant hors de l’entrée des premières classes et regarde, les yeux écarquillés, la déclinaison du pont. Un air de valse flotte sur le bateau. Quelque part l’orchestre joue encore. Cal voit une petite fille, peut-être âgée de deux ans, elle pleure le long du pont dans une alcôve. Elle regarde Cal en le suppliant. Cal continue sans un coup d’œil en arrière... il atteint une foule regroupée autour du canot pliant A . Il voit Murdoch et plusieurs marins qui luttent pour traîner le bateau aux bossoirs, sans succès.
Cal pousse les gens et avance, il essaie de se signaler à Murdoch, mais l’officier l’ignore. Tommy et Fabrizio sont poussés par la foule en avant. Le commissaire de bord, MC ELROY, les repoussent et obtient de l’aide de deux marins. Il brandit son pistolet et l’agite en l’air, en hurlant pour que la foule reste en arrière.
231 EXT. PONT DU BATEAU, CÔTÉ BÂBORD / TOIT DU QUARTIER DES OFFICIERS.
Lightoller, avec un groupe d’équipage et de passagers, essaie de descendre le canot pliant B du toit. Ils le font glisser en bas sur une paire d’avirons appuyée contre le toit du pont.
LIGHTOLLER
Tenez-le ! Tenez-le !
Le poids du canot casse net les avirons et il s’écrase sur le pont, sens dessus dessous. Deux cousins Suédois, OLAUS et BJORN GUNERSEN, font un bond quand le canot tombe en les frappant presque.
233 INT. LA CAGE D’ESCALIER
Jack et Rose courent en haut de l’escalier sans fin alors que le bateau gémit et grogne autour d’eux .
234 EXT. PONT DU BATEAU CÔTÉ TRIBORD,
Murdoch, n’a plus le contrôle du pliant A. La foule menace de prendre le canot. Ils se poussent et se bousculent, hurlant et criant. La pression les pousse par derrière, et un type tombe du bord du pont dans l’eau à moins de dix pieds en-dessous.
TOMMY
Donnez-nous une chance de vivre, enfants de salaud !
Murdoch tire deux fois en l’air, puis il pointe son pistolet sur la foule.
MURDOCH
Je tirerai sur tout homme qui essaie d’avancer.
Cal s’approche de lui.
CAL
Nous avions une affaire, vous et moi ?
Murdoch le repousse et pointe son pistolet sur Cal.
MURDOCH
Reculez !
Un homme à côté de Tommy se rue en avant, Tommy est poussé par derrière. Murdoch tire sur le premier homme, puis sur Tommy qui avance, il lui tire une balle en pleine poitrine. Tommy s’écroule, Fabrizio l’attrape et le tient dans ses bras quand sa vie part, sur le pont. Murdoch se tourne vers ses hommes et les salut . Il met le pistolet à sa temple et... PAN ! Il tombe, comme une marionnette dont on aurait coupé les ficelles, dans l’eau quelques pieds en dessous. Cal regarde avec horreur le corps de Murdoch qui s’agite dans l’eau noire. L’argent se répand hors de la poche de son manteau, les billets se dispersent à la surface.
L’équipage se précipite pour faire monter les quelques dernières femmes dans le canots.
LE COMMISSAIRE DE BORD McELROY
(appel au-dessus de la confusion)
Des femmes ou des enfants ? !
L’enfant pleure dans l’alcôve. Cal l’attrape et court en avant en la prenant dans ses bras.
CAL
(force son chemin à travers la foule)
Ici, j’ai un enfant ! J’ai un enfant !
(à McElroy)
S’il vous plaît... Je suis tout se qu’elle a au monde.
McElroy fait un signe de tête, sèchement et le pousse dans le bateau. Il file avec son pistolet et le brandit pour retenir les autres hommes. Cal entre dans le bateau en tenant la petite fille. Il s’assied avec les femmes.
CAL
Là, là.
235 INT. LE SALON FUMOIR DE LA 1er CLASSE
Thomas Andrews se trouve devant la cheminée et regarde le grand tableau au-dessus. Le feu est encore allumée dans la cheminée. La pièce est vide à l’exception d’Andrews. Un cendrier tombe de la table. Derrière lui Jack et Rose courent dans la pièce, hors de souffle et trempés. Ils traversent, en faisant tourner la porte... alors Rose le reconnaît. Elle voit que son gilet de sauvetage est sur une table.
ROSE
Est-ce que vous ne ferez même pas un essai, M. Andrews ?
ANDREWS
(une larme roule sur sa joue)
Je suis désolé de n’avoir pas construits un bateau plus solide, jeune Rose.
JACK
(à elle)
Ca va vite... nous devons continuer.
Andrews ramasse son gilet de sauvetage et le lui donne.
ANDREWS
Bonne chance à vous, Rose.
ROSE
(l’étreint)
Et à vous, M. Andrews.
Jack la prend par la main et ils traversent la porte tournante.
236 EXT. PONT DU BATEAU ET PLUSIEURS EMPLACEMENTS
L’orchestre finit une valse. Wallace Hartley regarde les membres de l’orchestre.
HARTLEY
Bien, ça suffit.
Ils le laissent et marchent le long du pont . Hartley met son violon à son menton et jouent les premières notes de "plus Près de toi mon Dieu". Un par un les membres de l’orchestre se retournent en entendant la mélodie solitaire. Ils reviennent sans un mot et reprennent leur place. Ils se joignent à Hartley et amplifient le son afin qu’il atteigne tout le bateau, par cette nuit immobile. Le chanteur commence : "Si dans mes rêves je suis, plus proche de toi mon Dieu..."
LE CANTIQUE SE JOUE SUR LA SÉQUENCE SUIVANTE :
237 un marin enlève son gilet de sauvetage et va jusqu’au Capitaine Smith qui marche sur le pont. Il le lui offre, mais Smith paraît écrouler intérieurement . Sans un mot il se tourne et va à la passerelle. Il entre dans l’abri de navigation et ferme la porte. Il est seul, entouré par les instruments luisants en cuivre.
238 Dans le salon fumoir de la première classe Andrews est comme une statue. Il sort de sa poche sa montre et regarde l’heure. Alors il ouvre l’horloge de la cheminée et l’ajuste à l’heure correct : 2 :12 du matin. Tout doit être correct.
239 DANS LA SUITE DE CAL l’eau tourbillonne dans le pont promenade privé. Les tableaux de Rose sont submergés. Le Picasso se transforme sous la surface de l’eau. le Degas colore la pièce. Les lis de l’eau de Monet s’éveillent à la vie.
240 Deux silhouettes s’allongent côte à côte, complètement vêtu, sur un lit dans une cabine de première classe. Ida et Isador Strauss regardent le plafond et se tiennent les mains comme de jeunes amants. L’eau se déverse dans la pièce à travers la porte. Elle tourbillonne autour du lit, et monte très vite.
241 DANS UNE CABINE DE l’ENTREPONT quelque part dans les entrailles du bateau, la jeune mère Irlandaise, qui attendait a l’escalier stoïquement, couvrent deux jeunes enfants dans un lit. Elle lève les couvertures et s’assure qu’ils aient chaud. Elle se couche avec eux sur le lit, leur parle calmement en les tenant.
242 EXT. LE PONT DU BATEAU
Une vague envahit le pont du bateau comme si les éviers d’une maison étaient restés ouverts. Le pont est sous l’eau.
243 SUR LE CÔTÉ BÂPORT
Le canot B est secoué par l’eau. Les hommes essaient de le détacher ou le bateau l’entraînera avec lui. Le colonel Gracie donne un couteau de poche à Lightoller et il scie les cordes alors que l’eau tourbillonne furieusement autour de ses jambes. Le canot, encore sens dessus dessous, est balayé du bateau. Les hommes se jettent à l’eau pour s’y accrocher.
244 DANS LE CANOT A
Cal est assis à côté de l’enfant qu’il a complètement oublié. Il regarde l’eau qui s’élève autour des hommes. Ils essaient de couper les cordes du bateau. Fabrizio enlève le gilet de sauvetage du corps de Tommy et luttes pour le mettre alors que l’eau monte autour de lui.
245 LE CAPITAINE SMITH est debout à la barre et regarde l’eau noire qui monte à travers les fenêtres de l’abri de navigation . Il a l’expression accablée d’une âme condamnée au Jugement Dernier. Soudain les fenêtres éclatent, un mur d’eau et de tessons de verre tombent sur Smith. Il disparaît dans un tourbillon de mousse.
246 CANOT A
Il est frappé par une vague quand la proue plonge soudainement. Elle inonde une partie du canot et l’emporte le long du pont. Plus de cent passagers sont plongés dans l’eau glacée autour du bateau, des gens cries. Des hommes essaient de grimper dans le canot, Cal attrape un aviron et les repousse dans l’eau.
CAL
Reculez ! Vous allez nous faire chavirer !
Fabrizio nage pour survivre et est aspiré sous un bossoir. Les cordes et les poulies s’enchevêtrent autour de lui. Quand le bossoir va sous l’eau, il est entraîné avec lui. Il lutte pour se libérer, et donne alors un coup de pied pour remonter à la surface. Il refait surface et reprend de l’air, dans l’eau glacée.
247 WALLACE HARTLEY voit l’eau submerger le pont et venir vers eux rapidement. Il retient longtemps la dernière note du cantique, alors seulement il abaisse son violon.
HARTLEY
Messieurs, ce fut un privilège de jouer avec vous ce soir.
248 EXT. PONT A CÔTÉ BÂBORT
Jack et Rose courent dans une foule dense. Jack se fraye un chemin jusqu'à la rampe et regarde l’état du bateau. La passerelle est sous l’eau et sur le pont, c’est le chaos. Jack aide Rose à mettre son gilet de sauvetage. Les gens affluent autour d’eux, en criant et se bousculant.
JACK
Rose... nous devons aller à l’arrière du bateau. Il faut rester dessus aussi longtemps que possible.
Ils se frayent un chemin à travers la foule prise de panique.
249 EXT. PONT AVANCÉ
Le pliant A est secoué comme une feuille par les courants autour du bateau qui sombre. Il claque contre le côté du pont avancé.
CAL
(à l’équipage dans le bateau)
Ramez ! Ramez, enfants de salaud ! !
250 TOUT PRÈS
Fabrizio est aspiré contre une grille de ventilateur quand l’eau se déverse à travers elle. La force de l’eau l’a piégé contre elle, il est entraîné sous la surface. Il lutte pour se libérer mais n’y arrive pas.
Soudain il y a une commotion profonde au cœur du bateau comme une chaudière qui explose et un souffle d’air chauds hors du ventilateur, projetant Fabrizio. Il refait surface dans un hurlement et continue à nager.
251 EXT. PONT A / B-PONT
Jack et Rose grimpent sur le pont A vers l’arrière du bateau. Alors utilisant toute sa force, il aide Rose à descendre vers le pont en dessous, en lui tenant la main. Elle s’y accroche pour descendre. Jack saute derrière elle. Ils rejoignent une cohue de gens qui se montent les uns sur les autres pour descendre l’escalier étroit du pont du puits... le seul chemin sûr. Voyant que l’escalier est inaccessible, Jack grimpe sur le pont B et aide Rose à passer par dessus la rampe, elle chute en retombant . Le boulanger Joughin, arrive à côté d’elle et aide Rose à se relever. Jack descend à son tour et tout trois sont poussés à travers la foule en travers du pont du puits. A la rampe, des gens sautent dans l’eau. Le bateau gémit et tremble. Un homme devant Jack marche comme un zombie.
L’HOMME
Et, je traverse la vallée de l’ombre de la mort pourtant…
JACK
Marche un peu plus vite à travers cette vallée.
252 EXT. LA CHEMINEE AVANCÉ
Les câbles de soutient de la cheminée lâchent un à un, fouettant l’air comme des fouets d’acier vers l’eau. Cal regarde la cheminée s’affaisser de sa montagne. Tombant comme un pilier de temple, de vingt huit pieds, dans l’eau avec un éclaboussement terrible. Les gens qui nageaient en dessous disparaissent en un instant. Fabrizio, quelques pieds plus loin, est projeté au fond par une vague énorme . Il remonte en soufflant...nage encore. L’eau qui verse comme un entonnoir dans la cheminée couchée aspire plusieurs nageurs. La cheminée coule et disparaît, mais …
Des centaines de tonnes d’eau se déversent dans le trou de 30 pieds où se trouvait la cheminée et tombe dans le ventre du bateau. Le tourbillon forme un trou dans l’océan, T. W. McCauley, l’instructeur du gymnase est aspiré par ce tourbillon comme une araignée qui tombe à l’eau. Fabrizio, proche, nage contre cet enfer quand plusieurs personnes sont aspirées derrière lui. Il réussit à y échapper. Tout cela n’a pas d’importance, il a fait tout ce qu’il fallait pour rester en vie.
253 INT. L’ENTRÉE DU PONT DU BATEAU / GRAND ESCALIER
Un torrent se déverse à travers les portes et les fenêtres en cascade en bas de l’escalier comme des rapides. John Jacob Astor est balayé en bas des marches en marbre du pont A, déjà inondé... . Il attrape l’ange décapité au bas de l’escalier et met ses bras autour. Astor lève les yeux pour voir le dôme de verre 30 pieds au-dessus explosé sous une vague d’eau qui emmène tout sur son passage. Un Niagara d’eau de mer tombe dans la pièce et fait sauter l’opulence de la première classe. C’est l’Armaggeddon de l’élégance.
255 INT. PONT EN-DESSOUS
L’inondation est horrible. Les murs et les portes éclatent . L’eau rugit en bas du couloir avec force. La FAMILLE CARTMELL est en haut d’une cage d’escalier, bloqué contre une grille fermée à clé comme Jack et Rose l’étaient. L’eau tourbillonne en haut de la cage d’escalier derrière eux. Bert Cartmell secoue la grille, crie pour qu’on l’aide. La petite Cora hurle quand l’eau bouillonne au-dessus d’eux.
256 EXT. POUPE
Rose et Jack luttent pour grimper l’escalier du pont du puits alors que le bateau s’incline. Le boulanger Joughin, ivre, met une main aux fesses de Rose et la pousse au-dessus du pont.
JOUGHIN
Désolé, mademoiselle !
Des centaines de gens sont déjà sur la poupe, et il en arrive de plus en plus chaque seconde. Jack et Rose se cramponnent ensemble en luttant en travers du pont incliné.
257
Comme la proue descend, la poupe monte. Dans le canot 2 qui est juste à l’arrière, les passagers restent bouche bée quand les hélices de bronze géantes sortent de l’eau comme le dieu des profondeurs.
Des gens sautent du pont du puits, de la poupe. Quelques-uns frappent des débris dans l’eau et sont blessés ou tués.
260 EXT. POUPE
Sur la poupe, Jack et Rose luttent sur le bateau s’inclinant de plus en plus. Des centaines de passagers se retiennent à chaque objet fixe du pont et se blottissent à genoux autour de PÈRE BYLES qui a élevé la voix dans la prière. Ils prient, sanglotent, ne regardent rien, leurs esprits s’effacent avec la terreur. Avançant prise après prise, Jack tire Rose le long du pont .
JACK
Vient, Rose. Nous ne pouvons pas attendre que Dieu fasse tout le travail pour nous.
Ils luttent et passent à travers les gens qui prient. Un homme perd l’équilibre et glisse vers eux. Jack l’aide.
261 LES HÉLICES sont vingt pieds au-dessus de l’eau et montent plus vite.
262 JACK ET ROSE
Arrivent à la rampe de la poupe, ils se redressent en arrivant à la base du mât. Ils saisissent la rampe entre d’autres gens. C’est au même endroit où Jack a ramené Rose sur le bateau, il y a seulement deux nuits.... Au-dessus des gémissements et des sanglots, le Père Byles porte sa voix avec émotion.
PERE BYLES
...Et j’ai vu un nouveau paradis et un nouveau monde. Le ciel antérieur et le monde antérieur nous avais quitté et la mer n’était plus.
Les lumières tremblotent et menacent de s’éteindre. Rose enserre Jack à la poupe, dans un ciel de nuit en feu avec des étoiles.
PERE BYLES
J’ai aussi vu un nouveau Jérusalem, la ville sacrée qui descend hors du ciel de Dieu, beau comme une mariée se préparant à rencontrer son mari. J’ai entendu une haute voix tinté depuis le trône, c’est Dieu qui demeure parmi les hommes. Il demeurera avec eux et ils seront Son peuple et Il sera leur Dieu qui est toujours avec eux.
Rose regarde autour d’elle le visage des condamnés. La famille DAHL s’accroche ensemble stoïquement. Helga la regarde brièvement, et ses yeux sont infiniment tristes.
Rose voit une jeune mère à côté d’elle, elle tient un enfant de cinq ans, qui pleure de terreur.
LA MÈRE
Shhh. Ne pleure pas. Ce sera bientôt fini, mon chéri. Tout va être fini bientôt.
PERE BYLES
Il essuiera chaque larme de leurs yeux. Et il n’y aura plus aucune mort, plus aucun pleure, ni cris, ni souffrance, le monde passé sera loin.
263 Les armoires se sont ouvertes brusquement dans le cellier, il pleut des tonnes de porcelaine sur le sol. Un piano glisse sur le sol et s’écrase contre un mur. Le mobilier tombe sur le sol parqueté du salon fumoir.
264 SUR LE PONT PROMENADE A
Les passagers lâchent leurs prises et glissent en bas du pont en bois, comme dans une course de bobsleigh, à des centaines de pieds avant qu’ils ne frappent l’eau. TRUDY BOLT, la bonne de Rose, dérape en luttant le long de la rampe et glisse en hurlant.
265 À L’ARRIÈRE
Les hélices sont 100 pieds hors de l’eau et s’élèvent encore. Les gens étant pris de panique sautent de la rampe de la poupe, ils tombent en hurlant et frappent l’eau comme des boulets de mortier. Un homme tombe de la poupe et heurte le moyeu de l’hélice, en bronze, du tribord avec une claque écœurante.
266 Les gens déjà à l’eau, lèvent les yeux et voient la poupe s’élever comme une statue de pierre, les hélices se soulèvent contre les étoiles. 110 ou 120 pieds au-dessus de l’eau.
267 A la rampe de poupe un homme saute, il passe droit devant les vis géantes. L’eau se referme sur lui.
EXT. TITANIC / CANOT 6
268 Ruth entend les sons du paquebot mourant et les cris des gens tombés dans l’eau.
269 Ils voient le spectacle du Titanic, se lumières renvoyées dans l’eau immobile. L’arrière est haut dans l’air, un angles de plus de quarante cinq degrés. Les hélices sont 150 pieds hors de l’eau. Mille passagers accrochez aux ponts, ressemblent à distance à un essaim d’abeilles. L’image bouleverse incroyablement. Ruth regarde le spectacle, incapable de le voir dans toute sa dimension.
MOLLY BROWN
Dieu tout puissant
Les lumières du grand transatlantique vacillent.
270 INT. LA SALLE DES MACHINE
Dans l’obscurité, l’Ingénieur en Chef Bell est suspendu à un tuyau du panneau de contrôle. Autour de lui les hommes grimpent, à travers les machines inclinées, avec des torches électriques. C’est un enfer noir de tuyaux qui se brisent, éclaboussant. Les machines gémissent et menacent d’exploser. L’eau frappe le panneau de contrôle, mais Bell ne lâchera pas son poteau. CLUNK. Il casse, l’envoyant violemment, dans une explosion de lumière ! Quelque chose fond et décrie un arc de lumière dans la salle des machines, la lumière est cauchemardesque.
271 EXT. TITANIC
Les lumières s’éteignent sur le bateau. Le Titanic devient une silhouette noire et vaste contre les étoiles. Dans le canot C BRUCE ISMAY ne regarde pas le bateau, incapable de voir la mort du grand vapeur. Il est tétanisé par les remords .S’il peut détourner ses yeux, il ne peut pas s’empêcher d’entendre les sons des gens mourant.
272 EXT. LE PONT DU BATEAU
Un homme saisit la rampe du bateau. Il regarde vers le bas quand le pont se fend entre ses pieds. Un vide bâillant s’ouvre dans un tonnerre d’acier qui se brise. Lovejoy saisit la rampe sur le toit du quartier des Officiers. Il regarde avec horreur la structure du bateau se déchirer juste devant lui. Il reste bouche bée en voyant l’élargissement droit vers le bas dans les entrailles du bateau, au milieu d’un bombardement, comme un son d’artillerie. Des gens tombent dans la crevasse comme des poupées. Les câble de la cheminée cassent net et fouettent le pont en arrachant les bossoirs et les ventilateurs. Un homme est touché par un câble et le saisi. Un autre câble s’écrase sur la rampe, à côté de Lovejoy, et la déchire. Il tombe dans la fosse de métal déchiqueté. Feux, explosions et lumières d’étincelles se produisent dans le gouffre béant quand la coque se fend à travers les neuf ponts jusqu’à la quille. La mer se déverse dans la blessure béante.
273 INT. LA SALLE DES MACHINES
C’est un enfer noir énorme. Les hommes crient quand les monstrueuses machines s’effondrent autour d’eux, l’acier se tord comme des bonbons au caramel. Leurs torches éclairent le démon écumant l’eau quand ils courent à travers les machines, essayant de grimper, ils sont rattrapés en quelque seconde.
274 EXT. TITANIC - NUIT
La poupe du bateau, presque quatre cents pieds de long, retombe vers l’eau. Sur la poupe tout le monde crie quand ils se sentent plonger. Le son monte, comme le rugissement de la foule sur un stade du base-ball, quand une équipe a marqué des points. Dans l’eau sous l’arrière du bateau quelques malheureux hurlent quand ils voient la quille descendre vers eux. La massive poupe tombe dans la mer et créé une vague d’eau puissante . Jack et Rose luttent sur la rampe. Ils sentent le bateau se remettre à flot apparemment. Quelques-uns prient pensant à un salut.
PLUSIEURS PERSONNES
Nous sommes sauvés !
Jack regarde Rose et secoue la tête, sinistrement.
Maintenant la mécanique horrible se joue. Tiré vers le bas par le poids imposant de la proue inondée, la proue s’élève plus rapidement. Tout le monde s’accroche aux bancs, rampes, ventilateurs... à n’importe quoi pour s’empêcher de glisser. L’arrière monte de plus en plus haut, 45 degrés… soixante. Les gens commencent à descendre, glissent et tombent. Ils dérapent en bas du pont, criant et se débattant pour se saisir de quelque chose . Ils tirent violemment sur les autres gens et les font tomber aussi. Il y a une accumulation de corps à la rampe avancée. La famille DAHL cède un par un.
JACK
Nous devons nous déplacer !
Il grimpe sur la rampe de poupe et tend la main à Rose. Elle est terrifiée. Il attrape sa main.
JACK
Vient ! Je te tiens !
Jack la tire sur la rampe. (C’est à cette même place qu’il l’a rattrapée sur la rampe il y a deux nuits, mais pour aller dans l’autre direction). Elle passe par dessus, au même moment la rampe se met à l’horizontale, et le pont à la verticale. Jack la saisit violemment.
L’arrière est droit en l’air maintenant... une statue de pierre noire ébranlées, debout contre les étoiles. Il est suspendu là comme ça pour une longue note de grâce, flottant. Rose est couchée sur la rampe, regardant en bas le bouillonnement de la mer. Des gens près d’eux, qui ne sont pas passés par dessus la rampe, sont accrochés les jambes pendantes au-dessus du vide. Ils cèdent un par un et tombent. Quelques-uns rebondissent horriblement sur les bancs et ventilateurs du pont. Jack et Rose sont couchés l’un près de l’autre sur ce qui était la face vertical de la coque et empoignent la rampe qui est à l’horizontale maintenant. Juste sous leurs pieds il y a les lettres en or TITANIC blasonnées sur la poupe. Rose regarde fixement en bas, elle est terrifié par l’océan noir qui attend de les recevoir en-dessous. Jack regarde à sa gauche et voit le boulanger Joughin accroupit sur la coque, se tenant à la rampe. C’est un moment surréaliste.
JOUGHIN
(fait un signe de la tête en salutation)
La nuit est d’enfer !
L’implacable plongeon final commence, ils regardent cent pieds plus bas. Ils tombent comme dans un ascenseur .
JACK
(parle vite)
Prends une grande respiration avant de rentrer dans l’eau. Le bateau va nous aspirer. Fait des battements de pieds pour remonter à la surface et ne lâche pas ma main. Nous allons nous en sortir Rose. Aie confiance en moi.
Elle regarde l’eau qui vient vers eux, en tenant sa main plus fortement.
ROSE
J’ai confiance en toi.
En dessous d’eux le bateau commence à disparaître. Le plongeon prend de la vitesse... la bouillante surface engouffre le pont d’amarrage et les derniers trente pieds.
278 La poupe descend dans le bouillonnement de la mer. Le nom TITANIC disparaît, ainsi que les silhouettes minuscules de Jack et Rose.
Où le bateau se trouvait, maintenant il n’y a plus rien. Seulement l’océan noir.
279 EXT. L’OCÉAN / SOUS L’EAU ET SURFACE
Les corps tournoient et tombent en vrille, quelques un sans force comme des poupées, d’autres luttant irrégulièrement, quand le tourbillon les aspirent et les emportent.
280 Jack fait des battements de pieds pour revenir à la surface ... il tient Rose fermement, la poussant vers le haut.
281 A la surface, c’est le chaos, les gens crient et se débattent. Plus d’un millier de personne flottent maintenant là où le bateau a coulé. Quelques-uns sont étourdis et recherche leur souffle. D’autres pleurent, prient, crient... Jack et Rose refont surface parmi eux. Ils ont à peine le temps de reprendre leur souffle en présence des naufragés qui se débattent. Ils sont rendus fous par l’eau, 4 degrés en dessous de zéro, un froid si intense. Un homme s’appuie sur Rose et essaie de monter sur elle... essayant de sortir de l’eau stupidement, en grimpant sur n’importe quoi. Jack lui donne des coups de poings à maintes reprises pour la libérée.
JACK
Nage, Rose ! NAGE !
Elle essaie, mais ses coups ne sont pas aussi efficaces que les siens à cause de son gilet de sauvetage. Ils s’éloignent hors du caillot de gens. Il doit trouver quelque chose pour flotter, n’importe quoi pour sortir de l’eau glacée.
JACK
Continue à nager. Continue à te déplacer. Allez Rose, tu peux le faire.
Tout autour d’eux il y a des gémissements terribles, des cries... un chœur d’âmes tourmentées. Et au-delà ... rien sauf l’eau noire qui s’étend à l’horizon. La sensation d’isolement et de désespoir accablant.
283 EXT. L’OCÉAN
Jack nage en rythme, un effort qui l’empêche de geler.
JACK
Cherches quelque chose qui flotte. Des débris... du bois... n’importe quoi.
ROSE
C’est si froid.
JACK
Je sais. Je sais. Aide-moi. Regarde autour.
Ses mots l’obligent à se concentration et elle oublie les gémissements autour d’eux. Rose explore l’eau et s’essouffle, à peine capable de reprendre sa respiration. Elle tourne et... crie. Un diable est juste devant son visage. C’est le bouledogue Français noir qui nage droit vers elle comme un monstre des mers dans l’obscurité, Il se dirige en direction de Terre-Neuve. Au-delà de lui Rose voit quelque chose dans l’eau.
ROSE
Qu’est-ce que c’est ?
Jack voit ce qu’elle montre, et ils y vont ensemble. C’est un morceau de débris en bois, sculpté d’une façon complexe. Il la pousse et elle se hisse sur le ventre. Mais quand Jack essaie de la rejoindre sur le débris, il s’incline et le submerge. C’est seulement assez grand pour la supporter elle. Il s’accroche, près d’elle, laissant juste le haut de son corps hors de l’eau du mieux qu’il peut.
Leurs souffles flottent autour d’eux dans un nuage car ils respirent rapidement sous l’effort. Un homme nage vers eux, espérant trouver une place sur le morceau de débris. Jack le prévient de rester en arrière.
JACK
C’est juste assez pour cette dame... vous le ferez couler.
L’HOMME
Laissez-moi essayer au moins, ou je mourrais bientôt.
JACK
Vous mourrez plus rapidement si vous vous approchez.
L’HOMME
Oui, je vois. Bonne chance à vous alors. Dieu vous bénisse.
284 EXT. PLIANT A / OCÉAN
Le canot est surchargé et à demi inondé. Des hommes s’accrochent aux côtés dans l’eau. D’autre nage et sont attirés à lui comme leur seul espoir. Cal, est debout dans le bateau, claque son aviron dans l’eau comme un avertissement.
CAL
Restez en arrière ! Gardez vos distances !
Fabrizio, est épuisé et près du point de rupture, il arrive presque au bateau . Cal le frappe avec l’aviron, coupant son cuir chevelu.
FABRIZIO
Ne faites pas... comprenez... J’ai... obtenu... à Amérique.
CAL
(indique avec l’aviron)
C’est part là !
Fabrizio flotte et halète chaque souffle, il est à l’agonie . Son esprit le quitte. La dernière chose qu’il voit : Cal au ralenti, hurlant et maniant l’aviron. Un démon en smoking. L’image se trouble et noircie.
285 EXT. L’OCÉAN
Jack et Rose flottent parmi le cœur des âmes damnées. Jack voit un officier du bateau à proximité, l’officier en chef WILDE. Il souffle dans son sifflet furieusement, il sait que le son, portera sur l’eau.
JACK
Les bateaux reviendront pour nous, Rose. Tiens juste un peu plus longtemps. Ils ont dû ramer loin pour éviter de se faire aspirer et maintenant ils vont revenir.
Elle fait un signe de la tête, ses mots l’aident. Elle frissonne irrésistiblement, ses lèvres bleuissent et ses dents claques.
ROSE
Dieu merci pour toi Jack.
Les gens crient encore, appelant les canots de sauvetage.
UNE FEMME
Revenez ! Nous savons que vous pouvez nous entendre. Pour l’amour de Dieu !
UN HOMME
S’il vous plaît... aidez-nous. Sauvez nos vies ! SAUVEZ NOS VIES !
286 EXT. LES CANOTS DE SAUVETAGE / OCÉAN
CANOT 6
Ruth s’est couvert les oreilles pour ne pas entendre les cris dans la nuit. Les femmes de la première classe dans le canot sont étourdies, écoutant le son des cris par centaine.
HITCHINS
Ils nous ferons couler !
MOLLY
Assez ! Ca suffit, vous me terrifiez. Venez les filles, attrapez vos avirons. Allons-y
(personne ne se déplace)
Allez venez !
Les femmes ne rencontrent pas ses yeux. Elles se blottissent dans leurs châles d’hermine.
MOLLY
Je ne comprends pas ! Quel est le problème avec vous ? C’est vos hommes qui sont là-bas ! Nous avons assez de places pour plus de monde ici.
HITCHINS
Si vous ne la fermez pas, il y en aura une en moins dans ce bateau !
Ruth garde ses oreilles couvertes et ses yeux sont fermés, s’isolant de tout.
287 CANOT 1
Sir Cosmo et Lucile Duff-Gordon sont avec dix autres passagers dans un bateau qui est au deux tiers vide. Ils sont à deux cents yards des cris dans l’obscurité.
POMPIER HENDRICKSON
Nous devrions faire quelque chose.
Lucile presse la main de Cosmo et l’implore des yeux. Elle est terrifiée.
MONSIEUR COSMO
C’est hors de question.
Les membres d’équipage, intimidés par ce noble (IGNOBLE), acquiescent. Ils se voûtent d’un air coupable et espèrent que le bruit s’arrêtera bientôt.
Les 20 canots, à moitié plein, flottent dans l’obscurité. Aucun d’eux ne fait un mouvement.
288 EXT. L’OCÉAN
Jack et Rose dérivent sous les étoiles en feu. L’eau est vitreuse, avec seulement la faible ondulation de la houle. Rose peut réellement voir les étoiles se reflétant sur le miroir noir de la mer. Jack se soulève de l’eau, pour replier le long manteau sur les jambes de Rose, bien hermétiquement. Il frotte ses bras. Son visage est couleur craie dans l’obscurité. Un faible gémissement dans l’obscurité autour d’eux.
ROSE
Ca devient tranquille.
JACK
Plus que quelques minutes. Il faut du temps pour que les canots s’organisent.
Rose est immobile et regarde juste l’espace. Elle connaît la vérité, il n’y aura pas de bateaux. Derrière Jack, elle voit cet Officier Wilde qui a cessé de siffler. Il s’est affaissé dans son gilet de sauvetage et semble endormi. Il est déjà mort de froid.
JACK
Je ne sais pas pour toi, mais je projette d’écrire une lettre fortement salée à la White Star Line au sujet de tout ça.
Elle rit faiblement, mais il sonne faux, comme un sursaut de peur. Rose trouve les yeux de Jack dans la lumière faible.
ROSE
Je t’aime Jack.
Il prend sa main.
JACK
NON... ne me dit pas encore adieu, Rose. Ne fait pas ça n’abandonne pas. Ne le fait pas.
ROSE
J’ai si froid.
JACK
Tu vas te sortir de là... et tu vas faire des bébés et tu les regarderas grandir et tu mourras très vieille, au chaud dans ton lit. Pas ici. Pas cette nuit. Est-ce que tu me comprends ?
ROSE
Je ne sent plus mon corps.
JACK
Rose, écoutes-moi. Ecoutes. Gagner ce billet a été la meilleure chose qui ne me soit jamais arrivé.
Jack a de la peine à trouver son souffle pour parler.
JACK
Il m’a amené vers toi. Et je lui en suis reconnaissant, Rose. Je lui suis reconnaissant.
Sa voix tremble à cause du froid qui fait son chemin jusqu’à son cœur. Mais ses yeux sont inébranlables.
JACK
Tu dois me faire cet honneur... promets-moi que tu vas survivre... que tu n’abandonneras jamais... d’aucune façon ... même si cela parait désespéré... promets-moi maintenant, et ne trahie jamais cette promesse.
ROSE
Je le promets.
JACK
Tu n’abandonneras jamais
ROSE
Je promets. J’abandonnerais jamais, Jack j’abandonnerais jamais.
Elle saisit sa main et ils se trouvent tête contre tête. C’est tranquille maintenant, à l’exception du bruit de l’eau.
289 EXT. LE CANOTS DE SAUVETAGE / OCÉAN - NUIT
Le Cinquième Officier Lowe, le jeune Gallois impétueux, a regroupé les canots 10, 12 et le Pliant D avec son propre canot le 14. Avec une énergie de démon, il a dirigé chacun des canots pour les mettre ensemble et transfère les passagers du 14 dans les autres. Il vide son bateau pour une tentative de sauvetage.
Comme les femmes franchissent précautionneusement les canots, Lowe en voit une, emmitouflée dans un châle, trop rapide. Il arrache le châle, et découvre le visage d’un homme. Il pousse le passager clandestin dans un autre canot et se tourne vers son équipage.
LOWE
Allez, les gars à vos avirons.
290 EXT. L’OCÉAN / CANOT 14
Le faisceau d’une torche électrique joue à travers l’eau comme un projecteur sur le canot 14. La torche éclaire des débris flottant, une piste poignante d’épave : un violon, le soldat en bois d’un enfant, une photo encadrée d’une famille de l’entrepont. La camera en bois de Daniel Marvin.
Alors, leurs gilets de sauvetage blancs ballottés dans l’obscurité comme des repères, les premiers corps entrent dans le faisceau de la torche. Les gens sont morts, pas noyés, mais tués par l’eau gelée. Quelques-uns paraissent dormir. D’autres ont les yeux gelés levés vers les étoiles. Bientôt les corps sont si nombreux que les marins ne peuvent plus ramer. Ils heurtent les têtes des naufragés avec les avirons... . Un marin vomit. Lowe voit une mère qui flotte avec, dans de ses bras gelés, son bébé sans vie.
LOWE
(le pire moment de sa vie)
Nous avons attendu trop longtemps.
291 EXT. L’OCÉAN
Jack et Rose flottent dans l’eau noire. Les étoiles se reflètent à la surface de l’eau, et tous les deux paraissent flotter dans l’espace interstellaire. Ils sont absolument immobiles. Leurs mains sont liés ensemble. Rose regarde les étoiles qui brillent au-dessus d’elle. Elle se sent en paix. Le visage de Rose est pâle, comme le visage d’un mort. Elle paraît flotter dans le vide. Rose est dans un état semi-hallucinatoire. Elle sait qu’elle est en train de mourir. Ses lèvres bougent à peine quand elle chante un petit morceau de la chanson de Jack :
ROSE
"Viens Joséphine dans ma machine qui vole... "
Rose voit les étoiles comme vous ne les avez jamais vus. La voie lactée, une bande glorieuse de l’horizon à l’horizon. Une étoile filante flamboie... une ligne de lumière à travers les cieux. Ses cheveux sont parsemés de cristaux de gel. Sa respiration est si peu profonde, elle est presque immobile. Ses yeux regardent les étoiles qui se reflètent dans l’eau, et puis la silhouette d’un canot qui traverse les étoiles. Elle voit des hommes qui rament lentement soulevant l’eau et laissant des perles légères flottées dans l’air. Les voix des hommes sont lentes et déformées. Lowe balaye la surface de l’eau avec sa torche vers elle et la lumière flamboie sur l’eau. Le bateau est à 50 pieds d’elle, les hommes regardent de l’autre côté. Rose lève la tête et se tourne vers Jack. Ses cheveux sont gelés au bois sous elle.
ROSE
(à peine audible)
Jack.
Elle touche son épaule avec sa main libre. Il ne répond pas. Elle tourne son visage vers lui doucement. Son visage est gelé.
Il paraît dormir paisiblement. Mais il n’est pas endormi.
Rose peut seulement fixer ses yeux sur le visage immobile, alors elle réalise…
ROSE
Oh, Jack.
Tout l’espoir, la volonté et l’esprit la quitte. Elle regarde le bateau. Il est plus loin maintenant, les voix sont plus faibles. Rose les regardent s’en aller.
Elle ferme les yeux. Elle est si faible, il lui semble qu’il n’y a plus aucune raison de s’obstiner. Et alors... ses yeux s’ouvrent. Soudain, elle relève la tête et fait craquer la glace, elle arrache ses cheveux collés aux bois. Elle appelle, mais sa voix est si faible, ils ne l’entendent pas. Le bateau est invisible maintenant, la lumière de la torche est une étoile incroyablement lointaine. Elle lutte pour reprendre son souffle et appeler encore.
292 DANS LE BATEAU
Lowe n’entend rien derrière lui. Il montre quelque chose devant et fait tourner le canot.
293 ROSE
Lutte pour se déplacer. Sa main, est gelée à celle de Jack. Elle souffle dessus, faisant fondre la glace, et doucement détache leurs mains.
ROSE
J’abandonnerais jamais Jack . Je te promets.
Elle le libère et il coule dans l’eau noire. Il paraît s’effacer comme un esprit retournant à quelque chose d’immatérielle.
Rose plonge dans l’eau couverte de glace. Elle nage vers l’officier Wilde et lui prend son sifflet. Elle commence à siffler avec toute la force de son corps. Le son résonne sur l’eau immobile.
294 DANS BATEAU 14
Lowe entend le son du sifflet derrière lui.
LOWE
Ramez en arrière !Par là ! Tirez !
Rose continue à siffler comme le bateau vient à elle. Elle siffle encore quand Lowe lui enlève le sifflet de la bouche et la tire dans le bateau. Elle glisse dans l’inconscience, il la recouvre avec des couvertures...
295 INT. IMAGING CABANE / KELDYSH
ROSE AGEE
Quinze cent personnes sont tombés dans l’océan quand le Titanic a coulé sous nos pieds. Il y avait vingt canots qui flottaient tout près et un seul est revenu. Un. Six personnes ont été sauvés de l’eau, moi inclus. Six sur quinze cent.
Les visages de Lizzy, Lovett, Bodine, Buell, les autres... rencontrent la réalité de ce qui s’est passé ici, 84 ans plus tôt, Ils sont frappés comme jamais auparavant. Avec son histoire, Rose les a mis sur le Titanic en ses dernières heures, et pour la première fois, ils ne se sentent pas comme des pilleurs. Lovett, a même oublié de se renseigner sur le diamant.
ROSE AGEE
Ensuite, les sept cents autres dans les canots n’avaient plus rien à faire, mais attendre... attendre de mourir, attendre de vivre, attendre une absolution qui ne viendrait jamais.
296 EXT. LES CANOTS DE SAUVETAGE / AVANT L’AUBE
Ismay est en transe, le regard fixe et tremblant... Cal, buvant dans une gourde, offerte par un chauffeur au visage noirçi... Ruth qui l’étreint, se balançant doucement.
Dans le canot 14 Rose est allongée emmitouflée. Seul son visage est visible, blanc comme la lune. L’homme à côté d’elle saute en l’air, pointant et hurlant. Bientôt tout le monde regarde et crie de manière enthousiasmée. Pour Rose tout est silencieux et ralenti.
Lowe allume un bâton de détresse et l’agite alors que tout le monde crie et se réjouit. Rose ne réagit pas. Elle flotte au-delà de toute émotion humaine.
298 EXT. LES CANOTS DE SAUVETAGE / AUBE
La lumière dorée passe sur les canots blancs dans une mer calme qui renvoie le ciel rose. Autour d’eux, comme une flottille de voiliers, les icebergs sont là. Le CARPATHIA se trouve tout près, les canots en ligne se dirige vers lui.
299 EXT. LE CANOTS DE SAUVETAGE / OCÉAN / CARPATHIA
La coque d’un bateau apparaît, avec les lettres CARPATHIA visible sur la proue... Rose regarde, balancé par la mer, son visage est sans expression... des marins aident les survivants en haut l’échelle de corde aux portes du passage du Carpathia... deux femmes pleurent et s’étreignent l’une l’autre à l’intérieur du bateau... Tout est silencieux, au ralenti. Il y a seulement de la musique, douce et triste, la chanson endolorie d’un amour perdu à jamais.
Rose, est en dehors du temps, en dehors d’elle-même, elle entre dans le Carpathia, à peine capable de se tenir debout... Rose est drapée dans des couvertures chaudes, on lui donne du thé chaud ... Bruce Ismay grimpe à bord. Il a le visage et les yeux d’une âme condamnée.
Comme Ismay marche le long du couloir, guidé par un marin vers la cabine du docteur, il passe des rangées où sont assises des veuves. Il est forcé de subir leurs regards accusateurs.
300 EXT. PONT / CARPATHIA - JOUR
L’après-midi du 15. Cal dévisage les veuves qui se trouvent sur le pont, il cherche Rose. Le pont du Carpathia est entassé de gens qui se blottissent, il y a même les canots de sauvetage retrouvés du Titanic. Sur une écoutille se trouve un énorme tas de gilets de sauvetage .
Il continue à marcher du côté de la poupe. Un steward s’approche.
LE STEWARD DU CARPATHIA
Vous ne trouverez aucun de vos gens ici, Monsieur. Ici, ce sont les 3ème classes
Cal l’ignore et va parmi le groupe de gens et regarde, sous les châles et les couvertures, les visages aussi morne les uns que les autres. Rose avale une gorgée de thé chaud. Ses yeux se fixent sur lui quand il approche. Il la reconnaît à peine. Elle ressemble à une réfugiée, ses cheveux emmêlés lui pendent devant les yeux.
ROSE
Oui, je suis en vie. Comme c’est gênant pour vous.
CAL
Rose... votre mère et moi nous vous avons cherchés..
Elle lève sa main et l’arrête.
ROSE
S’il vous plaît, taisez-vous. Ecoutez, nous allons faire un marché, puisque c’est quelque chose que vous comprenez. A partir de cet instant vous n’existez plus pour moi, ni moi pour vous. Vous ne me reverrez plus jamais d’ailleurs. Et vous n’entreprendrez pas de me retrouver. En retour, je garderai le silence. Vos actions de la nuit dernière n’ont pas besoin de se savoir, et vous conserverez l’honneur que vous avez acheté avec soin.
Elle le fixe avec un regard froid et dur comme la glace qui a changé leurs vies.
ROSE
Est-ce que c’est clair ?
CAL
(après un long silence)
Qu’est-ce que je dis à votre mère ?
ROSE
Dites-lui que sa fille est morte avec le Titanic.
Elle se lève et se tourne vers la rampe. Le renvoyant. Nous voyons Cal blessé par l’émotion.
CAL
Vous êtes précieuse pour moi, Rose.
ROSE
Les bijoux sont précieux. Adieu, M. Hockley.
c’est la seule manière qu’il connaisse, pour lui dire qu’il l’aime vraiment. Après un moment, il se tourne et part.
ROSE AGEE(V.O.)
C’est la dernière fois que je l’ai vu. Il s’est marié, bien sûr, et a hérité de millions. Le crack de 28 lui à tout fait perdre, et il sait mis un pistolet dans la bouche cette année là. Ses enfants, se sont battus comme des hyènes, pour les restes de sa propriété. Je l’ai lu.
301 ROSE
A la rampe du Carpathia, 21h le 18 avril. Elle regarde fixement la Statue de la Liberté qui regarde de la même manière qu’elle le fait aujourd’hui, souhaitant la bienvenue à la maison avec sa torche éclatante. C’est comme cela que Fabrizio l’a vu, si clairement, dans son esprit.
302 CARPATHIA PLUS TARD
A la Jetée 54. Plus de 30 000 personnes sont sur le dock et remplissent les rues environnantes. Les flashs des photographes, comme des petites bombes, éclairent un étonnant tableau.
Plusieurs centaine de policier retiennent la foule en arrière. Le dock est remplis d’amis, de parents, de fonctionnaires, d’ambulances, et la presse. Les journalistes et photographes grouillent partout... , c’est l’équivalant d’un cirque médiatique de 1912. Ils se bousculent pour se tenir près des survivants et crient de l’un à l’autre comme ils passent pour leur poser des questions. Rose est couverte d’un châle et marche avec un groupe de passagers de l’entrepont. Les officiers de l’immigration leur posent des questions à leur descente de la passerelle du bateau..
L’OFFICIER D’IMMIGRATION
Votre nom ?
ROSE
Dawson. Rose Dawson.
L’officier la dirige vers un bâtiment. Rose marche avec les immigrés abasourdis . Le boom ! des flashs des photographes les effraient, et les éclats les aveugles. Soudain, Il y a un trouble, près d’eux, deux hommes jaillissent à travers le cordon et courent pour embrasser une vieille femme survivante qui crie de joie. Les journalistes convergent sur cette scène émouvante, et les flashs explosent. Rose profite de ce moment pour passer dans la foule. Elle se fraie un chemin à travers les gens qui la bousculent. Elle marche avec détermination, et personne ne l’arrête, dans la confusion.
ROSE AGEE(V.O.)
Est-ce que vous pouvez échanger une vie pour une autre ? Une chenille devient un papillon. Si un insecte inattentif peut le faire, pourquoi ne le pourrais-je pas ? Est-ce que c’était plus inimaginable que le naufrage du Titanic ?
Elle part, plus loin et plus loin jusqu’à ce qu’elle laisse les flashs et les rugissements loin derrière elle, et elle marche, déterminée.
303 INT. IMAGING CABANE / KELDYSH
Rose s’assied avec le groupe dans la cabine vidéo, allumée par l’incandescence bleue des écrans. Elle tient le peigne à cheveux, avec le papillon de jade sur le manche, dans ses mains noueuses.
BODINE
Nous n’avons jamais rien trouvé sur Jack. Il n’y a aucun dossier qui parle de lui .
ROSE AGEE
Non, il n’y en a pas. Et je n’ai jamais parlé de lui jusqu’à aujourd’hui.
(à Lizzy)
Pas même à ton grand-père. Le cœur d’une femme est un océan de secrets. Mais maintenant vous savez qu’il y avait un dénommé Jack Dawson, et qu’il m’a sauvée, de toute les façons qu’une personne peut être sauvée.
(ferme les yeux)
Je n’ai pas une photo de lui . Il n’existe que dans ma mémoire maintenant.
305 EXT. LE FOND DE L’OCEAN / ACCIDENT TITANESQUE
Les submersibles Mir font leur dernier passage au-dessus du bateau. Nous entendons Yuri le pilote sur l’UQC :
YURI
Mir One retourne à la surface.
Le sous-marin est hissé sur le pont, laissant encore une fois le Titanic dans son obscurité privée.
306 EXT. KELDYSH DECK
Une fête décousue est en cours. Il y a de la musique et quelques membres de l’équipage Russe dansent. Bodine arrive ivre, dans le style du boulanger Joughin. Lovett se trouve a la rampe et regarde dans l’eau noire. Lizzy vient vers lui et lui offre une bière. Elle pose la main sur son bras.
LIZZY
Je suis désolé.
LOVETT
Nous étions tellement pressés que nous sommes passés à côté du plus important.
Lovett remarque une forme qui se déplace à travers les lumières vers l’arrière du bateau.
LOVETT
Oh ! Merde.
307 EXT. LE KELDYSH / PONT ARRIERE
Rose traverse les ombres de la machinerie du pont. Sa chemise de nuit s’envole dans le vent. Ses pieds sont nus. Ses mains sont jointes sur sa poitrine, presque comme si elle priait.
LOVETT ET LIZZY courent à l’escalier du pont. Rose atteint la rampe arrière. Ses doigts noueux enveloppent la rampe. Ses pieds sur le plat-bord. Elle monte et s’appuie en avant. L’eau noire brille en dessous . Lovett et Lizzy courent derrière elle.
LIZZY
Grand-mère, attends ! ! Ne fait pas…
Rose tourne la tête, et les regarde. Elle se tourne encore plus, et ils voient qu’elle a quelque chose dans sa main, quelque chose qu’elle allait laisser tomber à la mer. C’est le "Cœur de l’Océan ". Lovett voit son graal sacré dans la main, il en écarquille les yeux. Rose se tiens sur la rampe où elle peut le faire tomber à tout moment.
ROSE
Ne venez pas plus près.
LOVETT
Vous l’avez eu tout le temps ? !
FLASCHBACK rose marche le long de la Jetée 54. Les flashs des photographes sont derrière elle. Elle a les mains dans ses poches. Elle s’arrête et sent quelque chose, et tire le collier. Elle le regarde étonnée.
RETOUR SUR LE KELDYSH, Rose sourit de l’incompréhension de Brock.
ROSE
Le plus difficile quand on est si pauvre, c’est d’être si riche. Mais chaque fois je pensais le vendre, je pensais à Cal. Et d’une façon ou d’une autre je me suis toujours débrouillée sans son aide. Elle le tient au-dessus de l’eau. Bodine et deux autres types montent derrière Lovett et réagissent à ce qui est dans la main de Rose.
BODINE
Bordel de merde.
LOVETT
Ne le laissez pas tomber Rose.
BODINE
Empêchez-la.
LOVETT
(à Bodine)
C’est le sien, ta gueule.
(à elle)
Ecoutez, Rose, je... Je ne sais pas quoi dire à une femme qui essaie de sauter du Titanic quand il ne coule pas, et qui y retourne quand il coule... nous ne traitons pas de logique ici, je sais que... mais s’il vous plaît... réfléchissez une seconde.
ROSE
J’ai réfléchit. J’ai fait le chemin jusqu’ici pour qu’il retourne là où il devrait être.
Le diamant massif brille. Brock s’approche en tendant la main...
LOVETT
Laissez-moi juste le tenir dans ma main, Rose. S’il vous plaît. Juste une fois.
Il se rapproche encore. Cela rappelle Jack s’approchant doucement d’elle à la poupe du Titanic.
Etonnamment, elle place tranquillement le diamant dans la paume de sa main, en tenant encore le collier. Lovett regarde fixement l’objet de sa quête. Une infinité d’éclats froids brillent dans ses profondeurs bleues. Il hypnotise. Il va parfaitement dans sa main comme il l’a imaginé.
LOVETT
Mon Dieu.
Sa main serre le diamant.
Il lève les yeux et rencontre son regard. Ses yeux sont infiniment sages et profonds soudainement.
ROSE
Vous cherchez des trésors à la mauvaise place, M. Lovett. Seule la vie est inestimable : faire que chaque jour compte.
Ses doigts se relâchent. Il les ouvre lentement. Doucement elle glisse le diamant hors de sa main. Il le sent glisser loin.
Alors, Rose lance le collier par dessus la rampe avec un sourire de petit diable. Lovett pousse un cri étranglé et se précipite à la rampe juste à temps pour le voir frapper l’eau et disparaître à jamais.
BODINE
Aww ! ! C’est vraiment le pied, m’dame !
Brock Lovett passent par plusieurs états avant qu’il ne se mette à rire. Il rit jusqu’à ce que les larmes lui viennent aux yeux. Alors il se tourne vers Lizzy.
LOVETT
Est-ce que vous aimeriez danser ?
Lizzy lui sourit et accepte. Rose sourit. Elle regarde les étoiles.
308 DANS LE COEUR NOIR DE L’OCÉAN
Le diamant coule et scintille, dans les profondeurs de l’infinie.
309 INT. L CABINE DE ROSE / KELDYSH
Sur l’étagère de Rose des photos sont rangées avec soin :
Rose comme une jeune actrice en Californie, rayonnante... une publicité de presse... Rose et son mari, avec leurs deux enfants... Rose avec son fils à la remise des diplômes au collège... Rose avec ses enfants et petit-fils à son 70e anniversaire. Une galerie de photos d’une vie bien vécue.
Sur une photo, Rose, vers 1920. Elle est à la plage et est assise sur un cheval dans l’écume des vagues. La jetée de Santa-Monica, avec ses montagnes russes derrière elle. Elle a un large sourire, plein de vie.
La dernière image, Rose elle-même, bien au chaud dans sa couchette.. Elle est immobile. Elle pourrait dormir, ou peut-être autre chose.
OBSCURITE
310
Le pont du Titanic apparaît comme un fantôme hors du noir. Il est allumé par un genre de clair de lune, une lumière de l’esprit. L’image passe le pont du gaillard de la superstructure et se déplace vite... presque comme si nous volions.
Le son d’une valse distante est entendue. La rouille disparaît des murs du couloir sombre et il est transformé. Nous émergeons sur le grand escalier, allumé par un lustre brillant. La musique est vibrante maintenant, et la pièce est remplie d’hommes en cravate et queues de pie, de femmes en robes de soirées. C’est extrêmement beau.
En bas de l’escalier, une foule de beaux gentlemen et de belles dames se retournent . Au fond un homme est debout de dos ... il se retourne, c’est Jack. Il sourit et tend la main .
Rose va dans ses bras, une fille de 17ans. Les passagers, officiers et équipage du RMS Titanic sourient et applaudissent dans le silence absolu de l’abîme.
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